La Société Tunisienne de Médecine du Sport (STMS) organise une table ronde sur sur l'épaule douloureuse du sportif. Le Dr Marouène Boulouedhnine un des conférenciers de ce colloque a bien voulu répondre aux cinq questions suivantes : - Dr Boulouedhnine, vous êtes considéré à Tunis, comme un spécialiste dans la chirurgie de l'épaule ? Pourriez vous nous préciser votre formation ? -J'ai fait médecine et chirurgie à la Faculté de Médecine de Montpellier de 1984 à 2000. Il faut 6 ans de médecine, 6 ans de spécialité en chirurgie orthopédique et 2 ans d'hyperspécialisation dans des centres de référence tels que : Chef de Clinique dans le Service de Chirurgie orthopédique, de chirurgie de la main et du membre supérieur de Montpellier (Professeur Yves ALLIEU) - Arthroscopie de l'épaule : Pr P. BOILEAU ( Nice ) Dr. LAFOSSE (Annecy) - Chirurgie de l'épaule : Dr G. WALCH ( Lyon ) - Professeur MANSAT (Toulouse). En 2004, j'ai créé, en privé, le centre de chirurgie de la main et de l'épaule de Nice. La formation continue annuelle est le préalable de toute évolution dans notre hyperspécialité avec des congrès très ciblés. - : Pourriez-vous nous décrire votre spécialité en terme de pathologies ? Les maladies de l'épaule sont nombreuses, et très diverses dans leurs manifestations. On distingue trois origines principales aux maladies de l'épaule : - Le traumatisme : qu'il s'agisse d'une chute, d'un choc ou d'un faux mouvement, occasionnant une fracture, une luxation, la rupture de tendons ou la lésion d'un nerf. L'usure : qu'elle intéresse les tendons de la coiffe pouvant aboutir à leur rupture, ou le cartilage, (recouvrant les surfaces osseuses articulaires) conduisant à l'arthrose. - L'inflammation touchant les tendons (« tendinite ») ou les ligaments (capsulite). Seul un diagnostic précis de l'origine des symptômes occasionnant le problème d'épaule, permettra de pratiquer le geste le plus adapté à cette pathologie. On doit avoir recours pour cela à des examens complémentaires à l'examen clinique primordial tels que : la radiographie, l'échographie et l'arthroscanner ou l'IRM - Quelles sont les avancées techniques disponibles aujourd'hui pour les patients ? La chirurgie de l'épaule a depuis environ une dizaine d'années réalisé d'importants progrès qui tiennent essentiellement: - au développement de nouvelles méthodes opératoires comme l'arthroscopie, chirurgie endoscopique des articulations, qui permet aujourd'hui, couramment, de réaliser des interventions de réparation, ou de suture de tendons ou de ligaments, de manière moins invasive, moins agressive, que la chirurgie conventionnelle. - au travail de recherche et de développement accompli dans le domaine de la prothèse d'épaule, ayant permis d'améliorer nettement leurs résultats fonctionnels. Cette chirurgie reste toutefois du domaine de l'hyperspécialiste. - Avons- nous en Tunisie les infrastructures et le matériel nécessaires à la chirurgie sous arthroscopie de l'épaule ? L'arthroscopie de l'épaule connaitra l'évolution qu'a connue l'arthroscopie du genou, c'est-à-dire qu'avec le temps on finira par faire de plus en plus de gestes techniques sans avoir recours à ouvrir l'épaule pour préserver les muscles importants, pour le plus grand bénéfice de nos patients. Et puis il y a la Société Tunisienne de Chirurgie Arthroscopique et Chirurgie du Sport (la TSASS), qui fait un excellent travail de formation et d'enseignement. - Dans le milieu sportif, vous prenez en charge les sportifs en tant que médecin de l'équipe sénior de Handball de l'EST ? qu'ont –ils de particulier dans leur prise en charge médical au niveau de leurs épaules ? Je prends en charge de plus en plus de sportifs qui viennent de partout. De nombreux sports exposent l'épaule aux traumatismes. Ce sont les sports de lancer qui sollicitent ce complexe articulaire de façon répétée (tennis, badminton, volley-ball) et les sports de contact (rugby, handball, basket-ball, boxe)...Ces sportifs devraient bénéficier davantage de l'apport de l'arthroscopie car elle permet de faire le bilan exact des lésions et surtout de les réparer sans agresser les muscles environnants.