C'est sous les auspices du Laboratoire de recherches sur les études maghrébines, francophones et comparées que se déroule à Tunis du 17 au 19 décembre un important congrès universitaire. Le thème de ce troisième congrès du genre porte sur "la critique de la critique maghrébine". Les trois journées auront lieu dans des espaces différents. Ce seront successivement la Faculté des lettres de Manouba, la Bibliothèque nationale puis l'Ecole normale supérieure qui abriteront les travaux. De nombreux invités de marque, pour l'essentiel algériens, marocains et français, rejoindront leurs collègues tunisiens dans le cadre de ce congrès. La dimension internationale des travaux est confirmée par la présence de Khalil Khalsi (Université de Montréal), Zakaria Fathi (Université du Maryland) et Constantin Makris (Université de Seoul). L'ouverture du congrès prendra la forme d'une série de quatre conférences ayant trait à la description de l'état des lieux en matière de critique maghrébine. Ce sont Mohamed Mahjoub, Sami Ben Ameur et Habib Ben Salha qui interviendront côté tunisien. Pour sa part, Marc Gontard (Université de Rennes) apportera un éclairage complémentaire dans cette tentative de bilan. Invité essentiel, Marc Gontard sera présent parmi d'autres grands spécialistes de la littérature maghrébine, à l'image de Charles Bonn. Citons aussi parmi les participants les plus en vue Adel Habassi, Abbès Ben Mahjouba, Patrick Voisin, Jean Fontaine et Kamel Gaha. Selon une démarche originale, plusieurs des invités du congrès auront à écouter leur propre éloge et devront ensuite prononcer des contrepoints. C'est ainsi que Bessam Aloui rendra hommage à Marc Gontard, Ali Abassi à Charles Bonn, Hannène Harrazi Ksontini à Jean Fontaine et Issam Marchaoui à Kamel Gaha. Cette méthode de dialogue entre les chercheurs devrait porter ses fruits, d'autant plus qu'elle permettra de confronter des générations différentes de critiques. Contrepoints et hiatus Les travaux du congrès seront structurés en cinq séquences respectivement intitulées Mouvances, Lectures ouvertes, Perspectives, Mémoires d'un parcours et Lectures de l'ailleurs. Une table ronde réunissant plusieurs écrivains tunisiens clôturera les travaux sous l'intitulé "La table des écrivains". En filigrane des travaux, une question est appelée à se reposer. Elle concerne la vitalité de la critique et le hiatus qui existe entre critiques universitaires et scène culturelle. Cette problématique devrait être envisagée dans la communication de Khalil Khalsi qui s'intitule " La critique maghrébine peut-elle se réinventer?" Enjeu de taille car le champ critique semble être confiné dans une zone grise, difficilement accessible et par moments quasiment ésotérique. Aux chercheurs présents de démêler l'écheveau intertextuel et donner une nouvelle impulsion à un secteur qui en a bien besoin.