Le monde va-t-il plus mal que du temps où les milices nazies brûlaient le « Reichstag » en 1933, pour installer un Etat fasciste ! Plus loin dans le temps beaucoup de conquérants associaient la barbarie à leurs faits d'armes et sont célébrés jusqu'à nos jours comme de grands empereurs qui ont marqué leurs époques. Faut-il se souvenir de Tamerlan ou Timour Lenk, qui a aussi brûlé Bagdad ou de Charles Quint qui est entré à cheval à la mosquée de la Zitouna, et souiller ses manuscrits de très grande valeur ! Oui et non ! Oui, parce que l'humanité après tous ses siècles de construction « civilisationnelle » est censé avoir laissé derrière elle et à jamais les images de destruction du patrimoine de l'humanité de Mossoul qui remonte à plus de cinq siècles avant J.C par ces hordes daéchéennes innommables. Non... parce que les gènes animales de l'homme combinent la violence du « sur-être » avec sa volonté d'étendre sa volonté et sa domination sur les autres et sur le monde. La symbolique de la destruction des statues assyriennes et ses recliques doit signifier au monde dit « civilisé et libre » que la barbarie se propose de régenter à nouveau le monde. Pour cela toutes les armes et toutes les opportunités de propagande sont licites pour ses auteurs. Entre temps, l'Occident au lieu de rassembler les forces anti-barbares même dans une étape de nécessité de sauvegarde de l'essentiel des conquêtes libérales de l'humanité, continue à s'acharner sur le président syrien Hafedh Al Assad comme il l'a fait auparavant pour Kadhafi et Saddam Hussein. Alors, une simple question : l'Irak est-il aujourd'hui, plus « secure » comme disent les Anglais et plus « civilisé » que du temps du dictateur Saddam Hussein et la Libye qui est sur le point de devenir un Emirat daéchien, est-elle plus prospère et plus viable, que du temps du « Kaïed » ! Je ferme la parenthèse car aucune logique au niveau de la stratégie à court et moyen terme ne justifie cette « croisade » contre la Syrie totalement démembrée et livrée à la vendetta des milices extrémistes en tout genre, sous le couvert de dégommer un « dictateur » fut-il Bachar Al Assad ! Qui sait, arrivera le jour et pas très lointain, où l'implosion des valeurs occidentales elles-mêmes, se fera du fait de la déliquescence et de la passivité manifeste à l'égard de la transhumance idéologique de « Daëch » et son « nouveau modèle » pour l'humanité des déclassés sociaux et économiques et pas seulement, celle du monde arabe et musulman. Or, il faut bien admettre et comprendre une fois pour toute que la seule alternative en plus de la lutte sécuritaire et armée pour combattre ce fléau mondial, c'est le retour à la consolidation des valeurs de la modernisation « spécifique » et plurielle qui permet la sauvegarde de ce que les diplomates appellent la « coexistence pacifique » des Nations et des cultures. La Tunisie saluée partout comme le modèle du genre qui a évité de justesse une guerre civile « religieuse » de type irakien, syrien et maintenant libyen, mériterait de meilleurs soutiens de la part du monde occidental. Bien mieux un programme d'aide massive et pas seulement de « satisfécits » et de « tableaux d'honneur », pourrait lui donner une chance de dire à la jeunesse du monde qui doute et qui se fait recruter par « Daëch » par milliers : « Regardez la Tunisie, c'est un pays arabe et musulman, fier de son identité culturelle islamique, mais qui est l'ami de tous et surtout de l'Occident chrétien et laïque ». Une aide conséquente en volume, appuyée par des investissements d'envergure, peut faire de la Tunisie un « repère » de la « modernité spécifique » qui réussit. Mais, laissez ce pays à son sort, se débattre comme il le fait dans la pauvreté, la colère et la rébellion des régions et des jeunes déclassés, n'annonce rien de bon. Car, les moyens endogènes du pays ne permettent pas devant l'accumulation et l'urgence des exigences à la Tunisie de faire face à la montée du terrorisme, qui se nourrit essentiellement de l'indigence et de la précarité. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi va bientôt visiter la France, les Etats-Unis et les Emirats Arabes. C'est certainement un bon signe, prometteur, mais nos amis et nos frères doivent comprendre que la Tunisie est aussi un très bon « investissement » surtout comme destination, démocratique apaisée identitairement et viable économiquement. Le tout c'est le coup de pouce dans ce moment difficile, le temps de voir Carthage rebondir et se suffire à elle-même ! Ma génération a vécu une époque similaire à l'aube de l'indépendance et la Tunisie n'a pas été abandonnée par ses amis américains et européens d'où ses réussites antérieures. De Willy Brandt, à Georges Pompidou, à John Kennedy... jusqu'à Bettino Craxi, la Tunisie a été soutenue activement par l'Occident. Alors.... Bon voyage Monsieur le Président... Et bonne chance. Pourvu qu'on vous écoute! K.G