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«L'art pour l'art»
Publié dans Le Temps le 08 - 04 - 2016

Hamadi Ben Neya n'était que ferrailleur, « Khardaji » en somme, Hamadi aurait pu se contenter de devenir riche comme tous les ferrailleurs dans notre pays. Il a préféré s'adonner à l'art par amour de l'art, à la sculpture par goût du volume, à l'aventure artistique pour redonner forme et vie aux objets abandonnés, disloqués, démembrés et à tous les matériaux du rebut qui ont perdu leur usage et leur sens... à toutes ces choses, Hamadi Ben Neya essaye d'insuffler une nouvelle âme et une nouvelle mission plus spirituelle, plus belle et plus symbolique.
Pour cela, il a eu recours à la sculpture pour réaménager, réordonner les formes délaissées par le temps pour leur assigner une nouvelle fonction de rendre la vie plus belle. Quoi de plus normal pour un ferrailleur que de plonger dans sa montagne de rebus pour récupérer les éléments d'une nouvelle configuration reconnue et identifiée par tous, comme étant d'essence sculpturale.
C'est en 2012 lors du printemps des arts – fairs à El Abdelliya que Hamadi Ben Neya a commencé à exposer ses sculptures. L'année 2012 a été une année connue dans histoire de l'art, comme celle de l'agression salafiste contre l'art, la figuration artistique et contre toute forme d'expression et de création artistique libre. Cela n'a pas ntimidé l'artiste loin de là il continua de plus belle sur sa lancée et ne donna aucune importance aux actes iconoclastes et aux vociférations rétrogrades des salafistes et de leurs alliés de l'époque. Hamadi Ben Neya plongea plus profondément dans sa ferraille et dans sa caverne d'Ali Baba pour sortir des trésors de formes merveilleuses.
D'autres artistes de la Recup ont précédé ou suivi le même itinéraire sculptural que Hamadi ben Neya. Il faudrait citer ici les amis de notre sculpteur comme Najet Ghrissi, Hela Briki, Mourad Ben Brika, Mohsen Jilliti, Lassad Ben Sghair, Saber Sahraoui, Aziz Mohsni, Youssri Bahrini... Omar Bey.
Chacun de ces sculpteurs a développé une ligne sculpturale bien spécifique à lui. Leurs travaux se distinguant les uns des autres par le taux de recours au matériel récupéré ou neuf et de leur Combinatoire.
Hamadi Ben Neya, lui, commence son œuvre par l'extraction et la sélection des éléments de la « recup ». L'expérience et la connaissance de l'ancien ferrailleur lui permettant d'anticiper et de préparer les éléments essentiels de son travail surtout lorsque le sculpteur réalise ses formes féminines.
C'est ainsi qu'il a développé sa propre ligne sculpturale. Il procède par la récupération et l'assemblage du maximum d'éléments ayant appartenu à des engins, véhicules, machines diverses nécessaires à ses projets sans compter les matériaux massifs de bronze, de cuivre...
Les objets de petite taille comme les clous, les clés, les éléments de mécanisme désarticulés seront importants pour le sculpteur surtout lorsqu'il crée l'ossature de cernage de la forme sculpturale.
Malgré le nombre incalculable d'objets auquel le sculpteur a recours, il ne choisira que les éléments qui entrent réellement dans la confection de sa sculpture du point de vue technique mais aussi du point de vue des objectifs esthétiques et de leurs affects. A ce niveau l'assemblage, très pénible, des éléments constitutifs, de la forme et de volume grâce au poste de soudure, sera suivi par le sablage de ce qui a été assemblé et ensuite par le traitement.
Les femmes de Hamadi Ben Neya
Dans ses sculptures anthropomorphiques féminines plus particulièrement Hamadi Ben Neya procède non pas par extraction ou retrait de matière mais par ajout de matière. Le sculpteur « farfouille » dans son firmament de formes, d'objets en métal, de matériel électrique et grâce à son poste de soudure confectionne l'assemblage de sa voûte, de sa paroi, de son contour ou du cernage de sa sculpture.
La sculpture de Hamadi Ben Neya n'est donc pas massive. Le vide intérieur qui occupe la silhouette du cerne n'est pas non plus un creux qui ressemblerait à un creux crée dans un matériau volumique, mais un vide déterminé par ce cerne translucide formant une paroi de dentelles d'éléments tissées comme des arabesques métalliques légères pour habiller des mannequins à lignes parfaites ou des déesses parfaitement similaires.
Cette première démarche du sculpteur nous parait se situer dans la sculpture de la statuaire non massive. Elle pourrait intégrer des espaces intérieurs ou peut être des espaces intermédiaires et ceci parce que sa structure est légère et que le matériau qui la compose est susceptible de connaître des attaques du temps et des modifications pouvant lui faire perdre sa luisance.
Nous sommes persuadés que la sculpture de Hamadi Ben Neya durera longtemps et que malgré son aspect immobile, elle continuera à suggérer le mouvement, à exprimer les justes proportions de son cerne et de son volume ainsi que de la bienséance de sa composition. La sculpture ne souligne pas l'identité de ses représentations ni leurs traits. Elle reste quelque peu abstraite et semble se suffire à elle-même et à cette harmonie tranquille qu'elle dévoile.
La deuxième méthode de réalisation artistique déployée par le sculpteur dans cette exposition concerne la production de quelques formes non-figuratives liée à la création sculpturale moderne.
Cette démarche semble être vouée à l'obtention de formes abstraites et ne se réfère pas au corps humain, à la nature ou au monde animal.
Les formes obtenus ne créent pas de volume et n'impliquent pas le vide. Les formes retenues sont plates, rondes, géométriques, deviennent tantôt verticales tantôt elliptiques. Ces objets viennent illustrer la volonté de l'artiste de varier sa production en direction de la modernité et de la sculpture d'ornementation de l'espace aussi bien interne qu'externe.
A partir d'une expérience et d'une tentative de produire une sculpture de statuaire assez élaborée mais tributaire des trouvailles du hasard, la sculpture de Hamadi Ben Neya évolue vers une création de plus en plus consciente de ses moyens et de ses objectifs surtout au niveau de la sculpture du corps et plus particulièrement de celui de la femme. L'artiste a été fasciné par la pureté et la douceur des lignes du corps de la femme dont il explore ici les multiples facettes sans tomber dans un érotisme vulgaire mais en réinventant toute une représentation presque antique disant toute sa beauté, sa magnificence.
De ferrailleur, Hamadi ben Neya, désormais devenu sculpteur mesure la trajectoire qu'il a parcourue lors de cette deuxième exposition personnelle... et nous aussi.


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