Le chef du gouvernement semble avoir voulu adresser un rappel à l'ordre et une mise en garde en Conseil des ministres à bien du monde et en premier lieu à ses propres ministres, dont les départements posent problèmes d'orientations stratégiques ! Désormais, les lois seront appliquées sur les laxismes constatés au niveau de l'environnement avec une pénalisation plus sévère à l'encontre des pollueurs impénitents, surtout ceux qui ne s'embarrassent pas de jeter un peu partout les déchets solides de leurs chantiers sauvages. Par ailleurs, on annonce la fin de la récréation pour tous ces mouvements anarchiques qui bloquent la production et l'économie du pays. Il était temps ! Et enfin, le grand dossier des mosquées « hors contrôle » (pour ne pas dire, hors des lois), est remis sur la table et on envisage des mesures énergiques pour ramener les maisons de Dieu à Dieu et pas à ceux qui les manipulent au nom de l'islamisation politique extrémiste ou takfiriste. Evidemment, le porte-parole du gouvernement, M. Khaled Chawket, tout en finesse et subtilité, a rassuré surtout bien des « alliés » parmi les défenseurs des imams qui sont beaucoup plus zélés par le « jihadisme » que par la culture de la tolérance et de la paix citoyenne, en affirmant que la démarche se fera par « étapes ». (Décidément, tout le monde devient... Bourguibiste... et c'est tant mieux) ! On essayera, d'abord, par la persuasion, puis par l'avertissement, j'imagine par cartons « jaunes » comme au football, et si tout cela n'a pas convaincu « nos » imams takfiristes, on appliquera la loi et ce sera le « carton rouge » ! Tout cela est, donc, louable, et il n'est jamais trop tard de reprendre les choses en main... encore faut-il avoir réellement la volonté ferme et inébranlable d'appliquer les lois ! Je ne veux faire de procès à personne, mais que Monsieur le nouveau ministre des Affaires religieuses, me permette de douter de cette volonté au vu de ses propres déclarations. La première en guise « d'entrée », c'est ce « bonheur » répandu à travers les ondes d'une radio il y a quelques semaines, où M. le ministre répondait au reproche malin du journaliste, sur le soutien dont il a bénéficié du parti Ennahdha pour avoir le poste : « Que puis-je faire si Ennahdha m'apprécie... » à la limite, c'est la faute du ministre ! Le hic, c'est que son prédécesseur, le très courageux cheikh Othman Battikh, a été « sacrifié » parce que l'Islam politique a tenu à avoir sa peau (en tant que ministre) pour avoir limogé les imams très politisés, pour ne pas dire autre chose, comme MM. Ridha Jaouadi, goutte d'eau qui a fait débordé le vase après les « gaffes » du cheikh Battikh sur le « jihad ennikah », assimilé par lui à une dépravation, puis la « guerre » qu'il a menée contre le fameux cheikh Laâbidi qui a « occupé » illégalement pendant des mois la grande mosquée de la Zitouna et les locaux de la Khaldounia, puis, enfin, la faute suprême d'avoir empêché son « Excellence », M. Noureddine El Khadmi, ancien ministre des Affaires religieuses de la Troïka, de présider les prêches hebdomadaires, du Vendredi Saint, à la mosquée « El Fath », au cœur de Tunis ! Avouons que le cheikh Battikh en a trop fait ! D'ailleurs, sa témérité à défendre l'Islam spécifique tunisien, l'Islam modéré zeitounien de nos ancêtres et non pas celui d'El Azhar des Karadhaoui, des Wajdi Ghouneïm et j'en passe, il a fini par le payer « cash » ! Reste le plat de résistance... venons en ! Rien qu'avant-hier sur « Nesma T.V », Monsieur le nouveau ministre des Affaires religieuses se fait un peu provoquer par notre collègue Borhane Bessaïes, sur les différentes lectures des textes sacrés dont le Saint Coran, en lui rappelant que les takfiristes et les terroristes de Daëch et compagnie, ont eux aussi appris le Coran, mais avec cette différence qu'ils ont tendance à interpréter les textes pour commettre leurs crimes contre l'humanité paisible et libre... Et c'est là, justement, où « l'élite » n'est pas d'accord avec le programme et l'approche globale du ministère et sa vision des écoles dites « coraniques » etc... Et le ministre de se défendre « l'éducation religieuse c'est l'affaire des départements de l'Education... nous, nous ne faisons qu'accompagner ce qu'ils font dans les mosquées en essayant de rationaliser le discours religieux et les prêches ». Quant aux « élites » de la modernisation, le ministre qui semble ne pas les porter dans son cœur, n'a pas trouvé mieux que de cautionner l'approche nahdhaouie qui fait endosser les dérives extrémistes, à ce qu'ils appellent la « désertification » ! En effet, les islamistes estiment que Bourguiba et Ben Ali ont négligé et même contribué, selon eux, à démolir l'enseignement religieux « zeitounien » ! Il serait intéressant de demander à M. le ministre de faire un véritable bilan honnête des réformes éducationnelles « religieuses » opérées du temps de Bourguiba qui a créé, entr'autres, l'université de la Chariaâ et des fondements de la religion à Montfleury, et qui a généralisé l'éducation civique et religieuse dans toutes les écoles et les lycées de la République. Bien mieux, l'étude devrait nous dire et révéler combien de mosquées (Jamaâ et Masjed) construites par milliers par Bourguiba et l'Etat national moderne, dans tous les gouvernorats de la République ! Mais, tout cela on l'oublie pour les intérêts politiciens ! De fait, l'approche « nahdhaouie » que le ministre semble apprécier, ne parle pas des thèses à travers le monde et les universités réputées où Bourguiba et le Bourguibisme sont étudiées comme les véritables réformateurs de l'Islam rationnalisé et adapté au monde moderne. Tout le monde se réclame des réformateurs du 19ème-20ème siècles, des cheikhs Mohamed Abdou, Afghani, Beyram V, Kheïreddine, Senoussi etc... mais personne ne dit que les recommandations de ces réformateurs n'ont été réellement accomplies qu'en Tunisie... la Tunisie de Bourguiba ! Le vrai « désert » et la vraie désertification, Monsieur le ministre des Affaires religieuses de Tunisie, sauf votre respect, c'est celle qui a opéré et continue d'opérer le lavage des cerveaux systématique des enfants et des jeunes pour en faire des assassins et des criminels terroristes. Tout le reste est propagande qui n'accroche plus ! « Bruxelles » en est le nouveau témoin ! K.G