La météo est de moins en moins un mensonge, au quotidien. Depuis déjà quatre jours, on savait que le ciel était menaçant. Et la veille de l'Aïd, nous titrions en première page : « Le ciel trouble-fête ? ». Oui, ponctuelle, la pluie a encore inondé le Grand Tunis et ses banlieues. Trois matches ont, donc, été interrompus. Or, si la Fédération entend invoquer les caprices du ciel pour se laver la conscience (au propre comme au figuré) d'une programmation pour le moins irréfléchie, M. Sioud et ses « collaborateurs » ne pourront guère nous convaincre qu'une journée de championnat qui se joue en un deuxième jour de l'Aïd, ce n'est pas une grossière hérésie. On bouscule les gens, donc. On bouscule les ménages et les familles. On bouscule les clubs, les préparateurs, les joueurs – robotisés en fin de compte – pour que le calendrier n'accuse pas de retard ! Pour une fois, ce n'est pas Roger Lemerre qui est derrière cette programmation. Il peut très bien être intraitable sur bien des sujets, mais il respecte « religieusement » les us et coutumes, les rites et les fêtes du pays dans lequel il vit. Et d'ailleurs, il est lui-même pénalisé : ce n'est qu'aujourd'hui, que les internationaux, ayant joué hier, rejoindront leurs compères (ceux qui évoluent à l'étranger), lesquels sont à sa disposition depuis lundi dernier. Hier, partout dans le monde, c'était une journée FIFA. Bien des équipes nationales ont livré des matches ce week-end et joueront encore mercredi prochain. Donc, partout, en Europe, en Afrique, en Amérique du Sud, il y a une trêve de quinze jours et, partout, les championnats se sont régulièrement déroulés le week-end dernier. Sauf chez nous. Et pourquoi ? Parce que l'Etoile et le Club Sfaxien jouaient les demi-finales africaines ? Et alors ! Il n'y aurait eu qu'un seul report : justement le face-à-face « CSS-ESS » ; personne n'y aurait trouvé à redire. Les gens auraient calmement fêté leur Aïd, et la pluie aurait submergé le Grand Tunis (de plus en plus dans l'indifférence puisque nous y sommes habitués) et il n'y aurait pas eu trois matches d'interrompus ! Voyez, donc, le gâchis ! En fait, avec l'actuel bureau fédéral, du moins avec ce bureau chapeauté par M. Sioud, nous renouons avec ces approches de dilettantes dans la gestion des affaires du football. M. Sioud a toujours eu à cœur de cultiver une espèce d'exclusivité ; un style frappé d'un sceau ou d'un cachet propres. Il avait déjà annoncé de grandes nouveautés dans son programme : mettre Lemerre sous pression (un peu entre le chaud et le froid) ; contenter tout le monde et n'en satisfaire personne ; remodeler l'architecture fédérale...etc. C'est son droit. Ses prérogatives le lui permettent. Mais, lui, qui voit tout, qui prévoit tout, n'avait pas annoncé dans sa campagne électorale que le championnat se déroulerait en une journée FIFA : (haro sur la mondialisation) ; en une journée d'Aïd (hérésie, donc) ; par une après-midi où il a plu des cordes... Morale : il ne faut, donc, jamais regarder le ciel d'en haut.