Des responsables de la FIFA ont été arrêtés à Zurich pour des affaires de corruption présumée. Ils pourraient être extradés vers les Etats-Unis, où l'enquête a été ouverte. Selon le New York Times, l'enquête porterait sur les 20 dernières années et les charges concerneraient l'attribution de certaines Coupes du monde et des contrats de droits TV Nouvelle affaire en cours pour la FIFA. Hier matin, les autorités suisses ont arrêté plusieurs cadres de l'instance du football mondial, réunis à Zurich pour leur assemblée annuelle. Selon les médias américains, six personnes ont été interpellées dans leur chambre d'hôtel pour leur implication supposée dans une affaire de corruption concernant les procédures d'attributions de droits télévisés et de désignation des pays hôtes pour les Coupes du monde au cours des deux dernières décennies. La justice américaine a confirmé l'interpellation de quatorze personnes au total, dont neuf membres de la FIFA. Les présidents de la Concacaf (Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes) et de la Conmebol (Confédération sud-américaine de football) font partie de cette liste. Les cinq autres personnes citées sont des responsables en marketing sportif. Les 9 membres de la FIFA impliqués Jeffrey Webb Président de la Concacaf Jack Warner Ex-président de la Concacaf Costas Takkas Attaché du président de la Concacaf Nicolas Leoz Ex-président de la Conmebol Eugenio Figueredo Ex-président de la Conmebol Eduardo Li Président de la Fédération du Costa Rica Julio Rocha Président de la Fédération du Nicaragua Rafael Esquivel Président de la Fédération du Vénézuela José Maria Marin Président de la Confédération brésilienne de football Des pots-de-vin et des commissions du début des années 90 à ce jour «L'ordre d'arrestation se fonde sur une demande des autorités américaines, a expliqué l'Office fédéral de la justice suisse dans un communiqué. Le parquet du district Est de New York enquête sur ces personnes qu'il soupçonne d'avoir accepté des pots-de-vin et des commissions du début des années 90 à ce jour. Des représentants des médias et du marketing sportif seraient impliqués dans des versements à de hauts fonctionnaires d'organisations footballistiques en échange de droits médiatiques et de droits marketing et de sponsoring de compétitions organisées aux Etats-Unis et en Amérique du Sud.» Sepp Blatter n'est «pas impliqué» annonce la FIFA Le montant des dessous de table auxquels s'intéresse la justice américaine s'élèverait à plusieurs millions d'euros selon l'OFJ. Les six personnes interpellées mercredi seront entendues dans la journée par les autorités suisses avant d'être extradées aux Etats-Unis, puisque «l'entente relative à ces actes aurait été conclue aux Etats-Unis». Selon la BBC, le procureur général des Etats-Unis et le FBI doivent tenir une conférence de presse dans l'après-midi pour revenir sur l'affaire. La FIFA, elle, veut «clarifier la situation» avant de s'exprimer sur ce dossier.Le directeur de la communication de l'institution, Walter de Gregorio, a néanmoins souligné que le président Sepp Blatter «ne faisait pas partie des cadres arrêtés» et qu'il «n'est pas impliqué dans cette affaire». Le conseil annuel de la FIFA doit aboutir vendredi sur l'élection du président de l'instance. Sepp Blatter est candidat pour un cinquième mandat et sera opposé à son vice-président, le prince de Jordanie Ali bin al-Hussein. * Chuck Blazer, l'informateur Ancien président de la CONCACAF, Chuck Blazer, 70 ans, a contribué à informer le FBI grâce à un micro caché. Uniquement parce qu'il y était obligé, rattrapé par une enquête sur les millions de dollars qu'il avait détournés. N'en faites pas un héros. Si Chuck Blazer, membre du comité exécutif de la FIFA de 1998 à 2013, a apporté sa contribution à l'enquête conduite aux Etats-Unis qui a conduit à l'arrestation de six membres de la FIFA mercredi à Zurich, il ne l'a pas fait par esprit chevaleresque. Les autorités américaines disposaient d'un levier imparable pour obtenir sa coopération : ce New Yorkais barbu et bien portant n'a pas payé d'impots sur les millions de dollars qu'il a détournés pendant 21 ans passés auposte de secrétaire général de la CONCACAF (Confédération d'Amérique centrale, du nord et des Caraïbes). Le 1er novembre,leNew York Daily Newsrévélait dansun article très documentéque le FBI s'était servi de cette découverte pour le retourner.On y découvrait alors les petites et grandes faiblesses de ce candidat idéal pour corrupteurs en herbe, grand amateur de jets et de palaces, à l'image de l'appartement à 5500 euros par mois qu'il louait près de Central Park, payé en partie par les instances du football, afin de loger ses... chats. Toutes les infos sur le scandale de corruption à la FIFAMenacé d'être envoyé en prison par l'IRS, le service des impots américains, Chuck Blazer a accepté de collaborer avec les services du procureur de Brooklyn. Il est devenu agent double à partir de 2011 après avoir été poussé à la démission de son poste à la CONCACAF, non sans avoir apporté son concours àla chute de son ancien mentor, l'ancien vice président de la FIFA Jack Warner. Sa principale contribution a été de porter un porte clé muni d'un discret micro qui lui a permis d'enregistrer des conversations à haut niveau, notamment lors des JO de Londres. Selon les informations disponibles, jamais confirmées par les autorités américaines, Chuck Blazer prenait rendez-vous avec des personnalités qui intéressaient le FBI. Lesquelles, à l'image d'Alexey Sorokin, le responsable de la candidature (victorieuse) de la Russie à l'organisation de la Coupe du monde 2018, acceptaient volontiers. Comme il avait rencontré, parait-il, des personnalités telles que Hillary Clinton ou Nelson Mandela auparavant. Mais quand leNew York Daily Newsa souhaité le rencontrer, c'est dans un centre médical qu'elle l'a retrouvé, après qu'il eut disparu du monde du football en 2013, soignant un cancer du colon à un stade avancé. La roue tourne vite. * Walter De Gregorio (Directeur de la communication à la FIFA) «Nous sommes tous surpris !» Walter De Gregorio, le directeur de la communication et des affaires publiques de la FIFA, a réagi hier matin après la vague d'arrestations qui a secoué la FIFA. Le dirigeant a notamment tenu à préciser que l'instance mondiale était à l'origine des procédures qui ont abouti à ce vaste coup de filet, qui allait dans «son propre intérêt».Après le coup de filet mené par la justice suisse en coordination avec la justice américaine ce mercredi matin à l'encontre de hauts responsables de la FIFA, la réaction de l'organisme international était particulièrement attendue. C'est vers 11h20 que Walter De Gregorio, le directeur de la Communication et des Affaires publiques au sein de l'instance, s'est présenté devant la presse à Zurich. «Le timing n'est pas le meilleur, mais la FIFA coopère pleinement avec la justice, et elle répond à toutes les demandes d'information, a-t-il déclaré. Dans cette affaire, la FIFA est la victime. Nous donnons toutes les informations demandées, et cela dans notre propre intérêt.» Le directeur de la communication a répété à plusieurs reprises qu'il s'agissait d'«un bon jour pour la FIFA.» Si De Gregorio a déclaré que c'était «la FIFA qui, le 18 novembre, avait demandé au procureur suisse de commencer une enquête», le dirigeant a affirmé qu'il n'était nullement au courant de l'opération qui se préparait. «Aucun de nous ne savait que ce matin à six heures les arrestations allaient avoir lieu. Si j'avais eu cette information, je me serais couché plus tôt hier. Le procureur général ne nous l'a pas dit, nous sommes tous surpris, a ainsi expliqué De Gregorio. C'est pourquoi j'ai décidé de faire une conférence de presse maintenant même si nous n'avons pas toutes les informations dont vous avez besoin.»Tout sur l'affaire de corruption qui touche la FIFAMalgré ce scandale, celui-ci a certifié que l'élection présidentielle de la FIFA aura bien lieu vendredi, comme prévu. De Gregorio a également ajouté que l'actuel président, Sepp Blatter, et le secrétaire général, Jérôme Valcke, n'étaient pas impliqués dans la procédure. «Sepp Blatter est assez détendu, parce qu'il n'est pas impliqué là-dedans, a détaillé De Gregorio. Bien sûr, il ne danse pas sur la table. Il n'est pas heureux, mais il sait que ce sont les conséquences de ce que nous avons initié. C'est une surprise que cela se passe aujourd'hui, mais ce n'est pas une surprise que cela se passe.» Walter De Gregorio a également dû revenir sur le futur programme de Sepp Blatter (en cas de réélection ce vendredi).«Le président ira au Canada (pour la Coupe du monde féminine)comme prévu, plutôt vers la fin, autour de la finale. Jérôme Valcke sera présent au match d'ouverture. Le président ne va pas éviter d'aller aux Etats-Unis par peur d'être questionné à l'aéroport. Il y a bien un accord d'extradition entre la Suisse et les Etats-Unis, mais cela n'a pas d'influence sur le programme du président.» Interrogé sur le maintien des Coupes du monde 2018 et 2022, qui sont au centre des accusations de corruption, la réponse de De Gregorio a été lapidaire: «Qu'attendez-vous de nous, qu'on commence à spéculer sur la Russie et le Qatar? Les Coupes du monde seront jouées là-bas, c'est ce que je peux vous dire aujourd'hui. Je ne peux pas spéculer sur ce qu'il se passera dans le futur.» * L'UEFA «surprise et attristée» Réunion extraordinaire du comité exécutif Le président de l'UEFA Michel Platini a annoncé qu'une réunion du comité exécutif de l'UEFA allait avoir lieu mercredi (hier) après-midi, suite à l'arrestation à Zurich de sept responsables de la FIFA soupçonnés de corruption, à la demande des autorités américaines. «On a une réunion cet après-midi du comité exécutif et demain on a une réunion de toutes les associations nationales», a déclaré le dirigeant français à la presse à Varsovie, en se refusant à d'autres précisions. Dans un communiqué, l'UEFA s'est dite «surprise et attristée par les événements qui ont eu lieu ce matin à Zurich.» * Le Directeur de Transparency International : «Blatter doit se retirer!» Le président de la FIFA Sepp Blatter doit «se retirer» et l'élection à la présidence de la fédération internationale de football être «suspendue», a estimé hier l'organisation Transparency International après l'arrestation de responsables de l'institution soupçonnés de corruption. «Ces scandales ont eu lieu sous la surveillance de Sepp Blatter», qui entend briguer vendredi (demain) un cinquième mandat consécutif, dénonce dans un communiqué Cobus de Swardt, directeur de Transparency International, ONG basée à Berlin et spécialisée dans la lutte contre la corruption. «Pour le bien des supporters et la bonne gouvernance du football, il est temps qu'il se retire», poursuit-il. L'élection à la présidence de la FIFA, prévue demain, doit être «suspendue», enchaîne le communiqué. Elle «n'est pas crédible si elle est souillée par ces allégations» de corruption, a ajouté M. de Swardt, selon lequel de nouvelles élections doivent être convoquées afin de marquer «une nouvelle ère au sein de la FIFA». * Réactions : «C'est un jour triste pour le football» De Thierry au Prince Ali de Jordanie, les principales réactions à l'affaire de corruption présumée qui secoue la FIFA depuis hier matin. Des responsables de l'instance du football mondial ont été arrêtés à Zurich ce matin. Ils pourraient être extradés vers les Etats-Unis, où l'enquête a été ouverte. Thiriez est sous le choc Un peu plus tôt à l'antenne d'Europe 1, Frédéric Thiriez, le président de la Ligue française de football professionnel, avait lui aussi réagi à l'affaire : «Je suis profondément choqué et attristé par l'image du football que donne cette arrestation. J'ai fait de la corruption l'un de mes chevaux de bataille. Si les faits de corruption sont avérés, c'est extrêmement grave et je souhaite que la police et la justice aillent jusqu'au bout. » «Embarrassant» pour Arsène Wenger L'entraîneur d'Arsenal a lui-aussi répondu aux évènements de la matinée lors de sa conférence de presse : « Ce qui est embarrassant, c'est qu'on se demande ce que fait le FBI dans tout ça. Il faut attendre, je ne suis pas un expert en droit et sur les relations légales entre la Suisse et les Etats-Unis. Il n'y a pas d'extradition par exemple entre la Suisse et certains pays européens, mais il semble qu'il y en ait avec les Etats-Unis. » Pour le Prince Ali, c'est un jour sombre C'est une réaction qui va peser, le Prince Ali de Jordanie, seul candidat opposé au dirigeant sortant Joseph Blatter à la présidentielle de la Fifa qui aura lieu vendredi, s'est fendu d'un court communiqué publié hier dans la matinée : « C'est un jour triste pour le football. L'affaire connaît ses développements actuellement, des détails émergent, il ne serait pas approprié de faire d'autres commentaires pour l'heure. »