Accusations, intimidations et menaces Depuis la publication du rapport de la Cour de comptes, concernant les fraudes commises par des candidats à l'élection présidentielle de 2014, les médias et les réseaux sociaux sont bombardés par des accusations et des menaces de part et d'autre. En effet, et selon ledit rapport, l'un des 26 candidats à la Présidentielle a reçu la modique somme d'un million de dinars de la part de deux ambassades installés à Tunis. Un autre candidat a obtenu des financements étrangers de l'ordre de 4,6 millions de dinars... Des fraudes graves qui pourraient être perçues comme une atteinte de la sécurité de l'Etat. A ce sujet, Fadhila Gargouri, présidente de chambre à la Cour des comptes, a indiqué que tous ceux dont l'implication sera prouvée par la justice dans cette affaire seront condamnés à cinq ans de prison et à une amende allant de 10 à 50 fois le montant de la somme reçue. La révélation de ces fraudes n'a pas laissé de marbre les acteurs de la scène politique et médiatique où chaque partie s'est dépêchée de ‘révéler' le nom du candidat fraudeur. Le porte-parole du Front Populaire, Hamma Hammami, a été accusé par, entre autres, Radhouan Masmoudi, président du Centre des études de l'Islam et de la Démocratie, d'être le candidat ayant reçu la somme de 4,6 millions de dinars. Ce à quoi le concerné a répondu, via un communiqué public, qu'il portera plainte pour diffamation et fausses accusations. Quelques heures après cet incident, quelques journaux électroniques, dont celui dirigé par le journaliste Jamel Arfaoui, ont publié des dépêches assurant que le candidat fraudeur ne serait autre que l'ancien chef de l'Etat, Moncef Marzouki, et que le pays ‘sponsor' serait le Qatar. Réagissant à cela, Adnen Mansar a, à son tour, publié un texte à travers lequel il a assuré que le bureau médiatique de Marzouki s'occupera de porter plainte contre Jamal Arfaoui et son journal pour diffamation. Et d'ajouter que le candidat fraudeur, selon le rapport de la Cour des comptes, préside une association, ce qui n'est pas le cas de l'ancien président provisoire de la République. En se basant sur cette donnée, Adnen Mansar tire la conclusion que trois candidats peuvent être derrière cette fraude ; Slim Riahi, Nourredine Hachad ou encore Mehrez Boussayan. Suite à la publication de ce texte, le directeur du journal électronique Business News et vice-président de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux, Nizar Bahloul, a déclaré, ouvertement, son soutien à Jamel Arfaoui tout en assurant détenir des indices ‘assez sérieux' impliquant Moncef Marzouki dans cette affaire. Nizar Bahloul a promis de publier tous les indices dont il dispose afin que l'opinion publique soit informée de tous les détails de cette grave affaire. De son côté, le dirigeant au sein du mouvement de Nidaa Tounes et directeur du journal électronique Al Jarida, Nourredine Benticha, a publié un texte sur sa page officielle Facebook où il réclame de la Cour des comptes la publication des noms des candidats ayant bénéficié de financements étrangers expliquant qu'il s'agit ici d'une violation du code électoral relevant de la souveraineté de l'Etat. Benticha s'est cependant empêché de faire ne serait-ce qu'une allusion au nom du candidat concerné. Vu les circonstances actuelles, la Cour des comptes devrait sortir de son silence et révéler les noms des candidats fraudeurs. Les accusations, menaces et intimidations ne peuvent en effet prendre fin qu'avec l'annonce des noms des candidats concernés et la traduction de leur affaire devant la Justice afin qu'elle y tranche. En attendant, le chaos risque de se prolonger et d'atteidre d'autres niveaux.