La société tunisienne est en train de vieillir. Dans 10 à 15 ans, les démographes parlent de la nécessité d'importer de la main d'œuvre pour continuer à faire tourner les usines et autres établissements. L'âge de départ à la retraite sera allongé, au début à titre facultatif. Par la suite, il y aura les formes nécessaires, dans le sens, entre autres de l'allongement de la vie active. Qu'allons-nous faire de nos retraités dont le nombre ne cessera pas d'augmenter ? Peut-on considérer qu'une deuxième jeunesse pourrait commencer chez les nouveaux retraités ? Un partant à la vie non active, professionnellement, peut-il se dire : « Je ne suis pas fini ; j'ai encore de l'énergie » ? Un constat amer : la société tunisienne, concentrée sur ses problèmes et les soucis de sa jeunesse frappée par un chômage structurel, n'a pas su quelle place et quel rôle accorder à ces hommes et femmes du 3ème âge. Ce n'est pas le cas, par exemple, en Europe dont la population est vieille depuis longtemps, où tout en épousant les valeurs libérales, les séniors sont bien choyés par le système bancaire, assurances, agences de voyages, associations caritatives....Tout est fait pour assurer une vie paisible, dynamique et fructueuse à ceux qui n'ont plus de vie professionnelle. Quant à nous, nous avons déjà du mal à nous occuper des actifs et des chômeurs. De là à trouver des solutions aux Séniors, ce serait un luxe, pour un pays en crise où la détérioration du pouvoir d'achat est devenue la hantise de tous, gouvernants et gouvernés. Toutefois, pour peu qu'on cherche à éviter les brumes des problèmes sociaux immédiats, on peut comprendre que nos séniors peuvent être d'une grande utilité sans prendre la place des jeunes ni les moins jeunes. Enquête. Beaucoup de jeux de cartes Où trouve-t-on les séniors ? Les cafés publics ou clubs de retraités, à longueurs de journée sont pleins de joueurs de cartes de plus de soixante ans. Ils peuvent y passer le clair de leur temps avec quelques interruptions le temps de la prière. Par la suite, c'est la maison et sa routine ancestrale que l'épouse et enfants connaissent depuis longtemps. Tout le savoir accumulé par ces « vieux routiers » se perd entre fumée de narguilé et parties de cartes, sinon de jeux de Dame et d'Echecs. Quelle manque à gagner pour une société qui a du mal à retrouver ses repères !!! D'autres, et ils sont peu nombreux, sont occupés dans des travaux au profit de certaines entreprises qui chercheraient à tirer profit de leur savoir et leur savoir faire, à moindre frais, c'est-à-dire sans l'obligation de recruter et former des jeunes diplômés auxquels il faudrait payer la CNSS et autres obligations sociales et fiscales. Le jeune retraité, prend la place du vrai jeune, avec un complément de retraite, sans trop d'exigences de sa part. Et le chef d'entreprise en tire le maximum, sans perturber sa trésorerie et, encore moins sa caisse. Comment peuvent-ils être utiles ? Certes, le travail des retraités est réglementé. Dans la fonction publique, il ne peut toucher plus du cinquième du brut de sa dernière paie. Mais, s'il ouvre une patente de conseiller et prestataire de services, il peut toucher, sur présentation de facture, après signature de contrat avec l'utilisation de service, beaucoup plus. Et les rapports seront plus clairs. L'employeur paie une prestation extérieure de service et l'employé ne se retrouve pas avec un complément de retraite bien inférieur à la valeur du service prêté. Peu nombreux ceux qui optent pour cette solution. On préfère être payé au «Noir», sans obligations fiscales, ni pour l'un, ni pour l'autre. Et là le passage à la Caisse devient la meilleure façon de tout fuir, tout gagner, et tout faire discrètement, sans causer la moindre complication ni à l'employé ni à l'employeur. C'est un peu le circuit parallèle du marché de l'emploi. Des loisirs dans le cadre du tourisme alternatif A part, l'exploitation des connaissances techniques et professionnelles du retraité, où est le travail associatif dans lequel ils peuvent adhérer comme volontaires ? Avec le nombre faramineux d'associations natives de la période post-14 janvier, et le constat d'amateurisme et la prédominance du travail artisanal, surtout chez les jeunes associations, beaucoup de défaillances visibles à l'œil nu, peuvent être résolues, par l'apport bénévole du Sénior. D'un côté il ne se sent plus en marge de la société, futile et inutile. De l'autre, l'association utilisant ses services en gagne. Reste, les organisateurs de randonnées, et fervents défenseurs du tourisme alternatif, ils ont dans cette population, une belle niche à exploiter. Pourquoi, ne le feraient-ils pas ? A l'exclusion des dépendants, il est clair que cette catégorie sociale, de plus en plus nombreuse, offre de grandes opportunités pour les employeurs et ainsi, elle évitera le désœuvrement déprimant au profit du sourire pour, nos vieux routiers qui n'acceptent pas qu'ils soient déclassés.