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Faut-il accepter un rabotage des libertés en échange de la sécurité ?
Publié dans Le Temps le 28 - 03 - 2015

L'attaque meurtrière contre le musée du Bardo montre clairement que l'on assiste à une urbanisation du terrorisme. Jusqu'ici, les groupes extrémistes armés agissaient essentiellement dans les reliefs montagneux des régions de Kasserine, et à un degré moindre du Kef et de Jendouba.
La brigade Okba Ibn Nafaâ affiliée à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), qui a mené cette attaque selon le ministère de l'Intérieur, semble également avoir changé le fusil d'épaule.
Cette «katiba» composée d'une centaine de combattants dirigée par l'insaisissable émir algérien Loqman Abou Sakhr, qui ne s'en prenait jusqu'ici qu'aux policiers et aux militaires, s'attaque désormais aux touristes étrangers, et par conséquent au tourisme et à l'économie du pays.
Dans le même temps, les Tunisiens représentent le plus gros contingent de combattants sanguinaires de la nébuleuse terroriste l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL/Daesh), avec quelque 3000 jeunes hommes. Ils sont au moins 500 à être revenus au pays, selon le ministère de l'Intérieur qui affirme aussi avoir empêché le départ d'au moins 9.000 autres volontaires vers la Syrie !
Et last but not least, la branche libyenne de l'Etat islamique compterait dans ses rangs «plusieurs centaines», notamment d'anciens partisans de l'organisation djihadiste d'Ansar al-­Charia, sur un total estimé à 1500 combattants, selon des sources sécuritaires.
C'est dire que la Tunisie fait actuellement face depuis trois ans à une menace polymorphe et grandissante qui incite citoyens ordinaires, politiciens, syndicalistes de la police et intellectuels à plaider pour une restriction des droits et des libertés en échange d'une sécurité accrue. Sur les plateaux télévisés et les colonnes des journaux, le sempiternel débat entre la liberté et la sécurité renaît.
Le ministre de l'Education, Néji Jalloul, a ainsi affirmé sur le plateau d'une télévision privée, que « les terroristes ne reconnaissent pas les droits de l'homme, c'est pour cette raison que nous ne devons pas leur reconnaître de droits». Les éditorialistes s'acharnent aussi à qui mieux mieux contre «les défenseurs des droits de l'homme, endimanchés et installés confortablement dans leur tour d'ivoire galactique».
Causes profondes
Des milliers d'internautes ont, par ailleurs, lancé une vaste campagne pour interdire le port du voile intégral (Niqab). Plus radicaux, d'autres sont allés jusqu'à appeler à l'interdiction de tous les signes de religiosité, dont le port du «qamis» et les barbes fournis !
La lutte contre le terrorisme justifie-t-elle pourtant un rabotage des libertés et des probables violations des droits humains ?
«En durcissant son arsenal antiterroriste, la Tunisie risque de retomber dans le tout sécuritaire qui caractérisait le régime de Ben Ali, d'autant que l'opinion pourrait s'accommoder d'un rabotage des libertés en échange d'une sécurité accrue », avoue Jamil Sayah, président de l'Observatoire tunisien de la sécurité globale.
Selon lui, «il appartient au gouvernement de doser sa riposte au plus juste et à la société civile d'exercer son pouvoir de vigilance».
La directrice du bureau de Human Rights Watch en Tunisie, Emna Guellali, estime, quant à elle, que le recours à des lois ou des pratiques liberticides en matière de lutte contre le terrorisme risque d'apporter de l'eau au moulin des groupes extrémistes armés.
« Les abus et les violences gratuites sont au contraire le terreau dans lequel le terrorisme peut croître, parce qu'il se nourrit de ces déviances, de la fabrique des injustices et de l'aveuglement des autorités par rapport à ses causes sociologiques et politiques profondes. Elles peuvent même aggraver le ressentiment qu'éprouve une partie de la jeunesse envers les forces de sécurité considérées comme une force répressive, et aggraver l'aliénation quotidienne dont elle souffre en la jetant dans les bras de groupes extrémistes », souligne-t-elle. Et d'ajouter: « Légitimer les dérives policières, les exceptions aux droits et la mise à l'écart des garanties essentielles, c'est nous livrer tous, le bon grain et l'ivraie, les coupables et les innocents, à l'arbitraire de l'Etat. L'aval donné à des pratiques policières abusives contre ces individus peut devenir une pratique généralisée contre tous».
Le professeur d'histoire contemporaine à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba et spécialiste des mouvements islamistes, Alaya Allani, recommande, pour sa part, une approche globale en matière de lutte contre le terrorisme.
«La lutte contre l'idéologie djihadiste doit passer dans une première étape par le dialogue. J'appelle dans ce cadre à des débats télévisés entre les leaders de la mouvance salafiste djihadiste et des spécialistes des sciences théologiques et humaines visant à mettre en exergue la modération et la tolérance qui caractérisent l'Islam. Ainsi, nous pourrons convaincre de nombreux djihadistes de renoncer à leur idéologie. Par la suite, on pourrait recourir aux solutions sécuritaires et à l'application de la loi pour venir à bout des éléments irréductibles», suggère-t-il.
Auteur de plusieurs ouvrages et études sur le thème des phénomènes politico-religieux dans le monde arabe comme «Les mouvements salafistes au Maghreb», et «Le courant religieux en Tunisie entre confrontation et participation», M. Allani estime, d'autre part, que l'Etat doit s'attaquer rapidement au terreau de l'extrémisme religieux, en l'occurrence le chômage, les manque de prospectives et la précarité sociale dont souffrent les jeunes.


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