Du 19 au 21 décembre, Sfax a accueilli, dans la liesse, la première édition du festival « Mon Olivier ». Durant trois jours, cet arbre symbole de paix et aux bienfaits multiples a été mis à l'honneur aussi bien au cours d'un circuit agrotouristique baptisé « Route de l'olivier » que lors d'un forum scientifique sur le thème: «Pour une stratégie de préservation, développement et valorisation de l'olivier et de l'huile d'olive en Tunisie». Des concours ont également été organisés, notamment pour élire la meilleure huile d'olive vierge extra et récompenser l'innovation artistique («Créa Oliv») et scientifique. Dimanche matin, vers le coup de 9h, la place des cent pas, située en face de l'entrée de la Médina de Sfax, grouillait de monde. Nombreux étaient en effet les curieux qui voulaient découvrir l'expo-vente organisée dans le cadre du festival « Mon olivier ». A l'intérieur de la grande tente dressée au beau milieu de la place, plusieurs stands proposant des articles principalement issus de l'olive, aussi bien des produits cosmétiques que gastronomiques mais aussi des engins agricoles ou encore une exposition de photos sur les lieux cultes de Sfax et ses richesses naturelles. Le circuit agrotouristique a été l'autre temps fort de la journée de dimanche avec la visite du complexe agro-industriel de Châal, plus grand domaine oléicole au monde. S'étendant sur une surface de 31,829 hectares, il compte 340.000 oliviers productifs en plus de quelques centaines d'autres nouvellement plantés. La production moyenne de ce domaine est de 12 000 tonnes d'olives par an et de 4 000 tonnes d'huile d'olive même si la quantité peut varier d'une année à l'autre. La saison 2014/2015 a par exemple été exceptionnelle avec la production de 27 000 tonnes d'olives. Par ailleurs, près de 1 034 hectares du domaine Châal sont plantés de pistachiers. Premiers pas du tourisme agricole Le circuit agrotouristique proposé par les organisateurs du festival «Mon olivier» comprend plusieurs étapes dont la première consiste en la dégustation de plusieurs mets locaux. Miser sur la gastronomie et les produits du terroir est un gage de réussite selon eux puisque les touristes, en visite sur les lieux, sont principalement à la recherche d'authenticité et de touches originales. La deuxième étape du parcours est la visite de l'huilerie où il est possible de découvrir le processus de transformation des olives en huile. L'étape suivante est la visite de la ferme Safsafa d'où il est possible de surplomber 70% du domaine Châal. Le prochain arrêt se fait au niveau d'une parcelle de terre où il est possible d'évaluer à vue d'oeil l'effet de l'érosion en comparant des oliviers situés sur une zone labourée et d'autres sur une partie qui ne l'a jamais été depuis la plantation des arbres. Ultime étape, la cueillette et la pression des olives de manière manuelle ancestrale, le tout au rythme de la musique traditionnelle. Pour se reposer, les hôtes peuvent s'asseoir à l'intérieur des tentes où ils ont l'occasion de déguster un verre de thé vert et quelques mignardises locales. Ils peuvent ensuite faire des emplettes d'huile d'olive conditionnée à l'espace dédié à la vente. Secteur touristique en effervesence Le festival « Mon olivier » a été onjointement organisé par les bureaux régionaux de la Confédération des entrepreneurs citoyens tunisiens (Conect), de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), du Syndicat national des agriculteurs (Synagri) et le Syndicat d'initiative de Sfax. Il s'inscrit dans le cadre de la redynamisation de Sfax, l'une des plus importants gouvernorats de Tunisie de point de vue économique. Bien que prospère et riche en monuments, cette région peine depuis toujours à attirer les touristes. Avec 48 unités hôtelières, sa capacité d'accueil actuelle est de 3986 lits. Mais Taoufik Gaïd, délégué régional du tourisme à Sfax assure que les choses sont en train de bouger et qu'un plan de développement a été mis en place pour booster le tourisme dans la ville de Sfax mais aussi les autres localités à l'instar des îles de Kerkennah et Leknayess. Ainsi, plus d'une trentaine de projets sont actuellement en cours dont une dizaine d'hôtels, de maisons d'hôtes, de gîtes ruraux et de restaurants. A ce titre, il est prévu que la capacité hôtelière passe à 10 000 lits d'ici 2020. Taoufik Gaïd déclare que l'orientation actuelle se focalise, non pas sur le tourisme balnéaire comme c'est le cas pour d'autres villes, mais plutôt sur celui écologique, agricole, sportif, médical ou encore environnemental. Les professionnels du secteur misent aussi sur la cuisine locale et espèrent faire de Sfax à moyen terme une capitale gastronomique à l'échelle internationale. Forte d'un savoir-faire culinaire unique et varié, Sfax ambitionne de faire de cette richesse locale un atout touristique de taille pour attirer les touristes et promouvoir cette destination. Toujours dans cette dynamique, d'autres projets seront prochainement réalisés telle que la plantation de 10 000 plants de jasmin à travers tout le gouvernorat, dont la moitié à Sfax ville, aussi bien dans les établissements privés et publics que chez les particuliers. Des campagnes de nettoyage et de sensibilisation à la propreté sont menées régulièrement en partenariat avec la très dynamique société civile locale. Par ailleurs, l'année 2016 sera marquée par le choix de Sfax, capitale de la culture arabe dont les festivités devaient débuter en janvier mais repoussées pour des raisons logistiques à juillet.