Le Sahara, un mot magique, qui fait rêver et voyager. Le désert en tant que tel est très attrayant on ne peut rester insensible à sa beauté et tout son charme qui incite beaucoup de touristes à y venir. Le Sud tunisien avec plus de 11 000 lits ne cesse d'attirer un nombre important de touristes. Ce Sahara a d'autres secrets. Il est plein de vie et d'animation. Il offre à ses invités de belles images et tous les ingrédients de l'aventure et des sensations fortes. Mais ce Sud est actuellement en crise. Son tourisme est en berne. Tozeur tout comme Kébili ou Douz sont sinistrés. Les hôtels sont fermés. Les artisans, les voyagistes, les loueurs de quad et de chameaux, les restaurants et les hébergements sous tente sont dans l'attente d'une reprise qu'ils savent de plus en plus difficile. Une reprise qui flatterait davantage le moral que les portes monnaies. Le plus gros du trafic touristique annuel dans la région se fait en hiver. De nombreux opérateurs ont même gelé leurs activités. Le Sud a du mal à décoller comme l'attestent les professionnels. Mais faut-il rester les bras croisés ? En attendant le passage de l'orage, il faut remettre en valeur ce Sud, revaloriser son tourisme saharien. C'est dans ce cadre que s'inscrit le workshop organisé le 6 février à Tozeur en faveur de l'association de sauvegarde de la médina de Tozeur, qui soutenu par la coopération allemande (GIZ) a présenté son projet qui vise à accompagner un développement touristique durable à travers la valorisation des espaces et du patrimoine naturel et culturel de la région. Ce workshop a été organisé en deux parties : une matinée consacrée à la présentation de l'état d'avancement du projet et la réhabilitation du syndicat d'initiative et une après-midi consacrée aux axes prioritaires du projet à travers un processus participatif, afin de consolider le contenu du projet par des recommandations et des propositions. Sami Saya Expert, Senior, chargé de la formation et Promotion de l'Emploi des Jeunes, à GIZ a souligné que la coopération allemande GIZ à travers son bureau de Tunis a lancé une initiative d'appui à des projets innovants à travers "le fonds Emploi" codirigé par le ministère tunisien de la Coopération internationale et la GIZ sous la direction de Hidelgard Vogelmann. L'un de ces projets innovants s'intitule "Nos ressources, clés de nos emplois" et a pour objectif de soutenir le développement touristique durable à Tozeur. L'Association de Sauvegarde de la Médina (ASM) de Tozeur dans une démarche novatrice de promotion de l'emploi dans le secteur touristique, a pu ainsi stimuler le développement local à travers le renforcement des capacités des organisations de la société civile à mettre en œuvre des projets de développement local durable mobilisant les ressources du territoire Promotion de l'emploi touristique Soleil ardant du Sahara si proche, fraîcheur des oasis nées du miracle de l'eau, mirages incessables du chott, beauté sauvage des canyons de Mides, dunes de sable aux reflets dorés et tout cela à moins de trois heures de l'Europe : au départ de sa petite capitale, Tozeur « le sud tunisien offre un dépaysement brutal où les paysages se bousculent et se concurrencent superbement. Consacrée par les philosophes, les poètes, les astronomes et les mages, Tozeur aime à rappeler qu'elle fut, jadis, l'une des villes les plus prospères du monde saharien. Son architecture traditionnelle est à nulle autre pareille. GIZ croit beaucoup à cette destination. La lutte contre le chômage, de meilleures conditions de travail et un renforcement de la compétitivité sont des objectifs prioritaires de notre politique. Mandatée par le gouvernement fédéral allemand, la GIZ apporte son soutien à la Tunisie au travers de nombreuses actions visant à renforcer la performance économique dans les régions. Elle encourage l'esprit d'initiative et l'entreprenariat en mettant l'accent sur les secteurs économiques innovants. Des petites et moyennes entreprises reçoivent des conseils en gestion des ressources humaines, transferts de technologies et marketing. Notre objectif est de contribuer à la construction d'un avenir prometteur pour la jeune génération tunisienne de la région de Tozeur en s'appuyant sur la valorisation des potentialités du patrimoine naturel et culturel de Tozeur. L''objectif de ce fond est d'ouvrir la voie à l'emploi des jeunes dans la région ainsi que la découverte et l'identification des meilleures idées de projets pour la promotion de l'emploi et les concrétiser sur le terrain. Ce projet entame sa deuxième phase qui va se prolonger tout au long de 2016. L'objectif est maintenant d'assurer la pérennisation de ce projet, au moyen de formation de consolidation des acquis professionnels des ressources humaines déjà en place », a précisé M Tobias Seilberlich Chef de projet Fond d'emploi à GIZ. Transport touristique : rénovation de 70 calèches Edifiés par l'échec du tourisme de masse, c'est une prise en main qui s'est amorcée depuis plusieurs mois. Les acteurs locaux veulent privilégier un « tourisme de qualité » en redonnant vie à leur patrimoine, qui a fait le succès de la région au commencement du tourisme saharien dans les années 1960. Ils ne veulent plus de structures centralisées. Les régions doivent s'auto développer. Au Jérid, l'activité économique repose essentiellement sur l'agriculture oasienne et le tourisme. Ce dernier secteur a subi de plein fouet les contrecoups de la révolution du 14 janvier 2011, ce qui s'est répercuté par la fermeture de plus de la moitié des établissements hôteliers, la mise au chômage de centaines d'employés et la précarité de nombreuses corporations et prestataires de services (caléchiers, artisans, guides, restaurateurs,...), a précisé Karem Dassi Président de l'Association de sauvegarde de la Médina de Tozeur « Depuis mars 2011, l'Association de sauvegarde de la médina de Tozeur se fait un devoir de contribuer à la relance de ce secteur. Différentes activités ont été engagées dont l''organisation de deux workshops dédiés à la relance de l'activité touristique (28 juillet 2011, 26 mai 2012) la mise en place d'un réseau information service (R.I.S) et le balisage d'un quartier ancien au cours de l'année 2013;la formation de six guides locaux; l'engagement d'un programme de labellisation des maisons d'hôtes et hôtels de charme afin de développer le tourisme culturel et alternatif et la contribution active à la création de la Chambre de développement du tourisme oasien et saharien (CDTOS). Le présent projet vient compléter les actions précédentes et concrétiser les recommandations des workshops pour pallier certaines carences structurelles et faire du Jérid une région-destination. Notre objectif est de stimuler le développement local à travers le renforcement des capacités des organisations de la société civile. Nous ciblons essentiellement le tourisme oasien et saharien et les activités connexes. Notre feuille de route projette la diversification du produit touristique en mettant en place des circuits de tourisme culturel et d'écotourisme dans la région, l'insertion professionnelle des jeunes chômeurs diplômés de l'enseignement supérieur en entreprenant la formation et la requalification de 25 jeunes diplômés chômeurs pour animer ces circuits et itinéraires et en dynamisant des structures en léthargie ou à créer, la consolidation des emplois précaires(la corporation des caléchiers) et création des conditions pour la création de nouveaux emplois ou de sources de revenus (métayers, briquetiers, céramistes,...) autour du projet en mobilisant les ressources humaines, culturelles et naturelles du territoire. Nous tablons également sur l'amélioration de la qualité des services en dotant les nouveaux guides et le syndicat d'initiative en équipements et en supports de marketing et de promotion (dépliants, brochures,...). Et enfin, en améliorant l'outil de travail et la qualité des services des caléchiers et des guides en activité (rénovation des calèches, formation et recyclage), la communication autour de la région et du projet en produisant un documentaire sur le projet et les potentialités touristiques de la région et en créant des sites web aux différentes corporations professionnelles, l'amélioration de la gouvernance locale et renforcement de la capacité des associations locales, en constituant les guides en société coopérative afin de garantir la durabilité du projet, en réorganisant l'association des caléchiers et en réhabilitant le syndicat d'initiative. Le projet prend fin en 2016. Le bilan est positif. L'ASM et le GIZ sont arrivés finalement à diversifier l'offre touristique (4 nouveaux circuits conçus et balisés), la promotion des formes d'éco-mobilité (trekking, randonnées pédestres et équestres, vélos). La région gagne en visibilité et dont l'identité est mieux perçue grâce aux divers documents produits (cartes, dépliants, brochures, guides, documentaire, sites web,...).35 personnes formées ou recyclées dont 20 jeunes guides pour animer les nouveaux circuits. 70 calèches ont été rénovées donnant ainsi une meilleure image de la corporation et de la destination. Réhabilitation du syndicat d'initiative La restauration d'une économie locale, créative par un nouveau rapport d'échange du patrimoine culturel, s'avère nécessaire pour une revitalisation du patrimoine culturel de la ville de Tozeur. Les acteurs du tourisme plaident pour la réhabilitation du syndicat d'initiative. «A Tozeur, souligne Slim Tlatli, consultant en tourisme, le premier syndicat d'initiative fit son apparition au début des années vingt du siècle dernier et c'est sous la houlette de son secrétaire, Gabriel Combes, que la première monographie touristique de Tozeur fut éditée en 1928. Longtemps actif et rayonnant ; ce syndicat n'existe plus. Il a été boudé par les professionnels. Aujourd'hui, il n'en reste que le local délabré. C'est pour quoi il faudrait réhabiliter ce syndicat d'initiative. C'est un outil de communication en tant que vitrine de la ville et structure d'accueil et de relais pour les activités liées au tourisme. Sa mission est d'informer, de proposer des services aux touristes et de promouvoir et animer la cité. C'est un outil de développement local et économique. Sa réhabilitation constitue un projet mobilisateur pour les divers acteurs et services liés au tourisme » Force est d'observer que le choix d'encourager le développement du tourisme saharien n'est pas un choix fortuit ou de circonstance de la part de l'ASM de Tozeur, mais bien le fruit d'une réflexion sur le devenir du tourisme tunisien et la stratégie de sa diversification dans un environnement compétitif. Ce n'est pas un hasard si GIZ s'investit dans le Sud. Son objectif comme l'a précisé, Lotfi Rahmouni, expert en patrimoine, est de permettre aux régions sahariennes déshéritées de trouver, dans le tourisme, une solution à leurs problèmes économiques, tout en préservant leur patrimoine culturel et naturel.