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«À peine j'ouvre les yeux», un portrait de la jeunesse tunisienne
Publié dans Le Temps le 27 - 12 - 2015

Sorti le 23 décembre dans les salles en France, et sera projeté à partir du 13 janvier prochain en Tunisie, « A peine j'ouvre les yeux », le film de Leyla Bouzid a remporté à la Mostra de Venise le Prix du public et le Label Europa Cinéma du meilleur film européen ainsi que le Grand prix du festival de Dubaï. Le film raconte l'histoire de Farah, une jeune chanteuse dans un groupe de rock engagé, critiquant le gouvernement au pouvoir en Tunisie en 2010. Un portrait vibrant de la jeunesse tunisienne qui a renversé la dictature de Ben Ali.
Farah a 18 ans, des rêves de rock pleins la tête là où ses parents l'imaginent médecin. Chanteuse dans un groupe engagé, elle est secrètement amoureuse de son guitariste et parolier.
Mais Farah est Tunisienne et, en 2010, chanter la désolation de la jeunesse, c'est s'exposer aux services secrets du régime Ben Ali. A 30 ans, la réalisatrice Leyla Bouzid dresse dans son premier long métrage le portrait d'une génération, sa génération. Celle qui a contribué à faire chuter le régime Ben Ali. Mais en arrive à oublier l'Etat policier qui l'a oppressé
Leyla Bouzid, porte-parole d'une génération
« J'avais envie, du haut de mes 30 ans, d'être un porte-parole d'une génération qui n'est pas très représentée et qui pourtant fait l'énergie de tout ce qui s'est passé historiquement dans les pays arabes, explique la réalisatrice Leyla Bouzid. Je parle de ces jeunes très modernes, très créatifs et qu'on ne voit jamais, parce qu'il y en a d'autres qui prennent toute la place. »
Hier
Son père, Nouri Bouzid, compte parmi les plus éminents réalisateurs en Tunisie. C'est toutefois sa mère, médecin généraliste, qui emmenait le plus souvent Leyla en salle ou lui proposait des soirées Arte cinéma. Premier choc vers 14 ans, avec Citizen Kane. Deuxième choc avec Sonate d'automne, de Bergman. Et les films de papa? "Je les ai vus plus tard, sourit la volubile trentenaire en agitant les bras. J'ai même joué dans l'un d'eux, Tunisiennes."
Dans un premier temps, l'ado songe à devenir chef op. "Avec ton 1,50 m et tes frêles épaules, personne ne voudra de toi", soutenait son père. Elle s'entête un moment, avant de prendre conscience que la réalisation et la direction d'acteurs l'attirent davantage. Direction Paris, où elle étudie les lettres à la Sorbonne, avant d'intégrer la Fémis. À sa sortie, Bouzid senior l'engage comme scripte sur Millefeuille et elle bosse en renfort mise en scène sur La vie d'Adèle, de Kechiche. Mais surtout, elle se consacre à l'écriture de son premier long métrage avec une copine de cours. Hors de question que papa y mette son grain de sel. "Il faut bien que je m'en affranchisse, non?"
Aujourd'hui
Quand la révolution tunisienne éclate fin 2010, journalistes et cinéastes s'empressent de filmer l'événement. "Mon réflexe a été inverse, analyse Leyla. Je me suis dit que le cinéma allait enfin avoir la liberté de parler des années Ben Ali. De cette atmosphère étouffante, de cette paranoïa au coeur d'un Etat policier: découvrir que l'un de mes amis était un indic m'a totalement bouleversée."
Centré sur Farah, 18 ans, chanteuse insoumise, À peine j'ouvre les yeux je plonge dans un Tunis underground. La cinéaste a voulu insuffler l'énergie de la jeunesse et de la révolte dans son film. "Une énergie proche de celle qu'il y a dans Head-On, de Fatih Akin. J'ai donc tourné uniquement en décors naturels. Avec, en guise de figurants, les vrais clients d'un bar ou d'une gare routière. J'ai aussi laissé certaines scènes chantées - rock, rap - dans leur intégralité. La fureur qui s'en dégageait importait plus que la justesse." Son souhait? Que la jeunesse tunisienne se reconnaisse dans son film, qu'il donne envie de créer et de se battre à tous ces artistes encore sous-représentés dans les médias de leur pays.
Demain
"Réaliser un long métrage demande une énergie phénoménale", explique Leyla. Il me semblait impensable de réfléchir au prochain tant que celui en cours n'était pas achevé. Il fallait d'abord que je recharge les batteries." Les prix du public qu'À peine j'ouvre les yeux a récolté aux Festivals de Saint-Jean-de-Luz et de Venise l'a remotivée. La cinéaste se dit plus sereine, plus capable d'envisager la suite. Elle réfléchit à un sujet totalement différent. À un film sur le couple. À des histoires de désirs et de sexualité dans les pays arabes.
"Même dans l'intime on peut toucher au politique, estime-t-elle. Loin de moi, toutefois, l'idée de ne faire que des fictions politiques. Je n'ai aucun plan de carrière. J'ai traité les rapports mère-fille dans l'un de mes courts et dans ce premier long, j'ai l'impression d'en avoir fait le tour. Être cinéaste, c'est savoir se renouveler, préserver le désir. Comme Bergman ou Kurosawa, des maîtres dont j'espère modestement pouvoir un jour arriver à la cheville."


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