« Demain, on rase gratis » écrivait le barbier sur la devanture de sa boutique, et c'est le cas de ce pays confronté depuis bientôt un trimestre à une accumulation sans précédent de surenchères électorales promettant des merveilles de lunes, des planètes et des paradis à un peuple désabusé, éreinté et pratiquement au bord du gouffre. Ceci s'ajoute à toutes les destructurations des mécanismes de production opérées par la Révolution, puis à trois ans de « vacances » à bien des niveaux, le tout arrosé par l'émergence du terrorisme matériel et spirituel et la montée vertigineuse de la revendication sociale. Pourtant les acteurs qui ont encore quelque lucidité savent très bien que la « pompe » cardio-vasculaire de ce pays et de son Etat affaibli et traumatisé ne répond plus ou presque. L'argent est le nerf de la guerre, disait bien Richelieu, ministre français, mais c'est aussi le véhicule de la prospérité de l'investissement et du développement en général. On ne fait pas un barrage, une usine, un port, un aéroport ou une autoroute, en chantant du matin au soir les refrains des cigales étourdies, mais en mobilisant les capitaux publics et privés, l'investissement et en engageant le développement régional et national à un rythme ascendant et soutenu. Pour cela, le pays a besoin de calme et de concentration au sens « sportif » du terme, je dirai même de décontraction et non de turbulences en cascade et de contractions ininterrompues. Les dernières grèves des transports montrent à quel point le personnel politique et aussi syndical se trompe de priorités. Les campagnes électorales et tous ces « ténors » asilés d'Europe, de Londres et, d'ailleurs, qui promettent monts et merveilles à toutes les catégories fragilisées de la population, qui ne savent plus où donner de la tête et qui réellement croire, ont mis la barre des revendications et des aspirations, tellement haut, qu'aucun gouvernement, fut-il celui de Mme Angela Merkel, du président chinois, ou du Premier ministre japonais, ne pourrait y faire face et redresser la situation d'un pays en voie d'implosion économique et financière. Ceux qui se présentent comme les « Beys des arabes » (« Bey El Aârab ») à l'image de Ali Ben Ghdahom, en 1864) et joue les Jean Valjean « présidents » des pauvres et des déshérités, peuvent-ils nous dire où vont-ils trouver l'argent et les ressources financières pour nous permettre de « raser gratis » chaque matin ! Ce dont nous sommes sûrs et c'est qu'une fois la campagne terminée. Les « candidats présidents », auréolés de tout ce tapage médiatique reviendront à leurs « empires » pour continuer paisiblement leurs débats sur Abou Houraïra et Ibn Khafaja en bonne compagnie, dans des studios très confortables outre-mer et laisser ce pays et son peuple à son destin ou comme le dit le proverbe arabe (Ahl El Bla... fil Bla !). Alors, la laitière tunisienne de M. Lafontaine, à Sidi Bouzid, à Kasserine et au « tiers-monde » de l'Ouest tunisien, n'aura qu'à constater et compter les dégâts, et surtout se réveiller avec des rêves amputés, partis en fumée. Tunisiennes... Tunisiens, ayez les pieds sur terre et dites-vous bien que le futur gouvernement et le futur président de ce pays n'auront pas la tâche facile, et ne pourront pas faire les miracles promis par les « troubadours » de la politique politicienne et surtout ceux qui n'ont aucune prise réelle sur la réalité des finances et de l'économie de ce pays en ce moment bien précis. Le temps des « magiciens » a vécu ! qu'ils repartent là où ils sont mieux à même de diffuser leurs fantasmes et « raconter » leurs histoires imaginaires. La politique c'est l'art du possible, du travail laborieux et de la discipline. A chacun sa vocation ! Les « chansonniers » de Roland seront mieux au théâtre ! Tiens, il y en a un tout prêt de Carthage... mais construit par les Romains-bâtisseurs et non par des « troubadours » ! K.G