L'homme a percé, dérangé et pris très jeune sa destinée en mains. Aujourd'hui, il va jusqu'au bout de ses rêves. Il crée en plein centre ville de la capitale, la « raison du musicien », en l'adossant à une association portant le même nom. C'est de Mokdad Sehili, qu'il s'agit. Il ne respire que de la musique elle lui offre l'oxygène nécessaire pour ses neurones et pour comprendre la politique et la société. Certes, Mme la Ministre de la Culture n'a pas tenu la promesse de l'inauguration de son local... mais ses visiteurs de plus en plus nombreux... la remplaceront. La sourire lui revient... Il a tous les atouts pour relever les défis... Il croit à l'industrie de la culture et à la diplomatie culturelle. Comme la politique est au poste de commandement, ses réponses formulées hier, sont lourdes de signification. Détails. Le Temps : Quatre ans après la Révolution, que vous ont donné les ministres qui se sont succédé à la tête du ministère de la Culture ? Mokdad Shili : De l'eau et parfois du thé. Quelle politique culturelle pourrait sauver la jeunesse et même les moins jeunes qui ont perdu leurs repères identitaires et universels ? A mon niveau en tant qu'artiste et ouvrier dans le chantier culturel, les choses sont très claires dans ma tête. Il ne faut pas chercher midi à 14h. Que faut-il faire ? Par où commencer ? J'ai des repères philosophiques et historiques, comme le dit Nietzsche, à savoir « Pas de salut sans la culture ». Réellement, le ministère de la Culture devrait être un ministère de souveraineté au même titre que les départements de l'Intérieur, la Défense, les Affaires étrangères... Comment et pourquoi ? Avoir la conviction qu'on va réellement mettre fin au terrorisme, et suppose toute une politique culturelle qui rehausse ce niveau intellectuel et artistique des jeunes qui souffrent d'un vide monstrueux exploité par les recruteurs terroristes. Imaginez, un seul instant, un des jeunes tunisiens partis en Syrie, en train d'écouter de la musique, ou de s'exercer dans un club public ou privé pour apprendre à tripoter une guitare, ou à taper sur une « darbouka » ou un « tamtam »...., il ne sera jamais une proie facile aux Daëchien. La musique, ou n'importe quel autre art, lui inculquera l'amour de la vie maintenant et ici, et prémunira, contre les sirènes de la haine, la mort... Avez-vous un exemple concret ? Est-il logique que 4 ans après la « Révolution », le gouvernorat de l'Ariana, qui logent 500.000 habitants, n'a qu'une dizaine de maisons de culture dont 4 sont fermées et les autres sont devenues des salles de fête durant la saison estivale et d'espaces de pâturage pour les moutons avant l'Aïd El Kébir ? Où vont respirer nos jeunes adolescents qui se retrouvent quotidiennement plaqués aux murs des cafés... Vous ne pensez pas que l'Etat est le seul mécène de la Culture ? Non pas du tout. Le secteur privé et les chefs d'entreprises ont intérêt de mettre la main dans la patte, pour relever le niveau de leur personne ! Malheureusement, ils ne sont pas conscients de ce qu'ils perdent en laissant la culture hors des murs des usines. Tous les problèmes qu'ils rencontrent chaque fois qu'ils essaient de communiquer avec leur personnel, ont pour racines le degré de leur inculture. D'ailleurs un ouvrier cultivé fabrique mille fois mieux... qu'un ignorant. Donc, investir dans la culture, c'est du pain béni, pour rehausser le niveau de son personnel et augmenter sa productivité. Le mot de la fin ? Finie l'époque de la cerise sur le gâteau... Finie l'instrumentalisation des artistes devenus un décor, ou une simple cerise sur le gâteau ! Propos recueilles par : Hassine BOUAZRA