Contrairement à l'actualité récente où l'on ne parlait que des tristes événements survenus à la suite d'actes terroristes dans la région du nord-ouest de la Tunisie, la ville de Jendouba et le site archéologique de Bulle Régia ont été le week-end dernier (samedi 18 avril), le théâtre de diverses festivités à l'occasion du coup d'envoi du mois du patrimoine, placé cette année sous le signe « Patrimoine et développement régional durable ». Société civile, autorités locales et régionales ont accueilli dans la joie, cet événement, sous l'œil vigilant des militaires et des agents de la sécurité présents en grand nombre et dont la mission s'avère fort importante dans cette partie sensible du pays, à proximité des frontières avec notre voisin l'Algérie. Une région dotée d'un potentiel historique, naturel et humain des plus riches mais qui a été de tout temps, livrée à elle-même avec un taux de chômage des plus élevés frappant surtout ses jeunes. Amer constat qui incitera probablement nos décideurs actuels d'accorder davantage d'intérêt à des régions longtemps occultées et écartées, sous les anciens régimes, d'un équitable traitement par rapport à d'autres régions de la Tunisie. C'est du moins ce que nous avons pu lire en filigrane, des brèves déclarations de la ministre de la Culture et du patrimoine au cours de ses randonnées dans la région du nord-ouest, à l'occasion du rendez-vous annuel qui fête comme à l'accoutumée, le patrimoine matériel et immatériel. En première étape, la ministre a visité le nouveau compartiment de la bibliothèque régionale de Jendouba puis le Complexe culturel Omar Saïdi qui abrite une série de panneaux, une sorte de panorama des différents aspects du patrimoine et son impact sur le développement régional durable. Mais le clou de l'événement, a été la visite du site archéologique de Bulla Régia qui fut au deuxième siècle avant J-C, selon les historiens, la capitale d'une principauté numide issue du royaume de Massinissa. Et c'est là que l'on retrouve toutes les composantes de la cité romaine antique comme en témoignent les vestiges qui s'étendent sur plusieurs dizaines d'hectares. Selon la déclaration de Mme Lakhdhar, le nord-ouest tunisien longtemps oublié, recèle d'innombrables richesses naturelles et humaines ; la question du patrimoine et du développement régional durable ne relève pas uniquement de son ministère, plutôt des efforts menés de concert avec les ministères du Tourisme et de l'Enseignement supérieur pour relancer des chantiers entamés puis suspendus du fait de la révolution, comme la restauration des maisons de jeunes et de la culture et la construction d'autres nouveaux espaces. De même, la tâche de la mise en valeur du patrimoine, doit obligatoirement être assumée, insiste-t-elle, par les populations locales elles mêmes et les étudiants, d'autant plus que Jendouba représente l'un des pôles universitaires cruciaux du pays. Pourquoi ne pas suivre les traces des villes comme Rome ou Istanbul pour l' image qui séduit les visiteurs du monde entier, s'est interrogée Latifa Lakhdhar ? Pour cela, estime –t- elle, il « faudra rompre avec les atermoiements et les tergiversations et opter pour la bonne volonté de compter sur soi-même, car à Jendouba comme ailleurs dans d'autres régions du pays, les ressources humaines sont abondantes et celles naturelles sont aussi importantes, seule la détermination de s'en sortir peut parfois faire défaut... » Rappelons que le mois du Patrimoine qui s'étale sur un mois, comprend des moments phares, comme l'organisation les 25 et 26 avril à Tataouine, d'un séminaire sur le thème du « patrimoine et son rôle dans le développement ». De même, à Sfax, il sera question d'une conférence le 25 avril, sur « le patrimoine et le développement régional » et d'un forum de la société civile, les 7 et 8 mai, sur le patrimoine également. Le Gouvernorat de Monastir abritera le 02 mai, le Salon des associations actives dans le domaine du patrimoine. Quant à la clôture prévue le 18 mai, elle aura lieu à El Jem avec au programme, des visites aux ateliers de fabrication de mosaïques, au musée et à l'amphithéâtre romain d'El Jem, classé patrimoine mondial de l'UNESCO. Avec notre espoir enfin que le patrimoine dans notre pays ne serait pas uniquement l'affaire d'un mois mais qu'il y aurait un suivi durant toute l'année car il y va de la survie de ces régions où le patrimoine peut booster le secteur économique avec la création d'emplois pour les jeunes.