Abdelhamid Sakli, âgé de 64 ans, arbore plusieurs casquettes. Parti en retraite en mars 2012 où il était à la tête de la Direction des activités culturelles, sociales et sportives relevant du ministère de l'Education nationale, et enseignant au lycée pilote de Omrane, il se consacre depuis, pleinement, à l'association tunisienne d'éducation artistique qu'il préside sans pour autant négliger son travail en tant qu'artiste plasticien. Le Temps : Parlez-nous de l'association que vous présidez. Abdelhamid Sakli : C'est une association qui a été créée en 1987, 29 ans de cela, dans le but de permettre un contact direct entre les enseignants et les adhérents à travers des séminaires de sensibilisation et des expositions. Depuis 2002/2003 je préside à cette association. Nous avons trois volets, répartis ainsi, le premier : séminaires, le deuxième, les expositions et le troisième des ateliers d'arts plastiques, de théâtre ainsi que toutes activités artistiques. Nous travaillons en collaboration du ministère de la culture et parfois en convention avec le ministère de l'environnement, cela dépend de l'activité en question. Nous coopérons très souvent avec la médiathèque de l'Ariana et de Tahar Haddad. Nous avons la chance de coopérer avec le Complexe culturel de Monastir et quelques maisons de jeunes. A l'échelle maghrébine, nous coopérons avec deux associations marocaines. Nous cherchons maintenant à relancer les actions avec le ministère scolaire concernant les concours scolaires comme organiser des décorations murales. Quels rôles tiennent les activités culturelles et artistiques dans la vie des élèves ? Si les élèves se trouvent dans des situations telles que, sombrer dans la drogue à un jeune âge, partir au djihad en Syrie, quitter leurs études, etc... c'est à cause du fait qu'on a pas accordé la place qui sied à la culture et à l'art dans notre enseignement. Donc, j'estime que les activités culturelles et artistiques aident à être plus équilibré. Quelles seraient les meilleures stratégies à concevoir aujourd'hui concernant l'éducation culturelle ? Et qu'elles seraient les étapes ? Je commencerai par revoir les emplois du temps imposés aux élèves. Pour la simple raison que nos élèves sont en train de suffoquer face aux bourrages de crânes qu'ils subissent. Il y a trop de matières, trop de chapitres, l'élève ne peut adhérer à un club culturel non pas par choix mais par manque de temps. Sans oublier les cours particuliers, que je considère comme un obstacle et un handicap. Plusieurs parents pensent que pour arriver à obtenir de meilleurs résultats et scores, les cours particuliers se doivent d'être dans le quotidien de leurs jeunes enfants-élèves. Tandis que les activités culturelles ont une meilleure influence sur les élèves d'où l'amélioration de leurs résultats et scores. On a fait des études et des recherches sur le sujet et il s'est avéré que les élèves qui pratiquaient des activités culturelles avaient tendance à avoir de meilleures notes. La meilleure chose serait d'instaurer les clubs culturels, que ce soit cinéma, théâtre, dessin, danse, musique, environnement,... comme un choix obligatoire lors des inscriptions. Deuxième point, serait l'organisation des manifestations pour ces clubs. Créer des festivals régionaux et nationaux. Par exemple, régionales, toutes les écoles, collèges et lycées participent à un festival musical et le groupe régional gagnant aura le droit de participer à un autre festival international aux frais du ministère de l'éducation. Cela les aidera beaucoup à se faire connaître et les motivera. Ce que j'estime comme une bonne initiative, serait que l'animation culturelle, artistique et sportive soit partie prenante dans l'organisation et le système éducatif et non pas la dernière roue de la charrette. Troisième point, serait la prolongation et l'alternance des cours de classe avec des activités culturelles. Par exemple le professeur d'histoire ferait son cours sur le patrimoine tunisien pour l'étendre au musée du Bardo ou au site archéologique de Carthage tout dépendra de l'époque et du lieu de l'école si c'est à Mahdia, les élèves iront à El Jem. Ce qu'il faut faire c'est réserver un budget spécial pour ces excursions et pour les régions intérieures puisque la distance entre les musées et sites et les écoles primaires et lycées est plus longue. Aussi dans le domaine du théâtre et du cinéma. Le but est de sortir un tantinet de la classe et cela relève du professeur et de l'organisation éducative. Maintenant, il est temps de repenser et de réviser les stratégies de la mise en œuvre des activités culturelles et artistiques.