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Umar Ibn Abî Rabî'a
Publié dans Le Temps le 10 - 07 - 2015

"Culture arabe, culture française, la parenté reniée" sorti aux éditions l'Harmattan, un livre du poète et essayiste tunisien Abdellaziz Kacem. L'essai fait le point des travaux des orientalistes et des médiévistes sur la question de l'amour en poésie.
Il arrivait aussi à ces dames de demander au poète de trancher un litige féminin. Ainsi, Aïcha Bint Talha, vraisemblablement la plus belle femme de Médine à l'époque (fin du VIIe, début du VIIIe s.), avait pour rivale et néanmoins amie, la même Sukayna Bint al-Husayn.
Les deux jeunes femmes firent appel à ‘Umar Ibn Abî Rabi'a (644-711) pour arbitrage : « Tu es la plus gracieuse, ô Sukayna ! statua l'expert, quant à toi, Aïcha, tu es la plus belle.
Par Dieu, rétroqua la première, c'est en ma faveur que tu t'es prononcé. » Elle n'avait pas tort, car aux yeux des Arabes, « La belle est celle qui de loin vous ravit le regard, la gracieuse est celle qui de près vous ravit le cœur ».
‘Umar, le plus grand poète érotique de son temps, était la coqueluche des jolies dames. Pour la modernité de son accent, pour les doux chagrins que la féminité lui procure, il a été comparé à Musset. D'autres, au contraire, lui trouvent des affinités avec « un ami de l'Orient en général et de l'Egypte en particulier », Pierre Loti. Les envolées du poète languissant d'amour après la femme, rappellent celles du prosateur évoquant les belles de Constantinople. Riche et bien né, il se permit, en dépit des mises en garde du calife en personne, mais avec la secrète complicité des intéressées, de faire un suggestif éloge de Aïcha et Sukayna et, pratiquement, de toutes les belles aristocrates du Hedjaz, souvent rencontrées ou simplement entrevues à la Mecque à l'occasion du pèlerinage. Cette grande cérémonie religieuse, autrefois moins austère, favorisait, une fois le rite accompli, de vaporeuses rencontres entre poète et femmes désireuses d'être chantées. Faisant ses adieux à l'une d'elles, il regrette que « le pèlerinage n'ait été prescrit » six fois l'an au lieu d'une. Dans d'autres vers, il fait dire à une allumeuse :
Elle fit un clin d'œil du haut du palanquin :
Je me serais passé cette année du lieu saint.
C'est toi qui vers la Mecque as hâté ma partance.
J'y aurais renoncé n'eût été ta présence.
L'une des beautés les plus célébrées par le poète est sans doute Hind Bint al-Hârith. Parmi les poèmes qu'il lui consacre, il en est un que tous les élèves de lycée dans le monde arabe connaissent et qui reste à leurs yeux un modèle de flirt gentil mais pas à la portée du « vilain » :
Ah ! si Hind voulait bien sa promesse tenir
Et mon cœur soulager d'un si brûlant désir
(...) Elle aurait demandé à ses jeunes voisines,
Un jour qu'elle était nue en mal de brises fines :
Suis-je conforme aux traits que me prête l'auteur ?
Dites-le, par Allah, ou n'est-il qu'un hâbleur ?
Et d'un rire affecté, il leur plut de lui dire :
Le regard embellit tout objet qui l'attire.
La jalousie, c'est clair, dans ces propos abonde.
L'envie est un travers aussi vieux que le monde.
(...) Sur la foi des on-dit, la belle m'ensorcelle.
Quel charme que le sort qui m'est jeté par elle !
Des rendez-vous, j'en ai sollicité en vain.
Chaque fois Hind s'esclaffe et lance : Après-demain !
« Hérésie » que tout cela ! Mais littéraire et dont l'islam des premiers siècles, la chose étant circonscrite dans des cercles élitaires, s'accommodait. Elle annonçait le rituel courtois et voie de codification, un rituel fondé, ici, sur l'entretien et la perpétuation du désir, et qui allait atteindre Bagdad, Damas puis Cordoue. Plus qu'un témoignage sur l'actualité des mœurs de son temps, c'était hier le VIIe siècle, la poésie d'Ibn Abî Rabî'a est l'une des premières réactions contre la censure des dévots. Les détracteurs de la dynastie omeyyade y voyaient un laxisme visant à corrompre les esprits de la classe aisée en vue de la soustraire à toute ambition politique. Peut-être. Mais c'est à ce prix que la femme arabe a cessé d'être un objet. Il s'agit là d'un acquis dont profitera toute la poésie du Moyen âge.
Au XIe siècle, à Cordoue, les salons littéraires s'affinent et préfigurent davantage les « cours d'amour » occitanes. Ils étaient tenus selon un protocole défini par des grandes dames. Les poètes venaient y soumettre leurs œuvres à une critique souvent pointilleuse, devant un jury composé de leurs pairs mais où le dernier mot, un chapitre des qualités formelles et de l'éthique amoureuse, est cédé à l'assistance féminine. Le plus célèbre de ces salons était celui que tenait la princesse Wallâda Bint al-Mustakfis (m. 1083) à qui le grand poète cordouan Ibn Zaydûn (1004-1070) dédiait d'ardentes élégies.
Un exemple de casus amoris tiré des débats sur l'amour dans le dit salon portait sur ces vers d'un poète anonyme :
Vos œillades nous blessent au cœur et les nôtres vous blessent aux joues.
Blessure pour blessure, comparez celle-ci à celle-là :
Laquelle mérite en châtiment, de recevoir la blessure de l'éloignement ?
Wallâda aurait répondu :
Celle qui la mérite, à mon avis, Seigneur, c'est la blessure de la joue, parce qu'il n'est pas possible de la nier.
Quant à vous, par ce que vous dites, vous ne faites qu'exprimer une prétention (gratuite), car où est (la blessure) dont vous parlez ? Où en sont les témoins ?


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