Devenir aviateur est bien souvent placé au summum des rêves de l'enfance. Une ambition qui découle d'une vive passion pour prendre de l'altitude. L'espoir est tout à fait aussi légitime que réalisable pourvu qu'il soit peaufiné dans ses moindres détails. Et l'Ecole de l'aviation de Borj El Amri n'a été créée que pour encadrer les talents, façonner les profils et faire apprendre à planer dans les airs. Une formation qui tire encore vers le haut. Située à quelque vingt kilomètres de la capitale, sur un vaste terrain abritant toute une plateforme pédagogique et logistique d'envergure, cette école dont le premier noyau avait vu le jour au lendemain de l'indépendance a fait, en 1994, l'objet d'une fusion entre l'académie de l'air de Sfax et l'Ecole de l'aviation civile. Une belle conversion de fond en comble opérée sous les bons auspices du ministère de la Défense nationale et qui vient à point nommé pour satisfaire essentiellement les besoins de l'armée, mais aussi pourvoir à la demande des civils en compétences spécialisées dans l'aéronautique, la météorologie et bien d'autres de haute technicité professionnelle. Ainsi, cette intégration à double vocation constitue -t-elle une première qui a donné l'exemple de coopération, de complémentarité et de conciliation entre les propres intérêts militaires et les autres considérations générales. Outre sa mission de base destinée à former des officiers au poste d'ingénieur, cette école organise également des sessions de formation complémentaire et de recyclage, d'autant plus qu'elle procède au développement des recherches technique et scientifique relevant de son domaine de compétence. Au-delà, elle est la seule référence à grande échelle nationale. Elle l'était de même au niveau continental, du moment où elle accueillait, à une certaine époque jusqu'en 2006, quelque 909 stagiaires de trente nationalités africaines. Le visa au ciel Trois en une, associée en toute synergie et interactivité, l'Ecole de l'aviation de Borj El Amri offre une large palette de filières multidisciplinaires étalée sur un cursus de trois ans versant dans des profils ayant les penchants communs, tel visiter l'immense univers de l'avion. Ainsi, du pilotage à la mécanique, passant par les systèmes d'aviation, météo, circulation aérienne, génie informatique, télémécanique et télécommunications, la formation aboutit à un diplôme d'ingénieur susceptible de donner à son titulaire le visa au ciel. Il en est de même pour les techniciens et les techniciens supérieurs. Ceux-ci auraient la possibilité de se spécialiser dans moult filières ayant particulièrement trait aux techniques de la navigation aérienne, à partir de la maintenance d'avions jusqu'à la prévention des incendies et de sauvetage. Avoir une place de choix dans le cockpit, à bord d'avion, relève d'un parcours de formation assez poussée alternant entre le théorique et la pratique, au cours de laquelle le pilote de ligne, de transport ou celui de chasse doit faire preuve d'endurance, de responsabilité et de professionnalisme. Car, dans l'air, il n'y a jamais droit à l'erreur. Et comme le zéro défaut n'existe pas, de par nature, la prise de risque demeure, ainsi, le propulseur de l'aviateur. Un véritable catalyseur psychique qui l'engage à aller de l'avant, sans recul, ni peur. De ce fait, l'art de piloter exige forcément une prédisposition d'esprit, mais aussi, un savoir- réagir au moment opportun, en temps réel. Cette faculté physico- mentale de gérer l'appareil à haute altitude n'est pas, le moins que l'on puisse dire, laissé au hasard. Elle est plutôt le fruit d'un arsenal d'exercices, de démonstrations et d'entraînements à ciel ouvert. Des centaines d'heures passées dans l'air, d'autres se font à l'aide d'un simulateur de vol pragmatique et très sophistiqué dont le coût est estimé à quelque 650 mille dinars. Si cher ce simulateur ! Si cher, mais ses vertus réelles économiques et expérimentales dépassent largement sa valeur matérielle. Il s'agit, en fait, d'une formation en pilotage virtuelle qui se déroule dans une cabine à tableau de bord comportant tous les outils de contrôle. Faisant semblant d'un avion, ce simulateur initie le futur pilote au vol à vue et aux instruments, lui présentant tous les atouts de la conduite sûre. Il lui reproduit, de surcroît, la réalité des choses (conditions climatiques diverses...) et reconstruit devant ses yeux l'ensemble des effets spéciaux (basses pressions, chocs...), laissant, ainsi, l'élève- pilote vivre les caprices du vol au sol. C'est là une formation exigeante et complémentaire qui ne remplace nullement celle effectuée dans l'air, car elle fait grande partie du métier. Et pour cause, le recours au simulateur permet aux instructeurs de mettre les compétences et les acquis à rude épreuve, se donnant une certaine marge d'interventions pour mieux assister le pilote, le faire vivre dans des conditions de vol effectives et l'orienter au droit chemin. Le simulateur radar n'est pas aussi de moindre importance. Sa portée vise une bonne réception des images satellitaires et une lecture momentanée des données géo- spatiales diffusées. Tout comme dans le ciel, l'utilisation du radar est plus qu'indispensable pour détecter l'environnement tout autour et localiser les positions et les plans de vol. Une mission de portée Sur un terrain étendu, bien aménagé conformément aux normes d'aviation requises, le pilote s'entraîne bien souvent au décollage et à l'atterrissage, deux phases toujours qualifiées de cruciales. Monomoteur ou bimoteur, à chaque appareil ses dessous professionnels. A bord, à plusieurs mètres d'altitude, l'essentiel est de savoir manipuler les instruments de bord et réagir dans les règles de l'art. Le reste des informations météorologiques spécifiques sont préalablement fournies dans la salle des opérations, où les listes des missions accomplies ou programmées sont rigoureusement affichées avant le départ. Derrière le pilote, la tour de contrôle qui lui indique l'état des lieux des aéroports et facilite, pour ainsi dire, la circulation aérienne. En zone d'approche ou régionale, le simulateur tour de contrôle représente la réalité en trois dimensions, avec l'introduction des effets spéciaux possibles. Formation à haute valeur ajoutée généralement dispensée aux ingénieurs et techniciens supérieurs de l'école. Pris en modèle de formation des contrôleurs, les aéroports de TunisCarthage, Tozeur et récemment celui d'Enfidha. Ce dernier s'apprête actuellement à accueillir une quarantaine de bénéficiaires pour y travailler. Pour mener à bien une telle mission de portée, le contrôleur doit apprendre parfaitement l'anglais, langue vivante considérée auprès des forces de l'air comme énergie principale, sans laquelle il n'est pas question de voler. Car, toute autre communication non conventionnée risque de ne trouver aucun écho. C'est dire que les opérateurs de la tour de contrôle se sont, unanimement, mis d'accord sur une phraséologie englobant toutes les expressions linguistiques d'échange et d'intervention. Une manière de communication reconnue par l'Organisation Internationale de l'Aviation Civile (OACI).