Dans le cadre de son programme de portes ouvertes pour les journalistes, le ministère de la Défense nationale a organisé, hier, une visite à l'hôpital militaire de Tunis et au Centre d'expertise de médecine aéronautique de l'Aouina. Après nous avoir fait découvrir le travail de terrain des unités de l'Armée, notamment à la zone militaire tampon du sud ou encore à la base navale de Bizerte, les cadres du ministère nous ont fait découvrir le travail de ceux qui veillent à la santé de nos militaires de terrain et à leur performance physique. Reçus par le directeur de l'hôpital militaire et le commandant à l'Armée maritime, Habib Ghoula, nous avons pu faire connaissance avec l'équipe qui assure le centre de simulation au sein dudit hôpital. Docteur Anis Baffour, médecin au sein du centre, a fait les présentations. Mis en place depuis un peu moins de deux années, le centre de simulation vise à améliorer les interventions de sauvetage assurées au cours des opérations armées. Il nous a été expliqué que quand un soldat est blessé par balles, les premiers soins qu'il reçoit lui sont prodigués par ses collègues. C'est pour cette raison que ces derniers doivent être bien formés en matière de sauvetage. Par ailleurs, et comme les médecins de l'Armée sont eux-mêmes présents sur les terrains de combats – sauf qu'ils ne peuvent intervenir alors que le combat est en cours – ils sont confrontés à des situations d'urgence qui requièrent des interventions nettes et précises. « On n'a pas besoin d'un médecin ou d'un infirmier hésitant sur le terrain, nous avons besoin d'un technicien qui sait, immédiatement, quoi faire et comment. C'est pour cela que nous faisons suivre à nos médecins des formations de pratique qui leurs apprennent à agir instantanément sur le terrain. La pire des choses qui puisse vous arriver c'est d'avoir entre vos mains la vie d'un soldat et de la perdre parce que vous avez eu un moment d'hésitation. Aux Etats-Unis d'Amérique, les médecins militaires fonctionnent plus comme des techniciens que comme des médecins proprement dit ; ils appliquent ce qu'ils ont appris sans perdre de temps dans les hypothèses. » Pour docteur Baffour, le plus important c'est donc d'agir. En nous faisant visiter les différents départements du centre de simulation, le lieutenant nous a démontré comment à l'aide de mannequins et de matériaux réels, il faut mettre la personne dans l'ambiance d'une opération réelle et lui montrer comment faire pour sauver la vie d'un soldat. Un autre compartiment du centre s'occupe de former des soldats de terrain afin qu'ils apprennent les techniques des premiers actes de sauvetage en cas de blessure par balles. Interrogé sur la raison qui a fait que les autorités aient attendu plus de deux ans après la Révolution pour mettre en place ce centre, Anis Baffour a expliqué qu'au début des opérations terroristes en Tunisie, on n'avait pas pensé à ce genre de centre puisqu'il n'était pas aussi utile que cela à l'époque « mais nous le constatons tous, les frappes terroristes ont connu une grande hausse et des techniques pareilles sont devenues élémentaires sur le terrain de combat. » Avant de quitter l'hôpital militaire, son directeur nous a assuré que l'hôpital, même si souffrant de surcharge, il offre différentes prestations sanitaires aussi pour les civils que pour les militaires. Au Centre d'expertise de médecine aéronautique de l'Aouina, le colonel Imed Guermezi nous a expliqué que ce centre prend en charge la santé des pilotes en général et qu'il a été mis en place dans ce but. Les pilotes, qu'ils soient de l'Armée ou des civils, sont pris en charge par un centre situé en France jusqu'à ce que ce centre prenne en charge l'affaire. Selon le directeur, ce centre, qui a ouvert ses portes en 1989, fait gagner plusieurs millions de dinars à la Tunisie. Tout le corps navigant est concerné par ce suivi sanitaire : des pilotes, aux techniciens, jusqu'aux équipes commerciales. Ce corps navigant reçoit une visite médicale annuelle quand la tranche d'âge est inférieure à quarante ans, quand elle est supérieure, la visite devient obligatoire tous les six mois. Par ailleurs, le Centre d'expertise de médecine aéronautique de l'Aouina est chargé d'effectuer les analyses médicales nécessaires pour déterminer si les candidats aux fonctions de pilote ou techniciens sont aptes physiquement à naviguer. Composé de différents laboratoires, le centre permet d'effectuer différents check-up qui répondent à diverses conventions internationales dont, entre autres, la convention internationale de Chicago. D'ailleurs, le centre a réussi à obtenir le label de qualité d'accueil Marhaba et devra, dans les deux mois à venir, obtenir la qualification internationale ISO. L'autre nouveauté qui se prépare au sein du Centre d'expertise de médecine aéronautique de l'Aouina est une nouvelle puce qui sera attribuée à tous ceux qui se soumettent aux contrôles médicaux. Une puce électronique qui regroupera tous les détails des dossiers médicaux individuellement. L'Armée nationale effectue une sorte de travail en chaîne ; tous les maillons de cette chaîne sont intimement liés, le tout bien ficelé pour un rendement efficace servant la sécurité nationale.