L'artisanat ne peut s'en passer du tourisme. La situation se corserait au cas où le tourisme ne retrouve pas sa vitesse de croisière. Le mieux c'est que cette activité renoue avec la croissance pour aider cette activité artisanale à sortir de son marasme. En cette période difficile, plusieurs artisans déplorent la situation dans laquelle se trouve le secteur de l'artisanat qui emploie actuellement plus de 350 000 artisans dont 142 000 inscrits à l'office national de l'artisanat et fort de 523 entreprises exportatrices qui contribuent à hauteur de 2% de l'ensemble des exportations tunisiennes. Depuis plusieurs années déjà, le secteur est confronté à de nombreux problèmes à la suite de la baisse des flux touristiques. Les produits artisanaux souffrent de mévente. Aujourd'hui, force est de constater que le secteur de l'artisanat est en pleine crise. Il souffre en effet de son manque d'organisation. Aucune définition juridique claire n'a été mise en place pour encadrer la profession, entraînant un phénomène de dégradation des conditions sociales des artisans, qui s'aggrave année après année. Ce secteur possède un système de formation et de promotion qui reste limité. Il souffre également de la concurrence. Les artisans jusqu'à présent faisaient le dos rond, mais là, ils n'en peuvent plus. La crise est bien implantée. Au mois de février, on disait qu'en mars, cela irait mieux, mais ce n'est pas le cas. Les artisans souffrent de plus en plus. Leur chiffre d'affaires se réduit, les carnets de commandes se remplissent au compte-gouttes. A Nabeul et à Hammamet, les boutiques sont désertes. Peu de touristes fréquentent les souks de l'artisanat. Les commerçants notent que depuis quatre mois, les ventes ont baissé. Importation illégale des produits asiatiques La baisse d'activité est déjà quantifiable dans la poterie, la céramique, le textile, les nattes et le cuir où on constate une importante baisse des commandes « Pas de touristes et donc pas de ventes. Avec la crise, la situation est devenue alarmante et il ne nous reste qu'à croiser les bras», nous dit Hédi qui attend encore l'arrivée des touristes dans sa boutique. « Nous travaillons avec les Tunisiens et nous essayons de faire face à cette crise qui a secoué tout le secteur faute de touristes. Une situation si critique que nous peinons à payer notre personnel. Chaque hiver, nous sommes préparés à une baisse de la clientèle. Mais cet hiver, ce n'est pas une baisse que nous notons, c'est une énorme baisse », dit Nabil. Un autre artisan déplore l'importation illégale des produits asiatiques qui ont largement affecté son gagne-pain quotidien. « Ces produits continuent à être commercialisés sur nos marchés», déclare-t-il » je n'arrive pas ajoute t-il à comprendre comment le ministère du Commerce se plaît à tolérer ce genre d'importations qui affectent gravement toute l'économie nationale. Car, outre la perte en devises, ce phénomène est de nature à augmenter le nombre des chômeurs du secteur. Face aux marchandises chinoises peu chères qui envahissent Les boutiques d'artisanat, l'activité a de plus en plus de mal à faire face à la concurrence chinoise. Mme Salma Elloumi-Rekik, ministre du Tourisme et de l'artisanat s'est penchée sur ce secteur en difficulté en se rendant récemment au siège de l'office National de l'Artisanat où elle a pris connaissance de la situation de ce secteur qui a réintégré le Ministère du tourisme suite à la nouvelle composition gouvernementale. Ce secteur souffre de la gouvernance, de l'approvisionnement en matières premières, de l'absence d'une vision stratégique et du phénomène des produits importés et de la contrefaçon. Le tourisme et l'artisanat sont deux secteurs qui vont ensemble et qu'il est opportun a précisé la ministre d'élaborer un plan d'action cohérent et ambitieux qui garantit la valorisation et la promotion du secteur et qui privilégie l'émergence de synergies entre toutes les structures du Ministère afin d'assurer le rayonnement de cette activité au double plan national et mondial. La ministre du tourisme a également insisté sur la nécessité de travailler sur la qualité et la créativité du secteur d'autant plus que la Tunisie dispose d'un riche patrimoine qui constitue une grande source d'inspiration pour les artisans tunisiens. L'organisation, la formation et les mécanismes d'appui et de financement constituent également des chantiers non moins importants pour la pérennité et la croissance de ce secteur.