Avec l'approche de l'hiver, notre chaîne nationale a pris le pli ces derniers jours de diffuser de façon itérative et à des plages horaires de large écoute un spot mettant en exergue les méfaits et risques encourus par les utilisateurs du braséro (Kanoun). Louable initiative en elle-même mais médicalement insuffisante selon les spécialistes en la matière. Car en focalisant l'attention du citoyen uniquement sur cette source potentielle de danger, le spot en question occulte d'autres moyens de chauffage en mesure de causer des dégâts autrement plus graves pour leurs utilisateurs.
En fait tous les moyens de chauffage au gaz peuvent être à l'origine d'intoxications mortelles (intoxication au CO, le monoxyde de carbone et plus connue sous la dénomination Zanzana) ! Un sujet que nous avons traité précédemment mais qu'il serait utile d'en rappeler les principales idées maîtresses.
Signes trompeurs de l'intoxication : Le hic dans l'affaire est de taille et risque d'être tout simplement mortel. S'agissant d'une émanation incolore et inodore, le sujet ne parvient pas à la détecter, s'en imprègne progressivement de façon insidieuse, éprouve des maux de tête (céphalée), une somnolence avec une sensation bienfaitrice d'assoupissement et de torpeur le conduisant à une impotence fonctionnelle dans un premier temps avant de perdre connaissance et de sombrer dans un coma très profond et apparaissant en quelques minutes. Pire, même au cas où il se rendrait compte de son intoxication en cours, que quelque chose ne tourne pas rond quoi, et étant atteint par une perte du sens de l'orientation (astéréognosie), dans sa tentative de regagner la porte ou la fenêtre, il se dirige vers le coin opposé où il finira par s'écrouler. Et c'est généralement là qu'il est découvert bien plus tard gisant inanimé, le teint rosâtre très évocateur de l'origine de l'intoxication, de la mort.
Manœuvres préventives : Pendant qu'il est encore temps, l'hiver n'étant qu'à ses premiers balbutiements, certaines précautions sont à prendre dès à présent pour prévenir les mauvaises combustions de nos appareils de chauffage. Ramoner les cheminées, changer les mèches des réchauds à pétrole, vérifier les conduits et tuyauteries des poêles, des installations et des chaudières, et surtout déplacer les chauffe-eaux des milieux clos (cuisines, salles d'eaux, salles de bains) vers des espaces ouverts, largement aérés (courettes). Tous les gaz de combustion sont nocifs lorsqu'ils sont brûlés en pièces closes et qu'ils consomment tout l'oxygène disponible. Bien sûr patienter le temps qu'il faut pour que la combustion du braséro soit complète et la flamme totalement rouge (qui de nous ignore le rôle primordial joué pour ce faire par la boîte magique Saliha ?).
Que faire en cas d'un sinistre ? Ne point actionner le commutateur d'électricité de peur de provoquer une déflagration. Penser en premier lieu à aérer la pièce quitte à briser les vitres pour gagner du temps. Extraire la victime du milieu vicié et l'exposer le plus rapidement possible à l'air libre. Pas de fausse pudeur, entendre lui faire perdre du temps précieux à tenter de la rhabiller sur place. Confier à quelqu'un la tâche d'alerter les secours : la protection civile(198), le SAMU (190) et le médecin le plus proche. Bien sûr tenter une réanimation (bouche à bouche voire massage cardiaque externe) en cas de nécessité pour les initiés.
Chaque hiver, nous continuons à payer un lourd tribut en vies humaines, et à défaut : incapacités partielles permanentes (IPP), absentéisme et spoliations médicamenteuses donc de liquidités pour la communauté suite à des intoxications au CO facilement évitables. Une sensibilisation tous azimuts à tous les niveaux inciterait les utilisateurs des moyens de chauffage, tous les moyens de chauffage, à prendre les précautions idoines et les initierait quant aux dangers et périls mortels auxquels ils s'exposent. Vivement, une campagne surtout aux heures de grandes écoutes et ne se limitant guère aux périls engendrés par le... braséro !