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Traces et réminiscences
Laurence Michalak présente Tunis and beyond au club T.-Haddad
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 05 - 2013

La Tunisie a toujours envoûté les poètes et les peintres étrangers qui la visitent. Ils déchiffrent dans sa posture triangulaire — ciel, mer et montagne — les trois composantes essentielles de l'être : l'intellect, l'affect et le percept. L'inspiration libre et créatrice constitue pour eux une respiration pérennisée, soit par leur peinture parlante (la poésie) ou par la poésie muette (la peinture).
En rentrant chez eux ou en en voguant vers d'autres contrées, ces artistes ne quittent pas vraiment le territoire tunisien, puisqu'ils y laissent des traces ensemencées d'une poignée d'amitié, de fraternité et d'amour. René Char ne disait-il pas qu'«un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver»? Ces traces renforcent donc ce cordon ombilical qui ne sera jamais rompu. Elles deviennent un fil d'or nommé : poésie.
L'ami et le frère de la Tunisie, l'Américain Laurence Michalak, y est revenu pour humer cette odeur qui lui est chère, l'odeur de ces sensations et le goût de ces souvenirs qui, même lointains, n'ont pas pu être zébrés de sa mémoire sensorielle et affective. Toutes ces correspondances ont été humectées par plusieurs voix à résonnances originales qu'on décèle dans son recueil : Tunis and beyond (Tunis et au-delà) paru dans les éditions Calamus à Tunis en 2012. Le poète est allé lundi dernier, au Club Tahar-Haddad, son livre à la main, chérissant des passages de bonheur, des vers de nostalgie et des propos de reconnaissance, rythmés de tirades tendres et sympathiques.
«Orientalitude»
C'est sur le territoire tunisien qu'a atterri Laurence Michalak, venu volontairement en 1964 pour accomplir une mission au sein du Peace Corps (corps de la Paix) qui est une organisation américaine à vocation humanitaire. Il a vécu dans la Tunisie postcoloniale et a été également dans le corps de l'enseignement comme professeur d'anglais au collège Sadiki , à Mont-Fleury et à M'saken. Il a donc côtoyé les élèves, les étudiants et encadré des chercheurs tunisiens et américains. Amoureux du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, Laurence se dit être anthropologue, avant tout. D'ailleurs, il a écrit sa thèse de doctorat sur les souks hebdomadaires de Jendouba. Ce chercheur, sensible à une matière aussi riche, a également cohabité avec les autochtones pour apprendre le dialecte tunisien. C'est, donc, en fouillant dans les scènes de la vie quotidienne que le corpus lui a servi de sujet d'investigation, d'analyse et, surtout, d'amour. Petite once d'amour, dira-t-on, qui a été sublimée grâce à la naissance de son recueil de poèmes Tunis and beyond (Tunis et au-delà). Au-delà de quoi Mister Laurence? Tunis serait-elle pour vous un autre monde? Surnaturel peut-être ou surréaliste?
A priori, le poète qui a créé dans, sur et à travers la langue arabe, en la faisant s'entrelacer avec la langue anglaise, déclare tacitement que ses poèmes ne cherchent pas à trouver le dieu ou la muse du vers poétique qui va vers un au-delà insondable et déroutant. Ils s'inscrivent plutôt dans ce regard humble, innocent et vrai, un regard qui conçoit à sa manière un Tunis selon un au-delà pluriel : il prend forme avec ces mots en arabe qu'il essaie tendrement de déchiffrer dans son poème «Arabic», écoute le temps dans «Mosque of Uqba»... Toutefois, seule la rime est maîtresse dans ce recueil, elle est la pierre de touche de la poésie de Michalak, elle est différente de l'assonance habituelle de la poésie, elle enfante des rimes qui sont aux profondeurs des traditions palpitantes, elle se promène avec les vibrations des rues, elle écoute les cœurs, elle représente enfin à grands coups de pinceau une essence et un sens appartenant à l'imaginaire collectif, mental et sensoriel de la Tunisie.
Michalak a donc voulu traduire, à sa façon, une Tunisie plurielle et profonde, une Tunisie tendre et rude, une Tunisie pure et négligée. Baudelaire disait bien: «Qu'est-ce qu'un poète, si ce n'est un traducteur, un déchiffreur ? »
En évoquant l'importance du verbe dans son poème «Weight of Words» (Le poids des mots), Laurence nous parle de la «densité de la phrase » qui peut posséder plusieurs vies, plusieurs souffles en atteignant, grâce à son éclat, une valeur suprême qui nous hisse vers une félicité pure.
C'est en anglais, certes, que ses poèmes sont écrits, mais la lecture de ses quelques poèmes a été magnifiée lorsque notre poète a essayé de traduire en arabe le poème. On riait, on souriait, on pénétrait la voix de cet Américain qui, soucieux de ne commettre aucune faute, parvient même à argumenter avec quelques proverbes tunisiens très anciens et qui nous font rappeler la déclamation de nos grands-mères. C'est après que Hatem Bourial, journaliste et critique tunisien, a fait illico la traduction avec une pointe humoristique, tout en gardant le souffle et la saveur du poème.
Tunisiennement vôtre!
Dans son au-delà à lui, Laurence a tissé une étoffe faite d'une communion qui se nourrit d'une communication dégagée et subtile. Ce recueil est le rêve d'une poésie possible enracinée sur une terre irriguée de mysticisme, de prose vécue et de grâce magique.
Cette terre est racontée à travers le poème qui porte sur «L'escargot». En fait, celui-ci est décrit de plusieurs manières : pour Michalak «chaque escargot a une personnalité », il y a le paresseux, qui ne veut pas changer de place, qui se recroqueville dans son petit coin, intime peut-être, qu'en sait-on? « Il est capitaliste; il monte sur le dos de son ami », il y a aussi le fameux escargot fellagha, ce pourfendeur qui rode et s'enfuit dans la cour... drôles d'escargots... Différent est le regard quand l'imagination interpelle tout être vivant et le rend plus humain que les êtres humains. N'est-ce pas le poème qu'on peut assimiler à l'escargot ? Effectivement, la ressemblance nous est parvenue grâce à ces images qui laissent imaginer que le poème se cache dans sa coquille lexicale, imagée, il entre et sort, comme le poème qui oscille entre le visible et l'invisible. Le poète s'arrête et dit à l'escargot : « Je dois te dévorer », quand le lecteur qui aborde le poème le déguste aussi à sa manière!


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