Le vernissage de l'exposition de l'artiste plastique Majed Zalila a eu lieu samedi 10 janvier à la Galerie Kalysté, à la Soukra. Un public nombreux est venu visiter l'exposition et découvrir les nouvelles créations de ce jeune artiste aux œuvres hétéroclites à la fois intrigantes et humoristiques. C'est la première impression éprouvée par un visiteur, qu'il soit connaisseur ou néophyte, mais il suffit de s'attarder devant chaque toile pour en scruter les véritables tendances de l'artiste et ses intentions implicites. 50 travaux récents aux sujets libres et variés sont exposés et offrent aux visiteurs l'opportunité de rencontrer l'artiste, de discuter avec lui pour élucider certains mystères dont s'enveloppent ses œuvres. En effet, l'artiste semble adopter une approche qui aborde à la fois peinture et caricature, tant qu'on retrouve dans la quasi-totalité des travaux exposés cette expression ironique, comique, voire amusante. Côté sujets, tous les éléments laissent entrevoir les différentes dimensions que peuvent prendre les œuvres de Zalila, à savoir, le social, le politique, l'homme, les événements, les lieux mais aussi les animaux et les objets. Certes, la lecture de ces tableaux requiert de la part du visiteur une certaine connaissance des techniques picturales et suppose aussi, lors de l'interprétation des œuvres, le recours aux différentes figures de style utilisées généralement pour expliquer et comprendre un texte écrit ou une image. C'est qu'on ne saurait saisir ou sentir l'œuvre de Zalila sans recourir à la métaphore, la comparaison, l'allégorie, ou encore la satire et la parodie. En effet, tant d'écarts sont employés ici par rapport aux normes, aux règles et aux pratiques picturales. Sa peinture représente souvent une idée, un personnage ou une réalité de manière symbolique, métaphorique, satirique ou parodique. Zalila s'est donc décidément éloigné des sentiers battus pour faire de ses œuvres fantaisistes un style personnel et une méthode originale. Cependant, ce n'est pas de la pure caricature, loin s'en faut, mais on peut lire ses tableaux à travers un prisme caricatural. En outre, on peut assimiler certaines œuvres de Zalila à celles du peintre français Forain, dans la mesure où ses créations rassemblent le sérieux et l'humour et montrent une certaine sensibilité à l'égard des personnages du peuple, de leur milieu, de leurs soucis quotidiens et des événements de tous les jours, écartant toute similitude avec d'autres formes ou expressions habituelles. Quelles que soient les œuvres de Zalila, des dessins ou des peintures, réalisés à l'encre de Chine , aux pastels ou à l'huile, elles ont toujours tendance à intriguer le visiteur tout en le séduisant, de par leur originalité, la démarche plastique de l'artiste et sa sensibilité. Dans cette exposition, l'artiste nous présente des tableaux de différents formats où sont utilisées différentes techniques et une variété de formes et de couleurs vives et claires. On y trouve des techniques mixtes sur emballage, comme dans « La ville », « Fragile », « Vache laitière » ; des techniques mixtes sur bois découpé comme dans « Tarbouch », « Rouge à lèvres », « Poil de carottes » ; de l'encre de Chine comme dans « Moustachu » et « Fumeur de pipe ». On y trouve également des tableaux à base de dessin sur aluminium comme dans « Le Parisien », « Chakhtoura » et « L'inspecteur »... Les touches, les lignes et les détails, souvent disproportionnés, emphatiques et extravagants, révèlent un certain état d'âme chez le Tunisien, et peut-être chez l'artiste lui-même, qui est mêlé d'une sorte de joie et d'amertume, vu les circonstances exceptionnelles par lesquelles les Tunisiens sont passés durant les quatre dernières années ! Une exposition à voir absolument !