Au cours d'une séance de travail tenue en présence de Mme Salma Elloumi-Rekik Ministre du tourisme et de l'artisanat et les membres du conseil exécutif de la fédération tunisienne de l'hôtellerie, les professionnels du tourisme ont essayé de discuter des problématiques et des difficultés de leur profession et des mesures à mettre en place pour sauver le secteur. Le défi est de booster un secteur en difficulté et de concentrer les efforts sur les réformes nécessaires à la restructuration du tourisme tunisien qui a trop longtemps souffert des crises conjoncturelles et structurelles. Ce rendez-vous entre la ministre et les membres du Bureau exécutif de la FTH témoigne de la disposition de la nouvelle ministre du Tourisme et de l'Artisanat à impliquer les professionnels du secteur dans la prise de décision. Ce rendez-vous a été aussi un moment de réflexion sur la situation du secteur et, partant, celle de la profession à un moment où l'activité touristique gère un contexte particulièrement difficile. Le tourisme, un secteur clé de l'économie tunisienne, avait déjà du mal à se redresser après le printemps arabe et ne cesse de payer une lourde facture notamment après les derniers événements qu'a connus la Tunisie. Les hôteliers ont, pour l'essentiel, rappelé les problèmes ou les doléances qu'ils n'ont cessé d'évoquer depuis des années. M Radhouane Ben Salah Président de la FTH a donné un éclairage sur les principales préoccupations des professionnels du secteur. Tout d'abord, le projet d'ouverture du ciel tunisien à la concurrence très attendu par les professionnels du tourisme afin de sortir le secteur de sa morosité, mais le gouvernement temporise, prétextant des raisons économiquement incohérentes. L'Open sky comme l'ont signalé les hôteliers permettra au secteur du tourisme de se défaire de sa crise, et, d'autre part, de créer une bulle d'air pour les usagers du transport aérien tunisien. Les négociations avec l'Union Européenne avancent mais aucune date précise n'a été fixée pour l'ouverture. Chose qui freine l'afflux des touristes surtout pour certains marchés mal desservis par l'aérien. Côté produits, la monoculture balnéaire et estivale plafonne. La Tunisie s'est concentrée depuis les années 60, exclusivement sur le développement des sites balnéaires. Cette stratégie de croissance a abouti à une surcapacité d'offre peu diversifiée qui rend les hôtels très dépendants des tour-opérateurs internationaux et favorise ainsi le bradage des prix qui a été évoqué par le Président de la FTH. C'est une pratique néfaste pour notre tourisme. Alors que certains professionnels fustigent le bradage et appellent à l'établissement de prix plancher, d'autres considèrent que bradage ou pas, le plus important est de faire venir le client à n'importe quel prix à la veille du ramadan. Mais ceci peut se répercuter négativement sur les prestations hôtelières et c'est le cercle vicieux : petit prix, mauvais service, réclamations. La qualité est un label et une garantie qui incarne des éléments de sécurisation du client. Cette qualité touche les prestations offertes au touriste depuis sa descente de l'avion jusqu'à l'hôtel notamment l'accueil, le transport, la nourriture, l'animation. C'est qui fait que la qualité, constitue, aujourd'hui le meilleur argument pour la fidélisation de nos touristes. Le secteur se heurte à une médiocre qualité à tous les niveaux : hygiène, sécurité alimentaire, restauration, hébergement, accueil, information, communication, animation, retards (service client, excursions), la non maîtrise des langues, le manque de qualification du personnel...Bref, absence de professionnalisation des métiers de l'hôtellerie tunisienne. Tous ces non conformités génèrent des coûts de non qualité visibles et cachés excessifs, des départs et pertes de clientèle. Et là il faut revoir la classification de nos unités qui n'obéissent plus aux normes exigées par l'administration. Assurer la pérennité du secteur La faiblesse du budget de promotion touristique entrave la commercialisation de la destination. Les compagnies aériennes, les restaurants, les ports de plaisance etc... doivent contribuer au financement des opérations promotionnelles. Certains hôteliers ont revendiqué une part de 50% des recettes générées par la taxe de séjour pour la promotion de l'offre touristique ainsi que la participation de tout autre operateur tirant profit de l'activité touristique et de se redéployer davantage vers la communication digitale. Les hôteliers ont suggéré la création d'une cellule de veille et de suivi particulièrement pour les marchés en baisse tels que la Russie et la France. Reste le problème de l''endettement qui pèse péniblement depuis plus de 20 ans sur le secteur. Les hôteliers veulent entamer une série de mesures qui vont de la sensibilisation aux concertations et discussions avec les autorités compétentes. La ministre du Tourisme Selma Elloumi a précisé que la priorité doit être portée à la relance du tourisme et à l'émergence des meilleures conditions de stabilité et de sécurité. Elle a à cet effet rappelé la volonté du gouvernement actuel de soutenir le développement du secteur et d'accroitre sa visibilité alors que le paysage touristique mondial est marqué par un rude contexte concurrentiel et l'émergence de nouvelles tendances auxquelles il faut apporter les réponses les plus adaptées. Pour les dossiers d'ordre structurel, la Ministre a souligné la nécessité de s'inscrire dans une dynamique de concertation et de construction en vue d'engager des réformes à même d'asseoir les conditions de pérennité du tourisme tunisien. A ce titre elle a précisé que le secteur est appelé à rattraper des retards enregistrés notamment au niveau de la maitrise des nouvelles technologies de l'information, de la diversification de l'offre, de la formation professionnelle et de la qualité des services. Mettant en relief l'importance de l'ouverture du ciel pour le développement du secteur la Ministre a indiqué que ce dossier, comme c'est le cas pour d'autres questions dont la pression fiscale que subit le tourisme feront l'objet de séances de travail avec les Département Ministériels concernés. A la fin de cette rencontre, les présents ont convenu de tracer un plan d'action efficace pour booster le secteur et le restructurer sur des bases solides.