L'année 2015 est sur le point d'éteindre ses dernières bougies, et nous ne risquons pas de la regretter à l'exception du Nobel de la Paix... mais, une hirondelle ne fait pas le printemps ! Année, pourtant charnière de sortie, difficile et au ralenti, d'une transition marquée par tous les résidus du naufrage de l'ancien régime mais aussi des dérapages extrêmes du temps de la Troïka où on a risqué à plusieurs moments l'irréparable, la guerre « civile » et la guerre « identitaire » portée par le réveil de l'obscurantisme médiéval et ses tendances hégémoniques et totalitaires. Malgré tout cela, on peut tout de même relever certains mécanismes positifs qui peuvent annoncer une année 2015 de vrai relance à tous les niveaux, mais, d'abord, à une condition et une seule : La tolérance zéro contre le terrorisme et la solidarité totale et indéfectible de tous les corps sociaux et politiques avec la remise à niveau de la sécurité publique et de l'autorité de l'Etat de Droit. Beaucoup de signaux prometteurs se projettent en ce moment dans la sphère nationale et c'est tant mieux, on annonce la reprise en 2016 du projet de « Sama Dubaï », qui va réconcilier la capitale avec la mer et qui peut être une nouvelle locomotive, à l'image du projet du « Lac » du temps de feu Mohamed Mzali, ancien Premier ministre, pour tirer le grand Tunis vers le haut, et réhabiliter les quartiers délabrés de Tunis-Marine et surtout de la banlieue Sud qui va de Radès à Soliman en passant par Ezzahra et Hammam-Lif. Il était temps car on commençait à perdre espoir devant la démission totale des structures du Grand Tunis face à cette fatalité de décomposition, de négligences et de laisser aller intégral depuis la Révolution. Autre facteur de décrispation, l'annonce d'un accord imminent entre l'UGTT et l'UTICA sur les augmentations de salaires dans le secteur privé, qui peuvent donner quelque répit à la machine productive nationale, qui a élu domicile depuis bientôt quatre ans au bloc, « Réa », sans succès de relance sérieuse ! Encore une fois, certains acteurs sociaux doivent, eux aussi, cesser « l'acharnement thérapeutique », sur des entreprises traumatisées par la déconfiture de la culture du travail et comprendre qu'à force de traire les vaches maigres on finira par les tuer. Que peut-on demander aux patrons des 290 hôtels fermés après les frappes terroristes successives du Bardo, de Sousse et de l'Avenue Mohamed V, de plus, que le maintien en activité de leurs entreprises et de sauver le emplois déjà existants ! Quant à en créer de nouveaux comme l'a si bien fait remarquer Mme Bouchamaoui, patron des patrons, c'est chercher la lune. Et dire que la priorité des priorités devrait être de donner de l'emploi aux jeunes chômeurs fragilisés des villes et des régions profondes ! Malgré la déception très amère due à la scission « programmée de Nida Tounès, un cataclysme de trop, alors que sa réussite a relevé du miracle, la Tunisie peut s'adosser à une vision pragmatique salutaire pour éviter un nouveau revers dramatique en 2016 et suivants. Le nouvel équilibre, le meilleur, ou pour les sceptiques, le moins mauvais, c'est la réussite et le maintien d'une combinaison « osmotique » et adoucissante de nombreux travers et autres démons de la discorde portés par une classe politique en effervescence continue pour tout et rien, une classe de politiciens qui ont perdu le sens de la mesure et qui croient que la Révolution « permanente » collée aux mirages des années 60 du siècle dernier et de l'Etat providence est la seule voie du progrès social. Mais, les Russes et les Chinois fondateurs de l'idéologie collectiviste et prolétarienne, l'ont totalement abandonné, à telle enseigne qu'on pourrait se poser la question suivante avec quelque humour : Qui des ouvriers russes et chinois sont les plus heureux... ceux de Staline, Brejnev et Mao Tsé Toung ou ceux d'Eltsine, Poutine et Deng Sio Peng !? Sans commentaire, car la réponse est dans la suprématie chinoise de l'après-Deng qui a porté la Chine au sommet et sur le toit du monde économique ! La combinaison qu'on doit encourager, motiver et même protéger, c'est celle de l'interaction entre la Présidence de la République, le Gouvernement et une « Troïka » politique et sociale de meilleure facture que la précédente, et de loin, Nida Tounès (même en deux mouvances), Ennahdha et l'UGTT. Finalement, là où M. Habib Essid, Chef du Gouvernement, a été lucide et bon manœuvrier c'est d'avoir pris le meilleur de toutes ces hiérarchies au sommet, politique et social pour apaiser, stopper la dégringolade et mettre le pays à nouveau en position de décollage favorable. Attention, c'est pas rien ! Je sais qu'on reproche au Premier ministre « son manque de charisme et de communication », mais, je pense qu'il s'est bien rattrapé, et comme on dit en football, les victoires dopent le moral et font boule de neige. En politique, et beaucoup l'oublient, on a besoin, aussi, de chance en plus de la méthode et du travail. A l'actif du Premier ministre, sa persévérance dans l'effort, son calme et sa détermination à vaincre le terrorisme, malgré les insuffisances et toutes les « complicités » adjacentes. Sa bonne décision de ramener M. Abderrahmane El Haj Ali au « bercail » à la tête de la sûreté nationale et surtout, sa bonne gestion d'un volet social explosif et lubrifié au maximum par les bases et certains cadres de l'UGTT, sont à comptabiliser aussi à son actif. Aujourd'hui, la Kasbah est soutenue par le Président Béji Caïd Essebsi, qui a toujours protégé et soutenu son Premier ministre, par Ennahdha, tactiquement et stratégiquement, mais ce n'est pas négligeable au moins dans cette étape, en attendant une vraie mutation « civile et démocratique » irréversible de la centrale islamiste de M. Rached Ghannouchi. Enfin, M. Habib Essid est soutenu de fait par M. Hassine Abassi et les cadres lucides de l'UGTT qui ont compris que le pays doit faire redémarrer la croissance et que la paix sociale est devenue impérative et une exigence nationale de premier ordre. Ceci dit, le Chef du Gouvernement est appelé à remodeler son gouvernement en fonction des objectifs qui n'attendent plus. Le développement régional, le déblocage des projets gelés par la bureaucratie tentaculaire des ministères du Développement et de l'Infrastructure et les mégaprojets, la mise en application du nouveau code des investissements, nécessitent des ministres « locomotives » et des tempéraments de haute facture et M.Habib Essid en compte quelques uns parmi son gouvernement actuel ! Tiens, qui ne rêve pas d'avoir un Néji Jalloul dans son « équipe » ! Un « ministre attaquant » de pointe, dynamique et créatif ! Un vrai bagarreur... un vrai gagnant ! On en redemande ! K.G