Le plus grand défi à relever pour le premier gouvernement de la deuxième république ne se limite pas seulement au choix des hommes qui le compose. Tant il est vrai que ces derniers doivent être sélectés parmi les plus compétents pour faire face à la situation complexe du pays à l'échelle politique, économique sociale et sécuritaire. Mais le véritable challenge est de savoir comment ce futur gouvernement va-t-il s'y prendre pour affronter les urgences économiques, sociales et financières et leur trouver les solutions appropriées. La cherté de la vie, les salaires relativement bas par rapport au prix pratiqué dans les marchés et les magasins et qui sont en constante hausse. Nous avons posé la question à quelques citoyens pour savoir ce qu'ils proposent pour dompter ces prix exorbitants, notamment ceux de la viande (mouton, bœuf, volaille), les légumes (piments, tomates, les fruits les prix laitiers, l'huile....). D'autre part, nous les avons interrogés sur la solution à trouver concernant les salaires, la caisse de compensation, les grèves... Voilà ce qu'ils en pensent. Ayoub Nacer : (commerçant) ‘'Je pense qu'il est temps de juguler cette hausse des prix. Les dirigeants doivent se mobiliser pour stopper cette flambée infernale. Il faut commencer tout d'abord par l'augmentation des salaires car le pouvoir d'achat du citoyen tunisien est sérieusement altéré. Il faut geler les prix immédiatement avant cela ne tourne mal ! Le défi du nouveau gouvernement est de réagir de manière efficace contre cette forte augmentation des prix des produits alimentaires. Sa réussite passe essentiellement par la mise en place d'un projet immédiat de lutte contre cette hausse excessive des prix. Le ministère des finances, le ministère de l'intérieur, l'organisation de défense du consommateur (ODC) sont appelés à intervenir, faute de quoi la situation risque d'empirer !'' Majida Smiri (femme au foyer) « Il est indéniable que le pays connaît sa plus grande crise économique ! Jamais la Tunisie n'a connu une telle hausse des prix. Le pire c'est que cette flambée touche tous les produits ou presque ! Maintenant, il est indispensable que les institutions de l'Etat interviennent. Le gouvernement prochain est dans l'obligation de réguler les prix et le plus vite possible. Sinon, c'est son ‘'avenir'' qui sera mis en jeu. Maintes sont les solutions auxquelles le futur gouvernement aurait recours : augmentation des salaires et gel des prix dans les marchés, instaurer un plan de lutte contre le commerce parallèle, une campagne de sensibilisation ayant pour principales cibles : les consommateurs et les vendeurs. Il faudrait mettre fin également à la corruption, elle est à l'origine de tous nos maux. » Majd Krimi : (20 ans) Etudiant « Nous sommes tous concernés par cette augmentation des prix. Les étudiants en sont les premières victimes. Ces prix exagérés altèrent notre budget. Les produits les plus élémentaires sont de plus en plus inabordables. Le kilo d'oignon se vend à 1 dinar 500, l'huile est quasi introuvable dans les marchés, la viande, alors là, n'en parlons pas ! J'espère que le prochain gouvernement prendra des décisions fermes par rapport à ce fléau. Un dialogue national autour de ce sujet serait peut-être utile. Les activistes de la société civile et surtout l'organisation de défense du consommateur doivent prendre les choses en mains et manifester contre cette machine malsaine. » Sami Tahri (porte-parole du bureau exécutif de l'UGTT) « La solution s'inscrit dans un ensemble de programmes, dans une politique générale, dans une conception économique très large. Tous les défis qui vont se poser au nouveau gouvernement sont étroitement liés aux questions des salaires, de la lutte contre la contrebande, contre la spéculation et bien entendu contre le marché parallèle. Nous sommes à l'heure actuelle en discussion avec la commission économique au sein de Nida Tounès pour des échanges de points de vue sur la meilleure manière de relever les défis de tout genre principalement sur le plan économique, social et sécuritaire. » Khelifa Tenoukti :(Ancien responsable au ministère du commerce) « La situation est actuellement très compliquée, pas de production, trop de laxisme, peu de contrôle des lois et des règlements ! Le contrôle est très difficile notamment sur le circuit du marché parallèle. Il n'est plus possible de réguler convenablement le marché parce qu'on n'a pas l'information fiable et les données justes sur ce marché. D'autre part, ce qui manque à la base c'est une politique et une conception économiques susceptibles de clarifier la situation devant les acteurs politiques et les dirigeants. La solution réside aussi dans la consultation des divers représentants professionnels. »