Dans le cadre de la Justice transitionnelle, et des réformes qui s'imposent afin d'avoir une structure judiciaire conforme aux normes internationales et aux principes des droits et libertés, il est nécessaire de revoir le système pénitentiaire en vue de l'humanisation des prisons et de leur aménagement conformément à une politique carcérale de réinsertion, dans le cadre de la protection des droits des justiciables. C'est autour de ce thème qu'une conférence sur la réforme du système pénitentiaire a été donné hier, sous l'égide de la Direction générale et au cours de laquelle, a été présenté le plan opérationnel quinquennal 2015-2019, suivant lequel des réformes seront entreprises dans les institutions pénitentiaires, que ce soit , concernant l'infrastructure des prisons ou la politique carcérale vis-vis des détenus, pour lesquels la prison ne doit pas être un lieu de supplice et il faut de ce fait, qu'ils trouvent les moyens et l'infrastructure nécessaire pour leur réinsertion dans la société. Sabeur Khfifi, directeur général des prisons a dans son allocution d'ouverture, mis en exergue l'importance d'entreprendre les réformes nécessaires afin de décongestionner les prisons et de les humaniser, car ce sont les deux points essentiels qu'il est nécessaire de prendre en con idération. «Il n'est pas question de construire de nouvelles prison qui seront prêtes à recevoir des délinquants, mais d'améliorer les conditions de vie dans les prisons existantes ». Mohamed Salah Ben Aissa, qui avait visité dernièrement certaines prisons, a été scandalisé par les conditions lamentables dans lesquelles se trouvent les détenus, entassés les uns sur les autres dans une chambrée surpeuplée, outre l'infrastructure qui laissent à désirer. Le directeur général Sabeur Khfifi, a précisé, à juste titre « qu'aucune réforme ne pourrait être concrétisée sans une volonté d'une sérieuse réforme de la politique carcérale ». Celle-ci implique d'entreprendre une réforme de certains articles aussi bien du code pénal que de la procédure pénale. Cela permet de réviser certains délits et d'abroger certains autres qui datent depuis l'ère beylicale. Il en va de même en ce qui concerne le code de procédure pénale, en vue de revoir le principe de la présomption d'innocence Cela aiderait à moins peupler les prisons pour des délits minimes ou pour des accusations qui ne sont établies que par de simples présomptions et non par des preuves tangibles. Cela va dans les sens des garanties d'un procès équitable consacrées par la Constitution. Evidemment la prison ne doit pas être une sinécure, cela dit, et quel que soit le délit commis par un détenu, il est nécessaire qu'il soit traité comme un être humain, tant sur le plan psychologique que physique. Veiller à sa santé est une condition sine qua none dont le directeur du centre pénitentiaire doit tenir compte, et ce par l'organisation d'une visite générale à l'entrée et un suivi notamment pour ceux qui souffrent de maladies chroniques. Tout un programme a été élaboré dans le cadre de la réforme pénitentiaire, visant à améliorer l'infrastructure sanitaire au sein des prisons, selon les normes internationales. Cela concerne même les grévistes de la faim qui sont pris en charge et traités afin de prévenir les accidents cardio-vasculaires ou rénaux dont ils peuvent faire l'objet à la suite d'une grève sauvage. Un protocole a été signé en ce sens entre la ministère de la Justice, le ministère de la santé d'un côté et le Comité international de la croix rouge (CICR) et dans lesquelles les parties s'engagent à apporter les moyens nécessaires de soins et de suivi au gréviste de la faim afin d'éviter la pire. C'est donc toute une infrastructure à élaborer, en collaboration avec toutes les institutions de l'Etat, afin de prendre en main le délinquant, ce qui contribue à éviter la montée de la délinquance. Les causes de celle-ci sont multiples, mais il n'en reste pas moins qu'il faut prendre en main le délinquant dès sa première nuit en prison, et chercher à lui faire oublier une faute qu'il regrette et lui redonner confiance en lui-même, au cours de son incarcération, afin d'éviter que la prison soit le centre d'apprentissage de la délinquance lorsque le détenu est livré à lui-même et de surcroit maltraité. Enfermer pour redresser, est , comme l'affirme Michel foucault « un vieil héritage des cachots du moyen âge ». La politique de réforme, carcérale doit être dans le sens de la réinsertion, ce qui demande une volonté commune et une action de la part de toutes les institutions de l'Etat. C'est seulement par cette politique que l'humanisation des prisons est réalisable, et c'est le but visé par la réforme pénitentiaire en question.