Décès de Chawki Gaddes : Un juriste au cœur de la transition dès l'aube de 2011 et un pionnier de la protection des données personnelles    Tunisie Telecom et l'Etoile Sportive du Sahel renouent leur partenariat stratégique autour de la marque "Etoile Mobile"    Météo - Tunisie : averses attendues au nord et au centre    Décès de Peter Rufai l'ancien gardien de but légendaire de l'équipe nationale du Nigeria    Espérance de Tunis : levée officielle de l'interdiction de recrutement    Vente de biens confisqués: Chafik Jarraya condamné à 16 ans de prison    Les auteurs d'un vol de téléphone portable arrêtés grâce à un chauffeur de taxi    Déficit énergétique et inflation : une spirale inquiétante selon Chkoundali    Enactus TBS sacré champion de l'Enactus Tunisia National Exposition pour la 3ème fois et se rendra à Bangkok    La BIAT renforce le développement à l'international des entreprises tunisiennes grâce à une garantie de 50 millions de dollars accordée par la BAD    Entrée gratuite aux musées tunisiens et sites historiques de Tunisie ce dimanche    Italie: plusieurs blessés suite à une grave explosion dans une station service à Rome    Hattab Ben Othman : aucun lien avec les affaires Belaïd et Brahmi, selon son ex-avocate    Décès de Hamadi Hachicha : un grand pionnier des assurances en Tunisie    Le club égyptien Al-Ahly en stage de préparation à Tabarka    PGH détient désormais près de 30% du capital de SAH-Lilas via JM Holding    Tunisie : une application numérique pour déclarer vos devises avant le départ    Enfants à la plage : une proposition de loi sanctionne les parents négligents    Vers un durcissement des peines pour vol : les députés sortent l'arsenal pénal    Postes vacants dans les collèges pilotes: la moyenne de 14/20 refusée comme seuil minimum d'admission    Cérémonie de remise des diplômes 2025 : l'UPES célèbre l'excellence et la diversité    Les portes de l'enfer s'ouvrent au paradis : De l'épître du pardon d'Al- Ma'arrî, de la divine comédie de Dante    Cinq raisons pour lesquelles l'article 24 du décret 54 doit être abrogé    L'Iran rouvre son espace aérien aux vols intérieurs, internationaux et de transit    Vague de chaleur : L'heure à laquelle vous fermez vos volets peut sauver votre été    Dhafer Sghiri dénonce le blocage des travaux parlementaires    BEI : la moitié des PME tunisiennes exporte de façon irrégulière    Californie : un incendie de forêt se propage rapidement dans le comté de San Luis Obispo    Accord conclu entre le ministère de la Santé et les jeunes médecins    Festival de Hammamet : tolérance zéro contre la revente illégale    Le Festival international de Bizerte lève le voile sur les premières têtes d'affiche de sa 42e édition    Festival de Hammamet : tout ce qu'il faut savoir sur l'achat des billets    Séville : La Tunisie propose la conversion de dettes en projets de développement    Où étudier en France en 2025 ? Le top des villes pour les étudiants tunisiens    Météo en Tunisie : cellules orageuses au nord et centre et vent de sirocco au sud    Diogo Jota est mort : choc dans le monde du football    Glissements de terrain à Sidi Bou Saïd : Lancement d'un plan d'urgence    Recevant la Cheffe du gouvernement au Palais de Carthage : Saïed réaffirme l'indépendance totale des décisions tunisiennes    Nucléaire : l'Iran suspend officiellement sa coopération avec l'AIEA    Les Etats-Unis cessent la livraison d'armes à l'Ukraine : Kiev vacille, Moscou à l'affût    Spinoza, Dieu et la nature à l'épreuve du Big Bang: vers une métaphysique cosmique    Tournoi scolaire de football 2025 : l'école primaire Al Mansourah à Kairouan remporte la finale nationale    Décès de Mrad Ben Mahmoud : Un photographe de grand talent nous quitte    Il ne fait rien... et pourtant il est payé : le métier le plus déroutant du monde    Trump tacle Musk sur le montant des subventions qu'il touche    Vient de paraître - Paix en Palestine: Analyse du conflit israélo-palestinien de Mohamed Nafti    Wimbledon : Ons Jabeur contrainte à l'abandon après un malaise sur le court    Wimbledon 2025 : Ons Jabeur face à Viktoriya Tomova au premier tour    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Faut-il accepter un rabotage des libertés en échange de la sécurité ?
Publié dans Le Temps le 28 - 03 - 2015

L'attaque meurtrière contre le musée du Bardo montre clairement que l'on assiste à une urbanisation du terrorisme. Jusqu'ici, les groupes extrémistes armés agissaient essentiellement dans les reliefs montagneux des régions de Kasserine, et à un degré moindre du Kef et de Jendouba.
La brigade Okba Ibn Nafaâ affiliée à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), qui a mené cette attaque selon le ministère de l'Intérieur, semble également avoir changé le fusil d'épaule.
Cette «katiba» composée d'une centaine de combattants dirigée par l'insaisissable émir algérien Loqman Abou Sakhr, qui ne s'en prenait jusqu'ici qu'aux policiers et aux militaires, s'attaque désormais aux touristes étrangers, et par conséquent au tourisme et à l'économie du pays.
Dans le même temps, les Tunisiens représentent le plus gros contingent de combattants sanguinaires de la nébuleuse terroriste l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL/Daesh), avec quelque 3000 jeunes hommes. Ils sont au moins 500 à être revenus au pays, selon le ministère de l'Intérieur qui affirme aussi avoir empêché le départ d'au moins 9.000 autres volontaires vers la Syrie !
Et last but not least, la branche libyenne de l'Etat islamique compterait dans ses rangs «plusieurs centaines», notamment d'anciens partisans de l'organisation djihadiste d'Ansar al-­Charia, sur un total estimé à 1500 combattants, selon des sources sécuritaires.
C'est dire que la Tunisie fait actuellement face depuis trois ans à une menace polymorphe et grandissante qui incite citoyens ordinaires, politiciens, syndicalistes de la police et intellectuels à plaider pour une restriction des droits et des libertés en échange d'une sécurité accrue. Sur les plateaux télévisés et les colonnes des journaux, le sempiternel débat entre la liberté et la sécurité renaît.
Le ministre de l'Education, Néji Jalloul, a ainsi affirmé sur le plateau d'une télévision privée, que « les terroristes ne reconnaissent pas les droits de l'homme, c'est pour cette raison que nous ne devons pas leur reconnaître de droits». Les éditorialistes s'acharnent aussi à qui mieux mieux contre «les défenseurs des droits de l'homme, endimanchés et installés confortablement dans leur tour d'ivoire galactique».
Causes profondes
Des milliers d'internautes ont, par ailleurs, lancé une vaste campagne pour interdire le port du voile intégral (Niqab). Plus radicaux, d'autres sont allés jusqu'à appeler à l'interdiction de tous les signes de religiosité, dont le port du «qamis» et les barbes fournis !
La lutte contre le terrorisme justifie-t-elle pourtant un rabotage des libertés et des probables violations des droits humains ?
«En durcissant son arsenal antiterroriste, la Tunisie risque de retomber dans le tout sécuritaire qui caractérisait le régime de Ben Ali, d'autant que l'opinion pourrait s'accommoder d'un rabotage des libertés en échange d'une sécurité accrue », avoue Jamil Sayah, président de l'Observatoire tunisien de la sécurité globale.
Selon lui, «il appartient au gouvernement de doser sa riposte au plus juste et à la société civile d'exercer son pouvoir de vigilance».
La directrice du bureau de Human Rights Watch en Tunisie, Emna Guellali, estime, quant à elle, que le recours à des lois ou des pratiques liberticides en matière de lutte contre le terrorisme risque d'apporter de l'eau au moulin des groupes extrémistes armés.
« Les abus et les violences gratuites sont au contraire le terreau dans lequel le terrorisme peut croître, parce qu'il se nourrit de ces déviances, de la fabrique des injustices et de l'aveuglement des autorités par rapport à ses causes sociologiques et politiques profondes. Elles peuvent même aggraver le ressentiment qu'éprouve une partie de la jeunesse envers les forces de sécurité considérées comme une force répressive, et aggraver l'aliénation quotidienne dont elle souffre en la jetant dans les bras de groupes extrémistes », souligne-t-elle. Et d'ajouter: « Légitimer les dérives policières, les exceptions aux droits et la mise à l'écart des garanties essentielles, c'est nous livrer tous, le bon grain et l'ivraie, les coupables et les innocents, à l'arbitraire de l'Etat. L'aval donné à des pratiques policières abusives contre ces individus peut devenir une pratique généralisée contre tous».
Le professeur d'histoire contemporaine à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba et spécialiste des mouvements islamistes, Alaya Allani, recommande, pour sa part, une approche globale en matière de lutte contre le terrorisme.
«La lutte contre l'idéologie djihadiste doit passer dans une première étape par le dialogue. J'appelle dans ce cadre à des débats télévisés entre les leaders de la mouvance salafiste djihadiste et des spécialistes des sciences théologiques et humaines visant à mettre en exergue la modération et la tolérance qui caractérisent l'Islam. Ainsi, nous pourrons convaincre de nombreux djihadistes de renoncer à leur idéologie. Par la suite, on pourrait recourir aux solutions sécuritaires et à l'application de la loi pour venir à bout des éléments irréductibles», suggère-t-il.
Auteur de plusieurs ouvrages et études sur le thème des phénomènes politico-religieux dans le monde arabe comme «Les mouvements salafistes au Maghreb», et «Le courant religieux en Tunisie entre confrontation et participation», M. Allani estime, d'autre part, que l'Etat doit s'attaquer rapidement au terreau de l'extrémisme religieux, en l'occurrence le chômage, les manque de prospectives et la précarité sociale dont souffrent les jeunes.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.