Les travaux artistiques au nombre approximatif de trois cents (300) exposés à Tunis et à la Marsa, dans le cadre de l'exposition de l'union, auraient pu refléter pour certains d'entre eux, d'une manière directe ou indirecte, symbolique ou autre, la situation de notre peuple face au terrorisme. Aucun titre ou œuvre ne soulève la problématique de la terreur sauf Houda Ghorbel et Wadi M'hiri comme nous l'avons annoncé plus haut et qui ont traité avec véhémence ce thème omniprésent dans notre vie quotidienne et dont nous sentons les effets matin et soir, tous les jours de la semaine et même comme le dirait Ouled Ahmed le dimanche ». Se peut-il que noter art ne soit pas à l'écoute de la vie. Nous ne pouvons pas croire que nos artistes, si prompts à s'exprimer dans tous les styles et à adopter toutes les démarches, négligent cette option de dire non à la mort, oui à la vie. Se peut-il que nous ne soyons pas capables de sensibiliser spirituellement nos étudiants et nos artistes à réduire notre travail aux controverses styliques et autres balivernes. Se peut-il que nous ayons négligé de lier les problèmes artistiques à la culture, à l'humanisme, à la démocratie et à l'avenir de notre pays. La constatation que nous faisons concernant cette faille dont nous sommes, peut être responsables, n'est pas une condamnation des artistes tunisiens ou de l'art qui se fait aujourd'hui, dans notre pays mais montre sensiblement à nos jeunes, les réalités afin qu'ils fassent attention à cette même vie pour la défendre avec les moyens dont ils disposent et ces moyens sont multiples et vont de la ligne, à la couleur, au volume, aux technologies les plus modernes de la communication... etc. Tous les styles modernistes, contemporanistes. Tout doit être fait pour que nos créateurs puissent dans leurs travaux faire attention à la vie, tout en réfléchissant à tout, à notre art... et au marché de l'art. Fragment (VIII) Le marché de l'art tarde à venir. Les institutions subissent la mainmise de certains éléments. Le fait que les artistes se donnent à eux-mêmes leur propre côté et leur propre valeur d'une façon arbitraire et très souvent illogique. Les prix des travaux artistiques se pratiquent à la tête du client. Si l'acheteur est l'Etat, le prix de la galerie connaît alors, un bond vertigineux. Dans les manifestations organisées par l'UAPT, les prix sont dès le début surévalués parce que le seul client qui achète, c'est l'Etat en l'occurrence. La commission nationale d'achat telle qu'elle est ballottée entre des intérêts divergents et contradictoires des associations apparemment concurrentes ne pourront jamais travailler dans la quiétude et l'efficacité. Cette instabilité n'est pas seulement due aux intérêts divergents mais également à l'instabilité du marché de l'art, à sa non-structuration, à l'inexistence d'un musée d'art moderne et contemporain véritable instrument de régulation et créateur de la côté personnelle des artistes. D'autres éléments entrent en jeu dans la détermination de la cote et de la détermination de la place des artistes par rapport au marché national, arabe et peut être aussi international. Sans la confrontation des artistes tunisiens avec ce qui se passe dans la région et dans le monde, nous ne pouvons que stagner comme aujourd'hui, et rester face à nous-mêmes en train de reproduire un art dans sa majorité, tout au plus « orientaliste », décadent sans accéder à la recherche de nouvelles voies modernes et peut être d'ordre contemporain, mais ancrées dans une culture nationale critique ouverte au monde et à ses valeurs les plus humanistes et les plus belles à la sauvegarde de la vie. Fragment (IX) Les artistes qui exposent aujourd'hui n'ont, certes, pas démérité en osant défier les menaces des terroristes et des assassins. Cependant, la présence « passive » de certains artistes n'a pas été mobilisatrice parce qu'en fait, leur travail est resté abscond. En vérité, aussi, parce que le grand public n'a pas fréquenté les espaces alloués à l'exposition. Il se peut aussi que l'art tel qu'il est présenté, ne l'a pas intéressé, loin s'en faut ! L'art en Tunisie et cela n'est pas nouveau, semble peu au fait de la réalité et de l'histoire, de la vie, de la douleur, de la mort et de tous les « affects ». L'art, à travers cette exposition est autonome, sourd, aveugle à tous les maux comme à toutes nos joies. Saura-t-il un jour, dire le monde ? Quand il le fera, le monde s'intéressera à lui, alors ! Il nous semble que le seul intérêt suscité par les travaux présentés, aujourd'hui, dans les différents espaces en question, n'est ni le public, ni le succès ou l'échec de la manifestation, ni le sens, ni les apports artistiques ou esthétiques... Ce qui importe avant tout c'est la vente et l'achat ! C'est l'argent ! La vente est effectuée par l'Union et l'achat par... certains responsables de l'Union, avec quelques résistances de quelques membres... quand ils sont présents et quand ils ne subissent pas de pression ! Fragment (X) La prépondérance de cette association revient avec force. Les ex-présidents sont à nouveau à la barre se servent les premiers à la caisse, fixent eux-mêmes leurs prix, exorbitants de leurs « œuvres », 2 à 3 fois, les prix privés, 10.000, 7.000, 8.500, 12.0000 DT... l'Etat, le budget payera.... 200.000, 300.000 ou même 400.000. Cela Importe peu cette rapine organisée, est le reflet des préoccupations des dirigeants de l'organisation qui touchent tous des salaires significatifs. Nous sommes, quant à nous, sûrs que certains anciens dirigeants et même les jeunes écervelés nouvellement promus appartiennent au lobby éparpillé dans les institutions universitaires, dans des comités et dans la commission d'achat..., et font tout pour exercer des pressions sur les membres indépendants, des commissions financières, mais également, sur des responsables du secteur. Tout doit leur obéir. Rien ne doit leur échapper..., surtout pas l'argent ! Quant à la lutte contre le terrorisme, personne n'en parle ! Personne n'y pense ! Est-ce ainsi que la culture se développe dans la coercition, la terreur et l'égoïsme. Le terrorisme que nous subissons de l'extérieur semble voir réussi à faire des petits... chez nous... parmi certains apprentis-sorciers de l'art et nous ne sommes pas impressionnés par cela ! Houcine TLILI