Incontestable succès théâtral de la saison écoulée, "Solwen" de Leila Toubel est de nouveau sur les planches. Le public pourra retrouver cette oeuvre attachante à El Teatro pour trois représentations les 14, 15 et 16 janvier. "Solwen" ouvrira ensuite la saison théâtrale du Vog, avant une tournée à Paris, Bruxelles et Genève... Avec "The End" puis "Monstranum's" de Ezzeddine Gannoun, Leila Toubel avait signé un retour remarqué sur les planches après une longue absence. Ensuite, cette comédienne et dramaturge qui a, durant de longues années, accompagné l'essor du Théâtre El Hamra, a repris en solo les rênes de sa carrière. Un personnage imaginaire qui ressemble à chacun de nous Et ce fut "Solwen" dont la sortie en 2015 transforma le come-back de Toubel en véritable triomphe. Seule en scène pour un spectacle d'une heure, Toubel est aux prises avec son personnage, les fantômes de la révolution et une amnésie symbolique qui guette en embuscade. Cette oeuvre est en effet un incroyable soliloque au cours duquel l'actrice donne toute la mesure de son talent, un spectacle où par moments, on ressent qu'elle s'évade du personnage pour haranguer une foule, un public qui ne sait plus a quel saint se vouer depuis que la révolution de 2011 a pris des chemins de traverse. Dramaturge - elle a écrit toutes les oeuvres récentes du Théâtre Al Hamra-, Leila Toubel a l'art d'installer un dispositif et d'y fondre son audience. Avec elle, subrepticement, le jeu revient à l'essence du théâtre, c'est à dire à une forme d'interpellation du destin. Tout en se donnant corps et âme au personnage qu'elle incarne, Toubel parvient ainsi à capturer l'urgence du discours et sait aller vers ce qui taraude son spectateur. En effet, prise à témoin, l'audience de "Solwen" passe par l'enthousiasme pour naviguer dans le doute et, parfois, sombrer dans l'inquiétude. Comme si chaque spectateur revivait les riches heures puis les moments troublants de la période révolutionnaire. C'est ce caractère d'histoire immédiate sublimée par le théâtre qui fait la force et l'originalité de "Solwen" Le parcours que Toubel met en scène pourrait être celui de n'importe quel citoyenne, celui de milliers de gens qui ont cru à des lendemains qui chantaient, ont vécu la chute d'un régime et la complexité de ce qui a suivi. A aucun moment, le discours ne l'emporte sur la fiction théâtrale. Nous sommes bien face à un personnage imaginaire mais qui ressemble à chacun de nous. Cette capacité de Toubel de s'adresser dans une langue magnifique à chacun de ses spectateurs, comme pris individuellement, fait la magie incomparable de ce spectacle-action, de cette oeuvre qui emprunte autant aux canons de l'agit-prop du théâtre révolutionnaire qu'aux monodrames qui flirtent avec l'absolu. Le public ne s'y est pas trompé, donnant à "Solwen" le label de spectacle de l'année 2015. Nouvel atout du spectacle: le sur-titrage en langue française En ce début 2016 et pour commémorer la révolution, un cycle exceptionnel de "Solwen", une oeuvre bien servie par la musique originale des frères Gharbi, aura lieu à El Teatro. Trois représentations sont en effet programmées les 14, 15 et 16 janvier et permettront de retrouver la performance époustouflante de Leila Toubel. Pour ces représentations, la nouveauté est le sur-titrage en langue française du texte de Toubel qui devrait maintenant permettre de rallier un public seulement francophone. Ce sur-titrage sera par ailleurs l'atout de "Solwen qui s'apprête à effectuer une tournée européenne qui le mènera en France, en Belgique et en Suisse. Cette tournée aura lieu en mars prochain. Auparavant, Toubel et son équipe ouvriront la saison théâtrale du Vog, au Kram, le 12 février, rendant ainsi hommage à Moncef Dhouib qui vient de remettre cet ancien cinéma dans le circuit culturel. Seule oeuvre théâtrale achevée à s'emparer du thème de la révolution en lui donnant les accents d'une introspection personnelle, "Solwen" n'a pas fini de surprendre le public et, assurément, mérite de figurer dans le répertoire des grands classiques du théâtre contemporain.