« Le Puits » est un film algérien en Sélection Officielle aux Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), dans deux catégories : Compétition Officielle Longs Métrages et Compétition De La Première Œuvre. C'est une production de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), avec le soutien du Centre national du cinéma et de l'audiovisuel (CNCA) et du ministère de la Culture présenté pour la première fois dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Les cinéphiles ont passé une heure et demie, avant-hier lundi 23 novembre à la salle Le Rio, à voir le film « Le Puits » de Lotfi Bouchouchi, producteur et réalisateur algérien, sans jamais bouger de leurs sièges. C'est que le film, plein de suspense suscitant un climat d'attente et d'angoisse, plongeait le public dans un état de compassion devant l'état piteux des villageois et surtout d'émerveillement pour le courage et l'abnégation des villageois face aux occupants français ; de même le public était saisi d'un sentiment d'indignation et de colère envers le comportement sauvage et inhumain des soldats français à l'endroit de ces villageois pauvres et sans défense. Un scénario simple mais très profond, écrit par Yassine Bel Hadj, rempli de messages d'amour et de reconnaissance pour cette couche du peuple algérien oubliée par les livres d'histoire, ces indigènes qui étaient là pendant les années de la guerre de libération nationale contre l'occupant, dans des endroits éloignés, affrontant la pauvreté, la faim et la soif, au milieu du désert. C'est l'histoire de ces villageois (hommes, femmes, enfants) que les occupants français ont assiégés pour avoir kidnappé leurs amis et caché leurs munitions. Ces pauvres gens doivent subir toutes les formes de violence et de torture de la part des soldats français qui les accusent d'avoir caché la vérité. Menacés de mort à cause de la soif, ces pauvres ne peuvent pas sortir pour aller puiser de l'eau hors du village, le seul puits existant chez eux étant devenu pollué puisque les combattants algériens avaient tué des soldats français et jeté leurs cadavres dans ce puits après avoir confisqué leurs armes et pris la fuite. Soumis aux assauts répétés et aux actes d'intimidations réitérés des soldats français, ces gens doivent pourtant défier les circonstances pour traverser un pont menant à l'eau qui se trouve à l'autre bout du village, mais ils courent un grand risque car le pont est surveillé par les snippers français qui tirent sur tout ce qui bouge. C'est alors que tout le monde (hommes, femmes, enfants) décide de faire face courageusement à ce danger de mort pour survivre... Le réalisateur a évité les sentiers battus jusque-là empruntés par les films sur la guerre de la libération nationale en Algérie, mettant en valeur la lutte des habitants des régions lointaines et défavorisées contre la colonisation française. Les rôles du film sont incarnés par des comédiens algériens et français dont certains sont de gros calibre, comme Nadia Kaci et Roland Maurel, mais d'autres acteurs qui jouent pour la première fois, surtout les enfants qui ont excellé dans l'interprétation de leurs rôles respectifs, grâce évidemment aux directives du metteur en scène. La présence de techniciens tunisiens lors du tournage était d'un grand apport pour cette œuvre cinématographique. Rappelons que ce long-métrage a décroché quatre Prix à la fois, (ce qui est une première dans l'histoire du cinéma algérien), lors du 31è Festival du Film Méditerranéen d'Alexandrie qui s'est tenu du 2 au 8 septembre 2015. Il s'agit du Prix du scénario accordé à Yacine Belhadj, pour la qualité de l'histoire et la trame dramatique du film, le Prix de la meilleure interprétation féminine pour Nadia Kaci pour son rôle d'une mère courageuse et déterminée et deux Prix sont revenus au réalisateur Lotfi Bouchouchi pour la meilleure mise en scène et surtout pour le meilleur film arabe. Pour de nombreux critiques, le film a été bien apprécié sur tous les plans : l'histoire est originale, la trame tragédienne est forte, les comédiens français et algériens sont crédibles, la mise en scène est soignée et la musique est parfaite. Il y a longtemps qu'on n'a pas vu un film aussi complet.