La fermentation politique est à son comble alors que nous ne sommes plus en période pré-électorale ! Bizarre n'est-ce pas ! Dans toutes les démocraties dignes de ce nom dans le monde et dans les périodes intermédiaires qui suivent des élections, on laisse place à la réflexion, aux bilans des réussites et des échecs, et les « brain-powers » et autres stratèges politiques économiques, financiers et médiatiques prennent le relai des « acteurs » qui ont surtout échoué lors des précédents suffrages. Mais, la Tunisie est toujours « l'exception » qui refuse et passe à côté de la « règle » parce que notre classe politique comme dans le sport n'accepte pas la défaite ! Bien mieux les « vaincus » comme par une baguette magique sont ressuscités par les médias pour culpabiliser les « vainqueurs » et les rendre responsables de leur déroute. Jamais, au grand jamais vous ne verrez dans ce pays, un parti perdant aux élections accepter sa défaite et en tirer les conséquences au niveau de ses choix désastreux qui l'ont mis à contre courant de la volonté populaire et des ambitions réelles des citoyens. Du matin au soir vous voyez défiler sur les antennes Radio et Télévision des « leaders » emphasés et flanqués du superlatif « Al Kiyadi fi Hizb... kadha wa kadha » (leader du parti x et y) et qui n'ont de « leaders » que le nom parce qu'ils ne représentent que leurs personnes et parce que leurs partis sont soit ultra minoritaires au Parlement soit non représentés parce qu'ils ont échoué lamentablement lors des dernières élections. Ces « leaders » rescapés par des médias à l'affût de la contradiction, quelle qu'elle soit, se permettent le luxe de s'acharner à donner des leçons de « bonne gouvernance » au gouvernement et aux partis majoritaires et certains, qui étaient eux-mêmes aux gouvernements troïkistes n'ont même pas la décence de reconnaître leurs erreurs et le bilan désastreux de leurs improvisations (je ne parle pas de gouvernance... on en est loin) et du leg amer qu'ils ont laissé au pays et à l'actuel gouvernement élu démocratiquement. C'est à croire que le système politique tunisien a sécrété une « première » dans le monde et au nom de la démocratie, on installe la « Dictature de la minorité » ! Toutes les campagnes menées actuellement pour démolir ce pays et l'autorité du gouvernement qui fait face à des difficultés structurelles et d'accumulations multiples d'avant et d'après la Révolution, n'ont qu'un seul objectif : Faire tomber le gouvernement, aller au pouvoir de la Rue et de l'anarchie « créatrice » (sic) et imposer de nouveaux pouvoirs « non élus » par les institutions consacrées par la nouvelle Constitution. Pour une fois je reconnais la grande sagesse du cheikh Rached Ghannouchi, président de la Nahdha qui demande à « l'opposition » si elle veut faire tomber le gouvernement, de procéder par les voies institutionnelles et non par la mobilisation de la rue, des régions fragilisées par le déficit de développement dans le sud-ouest et les appels à peine voilés à la rébellion. L'opposition n'a qu'à procéder par les motions de censure et les votes de « non confiance » au gouvernement au sein de l'ARP. Mais, elle est tellement minoritaire qu'elle ira tout simplement vers un désaveu sans appel et un suicide politique. La « Rue » est plus commode ! Le changement politique dans les démocraties avérées ne peut se faire que par les urnes. Toutes autres mobilisations des « violences » et des frustrations sociales alors que la Tunisie a dégagé le précédent despotisme de l'ère Ben Ali, est contre-productif, surtout que la conjoncture économique et les aspects financiers ne permettent pas de répondre à ce flot incessant d'exigences toutes aussi prioritaires les unes que les autres. Les plus grands économistes de la terre et les plus grands dirigeants confirmés dans le monde, ne peuvent rien ou pas grand-chose, pour la Tunisie en ce moment, en dehors de l'appel à la raison, à la réhabilitation de la culture du travail et donner l'opportunité au gouvernement honnête et sobre de M. Habib Essid d'opérer le plus rapidement possible les réformes urgentes qui s'imposent. Je pense surtout à la révision du code des investissements, le dialogue social global, la solution rapide de la pesanteur bureaucratique qui handicape les promoteurs et surtout libérer, je dis bien libérer, ces projets en instance, par centaines et par milliers qui végètent dans les gouvernorats et certains ministères du Développement par manque de coordination entre les départements impliqués dans leur mise en œuvre. M.Habib Essid qui a une grande expérience des dossiers devrait exiger des ministères comme l'Equipement, l'Agriculture, le Tourisme, le Transport, surtout ferroviaire, de résoudre les problèmes « au cas par cas », afin de débloquer les projets anciens. Cela donnera un effet dynamique extraordinaire dans les régions et donnera de l'espoir aux promoteurs qui attendent, ça fait des décennies, leurs multiples « autorisations » des ministères concernées, qui ne viennent pas à cause de procédures tentaculaires ! Boileau encore Boileau ! La critique est aisée... l'art est difficile, et plus difficile encore celui de remettre le Tunisien au travail après toutes ces grèves à longueur d'année, il est vrai très « productives » pour les salaires et les primes, mais désastreuses pour l'économie et l'image de la Tunisie dans le monde. Un mot pour la fin. Ceux qui ont pour programme de remettre en selle le « Stalinisme » en Tunisie devraient faire un voyage en Chine populaire, au Vietnam et en Corée du Sud, puis faire un détour par la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie et la Croatie. Ils verront des peuples beaucoup plus heureux maintenant que du temps de la « dictature du prolétariat ». Ils verront des économies prospères et un développement prodigieux, qui bénéficient à toutes les catégories de la population, parce qu'il est toujours préférable et plus facile de partager la richesse que de partager la pauvreté ! Alors, revenons sur terre et ne soyons pas plus royalistes que les rois et plus maoïstes et staliniens que les Chinois et les Russes ! Au fait, qui a eu raison : Mao Tsé Toung ou Deng Xiao Peng ! La réponse est sans appel : La Chine de Deng est aujourd'hui, la première puissance économique et financière du monde et le reste ne tardera pas à venir ! Attention aux rêves et aux nostalgies déclassées ! K.G