Le cours du baril de pétrole a chuté hier vers 13h25 sous le seuil des 70 dollars, soit 65,62 dollars par baril. Une baisse brutale qui survient suite à la décision de l'OPEP de maintenir sa production. Face à l'abondance de l'offre boostée par la production de gaz de schiste aux Etats-Unis, les prix de l'or noir poursuivent leur tendance baissière. Les Etats-Unis sont passés d'une production moyenne de 5 millions de barils par jour en 2008 à près de 8,4 mbj au cours des huit premiers de l'année en cours, pour devenir les premiers producteurs mondiaux de pétrole , succédant à l'Arabie Saoudite. Certains analystes tablent sur la poursuite de cette descente aux enfers des prix pour atteindre la barre de 50 dollars. C'est dire que les cours pourraient culbuter de 50% en une année, passant de 110 dollars à 50 dollars. A qui profitera cette onde de choc de prix pétrolier ? Les pays Européens ont accueillis cette nouvelle comme une bouffée d'oxygène pour l'économie de la zone euro. Qu'en est-il des pays importateurs dont la Tunisie ? Logiquement, la Tunisie devrait se réjouir de cette baisse qui permettra d'alléger la facture énergétique et de contenir un tant soit peu le déficit alarmant de la balance commerciale. La chute libre des cours de l'or noir devrait également se répercuter sur les prix à la pompe. Rappelons, que le système d'ajustement des prix des hydrocarbures est libellé en Tunisie à l'évolution des cours internationaux au cours d'une période bien déterminée. La baisse continue des cours devra être accompagnée par un ajustement à la baisse des prix à la pompe. La loi de finances 2015 table sur un cours de baril entre 95 et 100 dollars. Du fait et au dessous du seuil de 70 dollars, le gouvernement tunisien serait contraint de rabaisser les prix nationaux. La France a déjà procédé le week-end dernier à l'ajustement à la baisse des prix à la pompe tout en annonçant la hausse des factures de l'électricité et du Gaz. En Tunisie, le ministre sortant de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, Kamel Bennaceur, prévoit une seule augmentation, d'un maximum de 7%, du prix de l'électricité et du gaz au cours de l'année 2015, au moment où les consommateurs souffrent le martyr et déplorent sans cesse la hausse des factures de la STEG, des factures de plus en plus salées et la cherté des prix à la pompe. Paradoxalement, le ministre n'a pas parlé d'une éventuelle baisse des prix à la pompe en 2015 à l'heure où les analystes et observateurs internationaux parlent d'une persistance à la baisse des cours internationaux. Le déficit de la caisse de compensation est souvent présenté comme alibi pour justifier la nécessité d'ajuster les prix à la hausse. Le projet de la loi de finances 2015 table sur un portefeuille de compensation au titre de l'électricité et du gaz aux alentours de 1.829 MDT. L'organisation de défense du consommateur a mis en garde hier contre les retombées de toute décision d'augmenter les prix des produits de base, des hydrocarbures, de l'électricité, du gaz et de l'eau ou de lever la subvention. « La révision à la hausse prévue des prix devra prendre en considération la détérioration du pouvoir d'achat et le taux d'inflation, outre la baisse des prix de l'énergie et la stabilité relative des prix des produits alimentaires au niveau mondial et l'amélioration de 5,8% du rendement de la fiscalité des finances publiques pour l'exercice 2015 », ajoute l'ODC qui appelle à une accalmie et au gel des prix des produits de base en 2015 de manière à préserver le pouvoir d'achat du consommateur tunisien. Reste à savoir si les prévisions du ministre sortant de l'Industrie sont justifiables et si le nouveau gouvernement précédera à la hausse des prix à la pompe ou à la hausse des factures d'électricité et du gaz dans un environnement socio-politique un peu trop tendu.