Une cérémonie en hommage au Quartet, lauréat du prix Nobel de la paix a été organisée hier, au palais de Carthage, en présence de nombreuses personnalités politiques, et membres actifs de la société civile. Les quatre membres partenaires du Nobel, ont exprimé leur fierté et leur détermination à aller de l'avant dans la voie du dialogue. Fadhel Mahfoudh, bâtonnier de l'ordre national des avocat, s'est dit honoré par cette distinction qui, incitera davantage à multiplier les efforts pour une relance économique et culturelle afin que les citoyens puissent mieux savourer ce succès à travers leur vécu. Abdessatar Ben Moussa président de la ligue des droits de l'Homme, s'est exprimé en prose rythmée « Sahj' » pour exprimer sa joie, sa fierté et sa détermination à œuvrer davantage à la préservation des acquis de la Tunisie en matière des droits de l'Homme, des libertés et de la paix sociale. Houcine Abassi, le secrétaire général de l'UGTT a mis en exergue l'importance du dialogue qui a fini par l'emporter et a fait primer l'intérêt national sur tout intérêt partisan. « C'est une prouesse qu'il va falloir démontrer à Oslo le 10 décembre prochain » a-t-il déclaré. Il n'a pas manqué cependant de lancer que « l'humeur n'est pas à la fête, étant préoccupé par les négociations salariales ». Quant à Wided Bouchamaoui, la présidente de l'UTICA, elle n'a pas répondu à cette question estimant que ce n'était pas le moment opportun, en restant dans le cadre du Nobel qu'elle a qualifié d'opportunité à saisir pour briller aux yeux du monde, afin d'attirer les investisseurs et relancer l'économie. Qualifiant le prix Nobel de symbolique profonde de la paix, le président de la République, Caïd Essebsi a affirmé que « cet hommage mondial implique une responsabilité d'ordre éthique, politique et civilisationnel, qui incite à continuer sur le chemin du dialogue ». Il n'a pas manqué de préciser que : « Le monde nous admire et nous respecte ; nous devrons œuvrer nous-mêmes relever les défis, et nous comptons sur l'aide de nos amis pour plus de soutien et de solidarité, car les menaces n'ont pas de frontières ». Amertume Un mélange de fierté et d'amertume a été constaté chez les médias qui auraient été vraisemblablement privés de couvrir la cérémonie en question. Il est vrai que c'est un évènement exceptionnel qui devrait être couvert par tous les médias sans exception, lesquels s'adressent à toutes les citoyens toutes tendances comprises. Or le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), a dénoncé dans son communiqué d'hier, que seule la chaîne Nessma ait été autorisée par la présidence à couvrir l'évènement. Qualifiant « le comportement de celle-ci « d'irrespectueux », il l'accuse « d'ingérence dans la presse et de favoritisme au profit de Nessma, pour sa proximité politique du chef de l'Etat et en récompense au soutien médiatique qu'il avait présenté au candidat de Nidaa Tounes , lors de sa campagne électorale » Il a ajouté enfin « qu'il réserve ses droits de porter plainte contre la présidence de la République ». Boycott de la chaîne nationale La Télévision tunisienne, a pour sa part refusé de couvrir la cérémonie en question, en indiquant dans son communiqué que « les services de la présidence de la République ont chargé une chaîne de télévision privée de cette couverture, alors qu'elle est en l'occurrence, du ressort de l'établissement public, la priorité revenant à l'information publique. La télévision tunisienne y voit un précédent sérieux, ajoutant « qu'elle a été informée qu'il lui est possible d'obtenir le signal de transmission de l'Office national de télédiffusion. Cependant, après consultation de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle ( HAICA), la télévision a estimé qu'il ne lui était pas possible de retransmettre en direct ladite cérémonie, et qu'elle se limitera à couvrir l'évènement, aux fins de sa diffusion dans le cadre de ses journaux télévisés. La HAICA: un précédent De son côté la HAICA, a déploré qu'une télévision privée soit favorisée au détriment de la télévision nationale qui est prioritaire pour couvrir les évènements nationaux. « Elle considère cette attitude comme un précédent et met en en garde de confondre l'action politique et l'action journalistique, en attirant l'attention, plus d'une fois, que le propriétaire de la chaîne Nessma est membres de Nidaa Tounes. Ce qui explique qu'il bénéficie de certaines faveurs. Cette attitude oblige à prendre les résolutions qui s'imposent. La HAICA considère que le fait d'empêcher certains médias à couvrir un évènement national est une atteinte à la liberté de la presse. Elle appelle les autorités et les instances publiques à respecter la législation relative à la presse audiovisuelle, et le service d'information, public, associatif ou privé. Mise au point de la présidence de la République Pour sa part la présidence de la République a précisé dans son communiqué d'hier, « qu'aucune exclusivité n'a été donnée à la chaîne privée et qu'on a simplement fait appel aux moyens techniques de celle-ci. La présidence de la République a tout à fait le droit de se charger de la couverture de l'évènement et de mettre le produit à la disposition des médias ». Elle a précisé en outre que : « la couverture de l'évènement était ouverte à toutes les chaînes qui ont été préalablement invitées par écrit. Les représentants de médias publics et privés ont été conviés au palais de Carthage, pour assister à l'évènement. Une équipe de la chaîne nationale était présente pour couvrir l'évènement ». Pourquoi donc le boycott par ladite chaîne ? Celle-ci affirme qu'elle a été bel et bien empêchée, et c'est ce qui est confirmé par le SNJT et la HAICA et ce pour des raisons politiques. Ce que réfute catégoriquement la présidence de la République. Mustapha Ben Ltaief PDG de la télévision nationale a déclaré que la chaîne possède les moyens qu'il faut pour la retransmission de la cérémonie, et qu'il n'était pas nécessaire de recourir à une chaîne privée.