Le jour « J » s'annonce pour demain mais la fièvre commence à tomber car le terrorisme a ramené tout le beau monde politique à l'amère réalité celle qui a fait que trois ans de laisser aller à tous les niveaux ont enfanté ce t hydre à mille têtes et ses complicités adjacentes ! Oui, le terrorisme est bien là et pour quelques bonnes années, si ce n'est des décades à venir, parce que la semence n'est pas dans la terre qui peut tarir et sécher mais a été transfusée à la source dans les esprits et les cœurs de milliers de jeunes fragilisés ou désœuvrés par l'intermédiaire de la prédication (Eddaâwa), intense dans nos mosquées en grande majorité et des imams wahabisés qui ont pris possession des maisons de Dieu « libérées » (sic) par la Révolution. Je lis et entends ça et là encore des justifications de leaders politiques qui prennent encore les Tunisiennes et les Tunisiens pour des « tarés », raconter sereinement et avec quelle certitude, que tout cela, à savoir les terroristes tunisiens leaders dans le monde par milliers, sont la résultante de la « désertification religieuse » opérée du temps des « anciens régimes, allusion à Bourguiba et à Ben Ali. Cette démagogie relève de la désinformation la plus puérile et la plus totale qui ne repose sur aucun fait ni démonstration scientifique. Pour connaître la vérité sur la vraie « désertification » il aurait fallu faire un bilan et un audit de toute la politique religieuse de l'Etat national moderne. A-t-il interdit la religion ou a-t-il tenté de la rationaliser ! A-t-il empêché quelqu'un de faire ses prières, le Ramadan, le Haj ou la Omra et toutes les célébrations du culte musulman, ou a-t-il opté pour la réforme des études de la Zitouna en l'intégrant dans le cursus et la structure modernisée aux normes universelles ! that is the question ! L'audit en question aurait pu, d'ailleurs, nous éclairer sur le nombre de mosquées et maisons de Dieu, nouvelles qui ont été construites depuis l'indépendance sans compter toutes celles qui ont été rénovées souvent intégralement. C'est dire que la « désertification » dont on parle, n'a pas été dans la limitation de la pratique religieuse, mais dans sa gestion saine et rationalisée, la défanatisation de la religion et son adaptation à l'évolution humaine et du monde. Ces « derwiches » et autres « charlatans » d'Orient qui nous ont envahiaprès la Révolution profitant de l'absence de l'Etat, puis de la déconfiture des barrières de contrôle à la frontière sans parler des « visas » accordés généreusement à des démagogues de grand calibre accueillis souvent en VIP et grands invités d'honneur de la Tunisie, ont tout simplement célébré dans notre propre pays musulman depuis 14 siècles, le nouveau « Fath » (libération) de l'Ifriquiya (Tunisie antique et médiévale). Leurs discours, tout en venin, contre la modernité « bourguibienne » (francophone et occidentalisée) mettaient l'accent sur la « désertification » et la « répression » de la religion par les anciens régimes alors qu'aujourd'hui, les mêmes acteurs et adeptes infléchissant leur mettre en pratique la vision du grand Vizir et homme d'Etat qu'était Khéïreddine au 19ème siècle puis de Tahar Haddad et Bourguiba au 20ème siècle. De fait, la vraie « désertification » c'est celle qui a été opérée, méthodiquement après la Révolution sous nos yeux, en plongeant nos mosquées dans les discours fanatisés et décadents d'un autre âge, avant de découvrir les désastres et les dégâts qui ont suivi ces grands bains de lavage de cerveaux que les imams takfiristes et wahabistes ont déversé tels des torrents de fanatisation et de discorde dans ce pays. Ici on l'a compris. On récolte pour cela d'anciens discours n'arrêtant pas d'appeler à la nécessaire réforme de la pensée islamique et son adaptation au monde moderne ! Alors, tant que nous y sommes et si on veut être logique bientôt M. Karadhaoui et ses pairs vont non seulement adopter les réformes du grand Kheïreddine dans son livre-repère « Akwam al masalik fi Maârifat ahwal al Mamalek » (les meilleurs voies pour connaître l'état des nations) publié en 1868 et dans lequel il appelait déjà les musulmans à s'inspirer de l'Occident, mais ils vont bientôt aussi rendre à César ce qui est à César, et remercier Tahar Haddad et Bourguiba d'avoir agi pour mettre en œuvre ces réformes et le prix symbolique de « Ibn Rochd » de la liberté de pensée pour avoir finalement emprunté le chemin et de Kheïreddine et de Bourguiba, vrais grands réformateurs et l'Islam. Personnellement je ne m'en offusque pas et en toute sérénité pour le bien de la Tunisie, je dirai : « « Il n'est jamais trop tard... pourvu que le cheikh vice-président des ulémas musulmans et premier lieutenant Karadhaoui, soit... sincère et réellement convaincu de ce qu'il dit et ce qu'il fait. La remise en question de convictions « anciennes » et l'autocritique sont toujours les bienvenues de la part des philosophes et des penseurs... alors que dire des hommes politiques ! D'ailleurs Kheïreddine qui était le serviteur et ministre du Bey, monarque absolu et de droit divin, a été le premier à virer vers le réformisme et l'institutionnalisation de l'Etat basée sur la liberté et la justice, mais aussi une adaptation à l'évolution humaine inspirée par l'Occident. Une manière de rompre avec la vraie « désertification » celle de la pensée unique et de l'intolérance qui font que la religion soit devenue aujourd'hui non pas une libération, mais une suite sans fin de contraintes qui mènent tout droit à l'obscurantisme et... au terrorisme ! A défaut de séparer la religion de la politique qui a été l'étape clé de l'évolution démocratique et culturelle en Occident, qu'on désigne souvent par la « laïcité chrétienne », agissons au moins pour la rationalisation de la religion comme l'a fait Ibn Rochd. Faute de quoi, le terrorisme résultante de la vraie « désertification » des imams takfiristes et obscurs aura des espaces de conquête malheureusement... très prometteurs ! K.G