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La postérité de celui qui se tenait «debout, immobile, tel une colonne»...
Publié dans Le Temps le 15 - 09 - 2015

Animées par Abderrazak Khechine, les éditions Contraste viennent de créer une nouvelle collection intitulée "Itinèraires soufis". C'est le livre "Sidi Abou Said Al Baji" de Nelly Amri qui en est l'ouvrage inaugural.
Spécialiste du soufisme et de la sainteté en Islam, Nelly Amri vit en Tunisie et, depuis plus d'une vingtaine d'années, mène une recherche approfondie dans les domaines de la spiritualité et du mysticisme en Tunisie.
Ce nouvel ouvrage vient ainsi approfondir de nombreuses recherches antèrieures ayant trait aussi bien à Sayda Manoubia qu'à Sidi Belhassen et de nombreux autres soufis ifriqiyens. Au fil des ans, Nelly Amri a en effet donné à lire, dans une langue limpide et un méritoire souci de vulgarisation, bien des textes de première main comme l'hagiographie de Abdelwahab Mzoughi, compagnon de Sidi Belhassen ou celle de Aicha Manoubia, sainte vénérée aux deux sépultures.
Entre tentation biographique
et restitution d'une époque
Le nouvel ouvrage de Nelly Amri est d'abord la restitution d'un itinèraire de vie, celui de Sidi Bou Said, né en 1156 et mort en 1231. Pour ce faire, l'auteure s'appuie sur le texte d'un disciple du saint homme: Al Hawwari qui fut l'hagiographe de son maître.
D'emblée, Nelly Amri situe ainsi son travail non plus dans la tradition plutot folklorisante qui prédomine dans ce domaine mais bel et bien dans une source d'époque dont il existe plusieurs manuscrits disponibles à la Bibliothèque nationale tunisienne.
Trés habilement, Amri place sa narration - le terme s'applique bien à ce travail toutefois scientifique- à la confluence entre biographie et hagiographie. Si le lecteur initié pourra puiser des informations et des analyses de première main, le simple curieux pourra tout apprendre sur la vie de Sidi Bou Said sans nécessairement se referrer à la bibliographie et aux notes et index qui complétent ce livre.
A ce titre, l'auteure effectue une véritable révolution copernicienne en choisissant une démarche sans failles car elle repose sur une source de première main tout en ne laissant pas l'aspect purement narratif être complétement phagocyté par l'appareil critique.
En matière d'écriture universitaire, Nelly Amri privilégie ainsi une démarche ouverte qui sied bien à ce type d'ouvrages dont la diffusion sera élargie au grand public. Et elle y parvient avec bonheur car le lecteur peut mettre ses pas dans ceux du saint homme, suivre son parcours de vie et de sainteté tout en réfléchissant sur le sens de l'histoire, les enseignements spirituels et la naissance d'un culte.
Le livre de Nelly Amri est d'abord le portrait d'un homme, d'un individu sur les chemins de la connaissance, d'un disciple devenu à son tour un maître, d'un réseau complexe réunissant des âmes mystiques. La démarche de l'auteure est simplement diachronique et simplifie l'accès à ce savoir en adoptant une approche à trois niveaux.
La vie, la voie spirituelle, l'héritage de sainteté
En premier lieu, un chapitre inaugural est consacré à la vie de Sidi Bou Said. Nous le découvrons dans sa ville natale de Baja Manouba, dans ses pérégrinations et ses apprentissages, dans son métier de tailleur et sous sa bure de pélerin vers les Lieux saints de l'Islam.
Amri profite de ce portrait qu'elle dresse pour révéler au lecteur l'arrière-plan d'une ville, les réalités de la Tunisie hafside et aussi ce formidable essor de la sainteté qui accompagnait l'époque. C'est de ce temps lointain que date d'ailleurs l'expression "Tounes el mahroussa" (Tunis la protégée) en référence à la muraille invisible née des invocations et prières des soufis.
L'auteure nous révèle aussi les influences de Abou Madyan sur Sidi Bou Said tout en faisant revivre le parcours initiatique de ce dernier entre ses "khalwas" (lieux de retraite) tunisoises et sa présence au lieu-dit Manaret Cartajana qui deviendra plus tard le village de Sidi Bou Saïd.
La seconde partie de l'ouvrage a pour objet la voie spirituelle de Sidi Bou Saïd, sa doctrine et sa pratique de l'ascèse. Amri nous met face à ses maîtres, compagnons et disciples tout en nous faisant pénétrer dans l'intimité du saint personnage qu'on retrouve à l'écoute du "sama" soufi ou prodiguant ses enseignements au cœur de son majlis.
Cette seconde partie est consacrée à la méthode de Sidi Bou Saïd et aussi à ce qui structure sa "tariqa", sa voie spirituelle. Le lecteur découvre les apports de Abou Marwan El Bouni à la pensée mystique de Sidi Bou Saïd. Il découvre aussi les portraits des compagnons en sainteté que furent Sidi Abdelaziz Al Mahdaoui et Sidi Ghaffari.
Enfin, l'ouvrage envisage dans sa troisième partie l'héritage de Sidi Bou Saïd, sa postérité que Nelly Amri nomme "la carrière posthume du saint". Cette troisième partie nous met face à l'émergence d'un culte et à la naissance d'une tradition dont l'épicentre sera la sépulture du saint homme. De plus, c'est sur l'œuvre d'un mystique, un héritage qui lui survit jusqu'à donner naissance au toponyme de Sidi Bou Saïd, que Nelly Amri pose son regard en suivant les méandres de cette anabase.
Un tableau chronologique et plusieurs index, y compris une liste des mots techniques ou des termes en arabe, complètent un ouvrage d'un accès facile, d'un découpage d'une grande clarté et d'une richesse indiscutable.
Faut-il le souligner? L'ouvrage a été écrit après la campagne criminelle de profanations qui a touché les mausolées des saints de l'Islam dans toute la Tunisie. On se souvient que le mausolée de Sidi Bou Saïd avait été incendié en janvier 2013. Ainsi, ce livre a pris forme alors que les travaux de restauration du mausolée incendié de Sidi Bou Saïd s'achevaient.
Avec ce livre de près de 300 pages, Nelly Amri lève plusieurs voiles - ésotériques et mnésiques- sur la vie et la voie spirituelle d'un homme sur les chemins ardus et fervents de la sainteté, d'un ascète qui se tenait "debout, immobile, tel une colonne" et dont la légende s'est forgée au fil des siècles, d'un soufi qui prend ici toute sa consistance historique.
Entre un saint et son mausolée, huit siècles d'histoire prennent leur racine dans le sublime d'une sépulture, l'anonymat d'une tombe repassée à la chaux de l'éternité et la lucidité d'un livre qui restitue l'étoffe d'un homme qui se rappelait de son Seigneur lorsqu'il lui arrivait de céder à l'oubli...


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