Dans un communiqué du 7 octobre, la Ligue tunisienne des droits de l'Homme a dénoncé la torture meurtrière subie par Kaïs Ben Rhouma, un jeune homme soupçonné de détention de stupéfiants, qui a été interpellé et conduit aux locaux de police d'El Ouardia pour y être interrogé. Il aurait subi des actes de torture, afin de passer aux aveux mais il passa de vie à trépas quelques heures après avoir été transporté inconscient à l'hôpital Charles Nicolle. La LTDH a exprimé sa profonde indignation et présenté ses condoléances à la famille de la victime. Elle a par ailleurs, appelé le ministre de l'Intérieur à ouvrir une enquête sur cette affaire. La sœur de la victime, Amel Ben Rhouma a déclaré aux médias que « son frère a été interpellé, alors qu'il avait quitté le domicile familial, après s'être douché et rasé de près, pour se rendre à une boutique de commerce de cigarettes et de fruits secs là où il travaillait avec un ami. Il n'était porteur de quoi que ce soit de suspect, ou nécessitant son interpellation ». Par ailleurs la sœur de la victime, a certifié avoir vu « des traces de violence sur le cadavre de son frère lorsqu'il a été ramené de l'hôpital ». Lors des funérailles de Kaïs Ben Rhouma au cimetière du Jellaz, des incidents ont éclaté entre les membres de sa famille et les forces de l'ordre lesquels ont recouru au gaz lacrymogène pour les disperser. Le ministère de l'Intérieur a fini par ordonner l'ouverture d'une enquête, qui nécessitera peut-être l'exhumation du cadavre de la victime, aux fins d'une expertise déterminant avec précision les causes de son décès et s'il a subi ou pas des actes de torture. La torture policière n'est pas encore chose révolue, bien que du côté du gouvernement, des efforts sont déployés pour éradiquer une fois pour toute cette pratique qui n'a plus sa raison d'être, maintenant que le pays est doté d'une Constitution, loi suprême qui préserve les droits et les libertés. En effet le début de l'année 2015, a connu plusieurs cas de tortures que ce soit dans des locaux de police, durant la garde à vue, ou des centres pénitentiaires. Les cas de suicide, à l'instar de celui qui a été trouvé pendu dans sa cellule, sont souvent, la conséquence de torture. Celle-ci n'est pas seulement physique, mais aussi morale. L'humiliation est également une sorte de torture. Les mauvaises conditions d'hygiène et de salubrité durant une détention provisoire est une torture également, qui peut aboutir au suicide de celui qui se sent déshumanisé. Le ministre de la Justice avait lui-même remarqué et dénoncé ces conditions dans lesquelles vivent les détenus et a promis d'humaniser les prisons. Or la torture est chez certains policiers ou gardiens de prisons est devenu comme un réflexe, dont ils ne peuvent plus s'en défaire. A titre d'exemple, le policier qui s'est empressé dernièrement de mettre les menottes à un élève qui était en train de protester en compagnie de ses camarades devant un établissement scolaire, contre le port du tablier, n'a même pas pensé aux conséquences de son acte. Il a d'ailleurs été sanctionné par ses supérieurs hiérarchiques. C'est une aberration, de mettre les menottes à un élève, qui se trouvait devant son école de surcroît. C'est un choc pour un mineur de son âge, et une humiliation devant ses camarades. Le policier en question a d'ailleurs été sanctionné. Ces policiers ne constituent certes qu'une infime minorité, mais en attendant, les cas de torture qui se termine par des drames sont récurrents. Lors d'un débat télévisé, Ahmed Rahmouni le président de l'Observatoire tunisien pour l'indépendance de la magistrature a dénoncé la torture devenu « le pain quotidien de la police », dit-il. Il a notamment mis à l'index la brigade criminelle d'El Gorjani, précisant qu'il y a des preuves tangibles établissant la véracité de ses dires ajoutant que « ladite brigade a eu recours à la pratique de la torture notamment dans le dossier de l'attaque du musée du Bardo, dans le but d'occulter la vérité. La brigade a procédé de la même manière dans le dossier de l'attaque terroriste de Sousse ainsi que dans le dossier de l'assassinat de Chokri Belaïd. Elle l'a fait dans le but de forcer à la main aux magistrats, pour les emmener à déclarer coupables ceux qui ont été mis à l'index par le ministre de l'Intérieur. Je le dis en connaissance de cause, en tant que juge ayant une expérience de plus de 28 ans et sous le contrôle du ministre de l'Intérieur, ainsi que sous le contrôle du syndicat de la police et du ministre de la Justice ». La torture ferait désormais fausse note, sous la deuxième République et elle est à éradiquer définitivement.