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Matins et crépuscules de Dame Démocratie
La chronique de Youssef SEDDIK
Publié dans Le Temps le 21 - 03 - 2013


III – Il est une foi contre la démocratie
Très souvent à travers l'histoire, c'est le conflit irrésolu entre foi et loi de la Cité qui provoque la catastrophe. Un personnage emblématique, Socrate, dont tout le monde reconnaît le statut de sage, ou du moins, de fidèle amant de la sagesse (philosophe), en a subi l'extrême conséquence.
C'est en effet, sous l'accusation de nier les dieux ou de les moquer, de croire en un démon personnel qui lui inspire ses actes et ses pensées, de corrompre ainsi la jeunesse enfin, qu'il a été, comme chacun sait, condamné à mort en 399 av. J –C. Le pouvoir était détenu à l'époque par les Trente tyrans, « Conseil d'Etat » imposé suite à la défaite d'Athènes dans les guerres de Péloponnèse.
Ce modèle historique d'une éclipse de la démocratie met face à face ces entités irréductibles : foi et pensée, loi et liberté, pouvoir et savoir. Nous en sommes toujours, et serons peut-être, dans nos sociétés quels que modèles qu'ils soient, à la recherche d'une résolution de cette inextricable contradiction. Pour rester toujours dans les enseignements que nous fournit l'Histoire, celle du monde islamique qui nous est affectivement proche, souvenons-nous de ce que le legs culturel arabe nomme l'Âge d'or de l'ère abbasside quand le despote éclairé, le calife al-Ma'mûn, a placé son pouvoir sous le signe du savoir en ouvrant les frontières de son empire à tous les vents fécondateurs de toutes les connaissances venant de la Grèce, de la Perse, des Indes, et de plus loin encore. De l'autre côté du monde islamique, l'Andalousie européenne, un peu plus tard, Grenade, Cordoue ou Séville, connaissaient le même essor et la même prospérité de l'esprit animé par des gouvernants qui ne se privaient pas d'agir en politiques et en guerriers tout en faisant régner un équilibre entre culture et pouvoir. La foi obéissant au principe de la raison ne pouvait qu'éclater en autant d'étincelles et de luminances qui confortent par leur multiplicité-même la sérénité du « vivre-ensemble » politique. Du côté oriental du monde islamique, Musulmans, Chrétiens, Juifs et Zoroastriens cohabitaient dans les mêmes espaces et s'activaient dans les mêmes concerts pour construire la Demeure de l'esprit sous la garde bienveillante d'un pouvoir qui ne prétendait pas tenir la vérité absolue. En cette partie occidentale, médecins, philosophes, astronomes et chimistes, travaillaient sans distinction de credo, d'origine géographique ou ethnique, et surtout sans discrimination entre genres, puisque l'emblématique Wallâda, fille du calife al-Mustakfi, femme poète et savante, accueillait dans son salon les grandes sommités du savoir y compris le sourcilleux imam Ibn Hazm. Celui-ci comptait dans ses œuvres des traités d'exégèse et de jurisprudence à côté d'un splendide ouvrage sur l'amour et les amants, Le Collier de la colombe (Tawq al-hamâma).
Aujourd'hui de quoi sont faites les perspectives de notre démocratie naissante ? Sans trop schématiser en quelques mois depuis le 23 octobre, l'ambiance semble à tous porteuse de tout le pays. La foi dans une Tunisie dont l'écrasante majorité du peuple se reconnaît fermement et depuis plusieurs siècles du crédo islamique, s'invite, à partir de la victoire d'un courant religieux, comme si le peuple venait tout juste de « faire sa connaissance ». Partout, et surtout dans les mosquées, souvent sur la place publique, un véritable projet d'islamiser derechef la nation se laisse entendre et voir dans le plus grand tintamarre et la rhétorique la plus impétueuse. Forcément, et par voie de conséquence, toute autre voix s'en trouve frappée de l'accusation de dissonance, étouffée, tue, et toute possibilité d'une démocratie est donc vouée à la négation pure et simple.
Que vient-il de se passer dans ce pays ? Quitte à persister dans le tracé d'un diagnostic à gros trait nous avançons que, suite à la ruée massive d'idées « bédouines » au sens profondément culturel du terme, nous risquons de troquer la démocratie contre le faux simplisme du désert. Je m'explique : l'homme errant, le nomade, se construit une vision du monde où c'est « avoir » qui supplante l'être. Pour être dans l'exemple explicatif et pédagogique, le détenteur de ce genre de vision erre dans la nudité et la désolation de l'espace, avec comme seul viatique, l'espoir incertain de tomber sur un puits où de mourir de soif. Dans le premier cas, il campe autour du point d'eau, l'exploite et l'épuise, et puis s'en va errer à nouveau portant en lui la même pauvre alternative. C'est cette même alternative précisément, avoir ou mourir, qui constitue le tout de l'esprit bédouin. Et c'est là où cet esprit fonde une foi d'autant plus rude qu'elle se croit la seule voie du salut. Comment les nouveaux éclaireurs pour un islam « retrouvé » ignorent-ils que c'est pour combattre puis abattre cet esprit-là que le prophète Muhammad (Dieu le bénisse et lui accorde le salut) a été envoyé par le Dieu du Ciel ? Comment ignorent-ils que cet homme que tous les Tunisiens tiennent dans leur foi pour inégalable dans l'histoire a eu ce geste exceptionnel de fonder pour la première fois dans l'histoire La Cité (al-Madîna), la baptisant lui-même de ce mot haut en couleurs, en culture et en pensée. Car c'est la Cité, avec ses multiples avenues et ruelles, ses portes et ses directions, ses voisinages et ses différences, qui institue et pérennise les horizons des vies prospères et du gai savoir.


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