La Tunisie, après la Révolution et cinq années de tergiversations idéologiques et politiques, se trouve à la croisée des chemins, là où tout est flou, désordre et déceptions successives, là où l'on sent une odeur de rance, l'odeur de la corruption. Notre pays passe par une période critique de son histoire et a besoin, le plus urgemment possible, d'un plan de redressement socio-économique pour parer à l'effondrement de l'administration et par là même de la plupart des citoyens, et là aussi l'on sent une odeur de rance, l'odeur de la corruption. La Tunisie souffre à en perdre le nord, sous le poids d'un modèle de développement obsolète et incapable de donner des réponses aux attentes d'une jeunesse démunie du simple droit au travail, source première et unique de dignité humaine, d'une jeunesse qui conteste, proteste, se révolte contre la marginalisation et l'appauvrissement. Là encore l'on sent une odeur de rance, l'odeur de la corruption. La Tunisie peine à se mettre sur ses jambes et à voir clairement les contours de l'avenir que l'Etat, quasiment absent, essaye de redessiner très maladroitement, mais se trouve inapte à faire écho aux slogans tant criés et à vive voix au début de la Révolution. Là toujours l'on sent une odeur de rance, l'odeur de la corruption. La Tunisie a du mal à se permettre le luxe d'une convalescence faute de politiciens intègres et de politique saine qui laisse pour compte la soif inassouvie du pouvoir. Dans tout cela, il est de fait que la corruption s'est propagée de long en large au risque de devenir une fatalité. Là aussi l'on sent une odeur de rance, l'odeur de la corruption. En somme l'ensemble des circuits et des organes est contaminé par la gangrène de la corruption qui ronge la majeure partie du tissu social à commencer par les hommes d'affaires en passant par les responsables administratifs pour en arriver au simple citoyen. La corruption est devenue, semble-t-il, un comportement collectif, une mentalité qui entache le vécu quotidien des Tunisiens. Que dire d'un citoyen qui ne travaille pas plus d'une heure par jour et qui ne fait pas la queue devant le guichet de la poste ? Que dire des chefs de partis politiques qui dilapident des sommes faramineuses pour un siège à l'Assemblée des représentants du peuple? Que dire du boulanger qui use et abuse de la compensation pour vendre du gâteau ? Que dire d'un responsable qui fraude une liste de candidats postulants à un travail ? Que dire encore d'un corrompu jusqu'à la moelle qui, sur le plateau d'une télévision et avec tout le culot du monde, se permet de donner un cours magistral sur les moyens de lutte contre la corruption ? En définitive la seule solution salvatrice est de s'atteler, sans plus tarder, au travail et à l'assainissement du climat social dans le respect de la loi, surtout que plus de la moitié de l'économie nationale se négocie dans le circuit parallèle, le circuit de la contrebande et des malversations. Ne vous ai-je pas dit que tous les chemins mènent à la corruption ?