Décidément, on n'est pas sorti de l'auberge ! Après le triplé de Nida Tounès, Bardo-Kasbah-Carthage, avec comme pilote à bord, M.Béji Caïd Essebsi, homme d'Etat expérimenté et rassembleur, voilà qu'on revient à la case départ avec un gouvernement très contesté par la classe politique. Il faut, peut-être, penser que M. Habib Essid, l'heureux prétendant, y est pour quelque chose et aura tout fait pour se mettre dans ces beaux draps. Le petit marathon des contacts engagés pour former son gouvernement, avait laissé entendre que la plupart des partis politiques crédibles avec une représentation respectable à l'Assemblée des représentants du peuple, serait plus ou moins associés à des degrés divers au gouvernement. On croyait même qu'il voulait par l'intensité des rencontres avec les leaders de ces partis, chercher à résoudre une équation très spécifique au paysage politique actuel, à savoir concilier les extrêmes à savoir le centre (Nida Tounès) avec les outsiders (Ennahdha) et pourquoi pas la gauche plurielle. Autre fait « accompli », Afek Tounès donnait l'impression d'être dans cette équation comme l'allié privilégié du Nida, puisqu'il a joué franc jeu dès le départ et soutenu Béji Caïd Essebsi comme « leur » propre candidat, ce que ni Ennahdha ni la Jebha de M. Hamma Hammami n'ont fait. On attendait, par conséquent, avec une grande curiosité, un coup de génie de M. Essid et sa capacité de trouver la sortie heureuse d'une solution qui arrangerait le maximum de partenaires et décevrait le minimum de prétendants aux portefeuilles ministériels qui seraient insatisfaits. Or, le menu-recette du Premier ministre a réussi la totale : Doucher les trois quarts de la classe politique, en laissant sur le bas-côté, Ennahdha, Al Jebha et même l'allié honnête et loyal, Afek Tounès ! Le message était on ne peut plus clair, les « politiques » doivent se mettre à la « formation professionnelle » technocratique ! D'où les réactions amères et les intentions bien affirmées de ces formations de ne pas voter la confiance et l'investiture au gouvernement Essid, ce qui annonce bien des perturbations à l'horizon. Alors, sommes-nous à la veille de pratiquer ce que les Français ont vécu au temps de la 4ème République ! Nous verrons bien d'ici peu. En tout cas, ce serait dramatique, alors que les Tunisiens ont soif et faim de stabilité après une transition de quatre années d'incertitudes et de dérives économiques, sécuritaires, écologiques et de dégradations de l'autorité de l'Etat, sans compter les grèves et les mouvements sociaux qui ont engendré la perte de centaines de milliers d'heures de travail et des dizaines de milliards, partis en fumée. Le pays est fatigué par la politique politicienne ! Il est éreinté par la décomposition de la culture du travail, de l'effort et de la production sans parler de la finition qui fait partie des reliques du Musée du Bardo. Alors, messieurs-dames, soyez responsables, car le pays n'en peut plus. Toute la classe politique risque un rejet éthique et moral de la part du peuple qui ne se reconnaît plus en elle. La « manipulation » a atteint les degrés de l'intolérable. Il faut revenir à la clarté et à la transparence et dire à un chat... qu'il est un chat ! Le flou n'arrange rien et encore moins la ruse ! Mon Dieu, faisons apprendre à nos enfants l'adage de Mouaâwiya, l'Empereur Omeyade : « La ruse... c'est de ne pas faire de ruses » (Al Hila fi tark El Hiyal) ! Au moins, eux, sauront respecter et se faire respecter ! Mon Dieu, quel gâchis... Et dire qu'on croyait enfin, voir le bout du tunnel ! K.G