«Celui qui attend que tout danger soit écarté pour mettre les voiles, ne prendra jamais la mer. » Cette citation de Thomas Fuller nous rappelle que la mer, synonyme de beauté, de grandeur et de mystère, réserve parfois de mauvaises surprises à ceux qui s'y aventurent imprudemment. Et cela, la marine navale tunisienne ne le sait que trop. Déployée tout au long de la ligne frontalière séparant la Tunisie des pays voisins, cette branche de l'armée tunisienne mène dans les eaux territoriales un rude combat contre tous ceux qui essaient de quitter illégalement le territoire tunisien ou de s'y introduire de la même manière et d'y semer la zizanie. C'est à la base navale de la Goulette qu'ont été accueillis les journalistes tunisiens invités par le ministère de la Défense et l'armée nationale pour rencontrer certains hauts gradés de la marine nationale et y découvrir le travail quotidien des troupes qui y sont affiliées. Forte de près de 4500 hommes et femmes, la marine tunisienne compte six bases navales dont celle de Bizerte, de Kélibia ou encore de Sousse. Sa mission consiste à veiller à la sûreté maritime du pays et de le défendre via des interventions offensives et défensives dans les eaux territoriales. Outre le danger sécuritaire et les tentatives d'intrusion de certains groupuscules visant à déstabiliser le pays et à menacer sa sécurité, la marine tunisienne est constamment confrontée au problème de la migration clandestine qui a enregistré un pic durant les quelques semaines et mois suivant la Révolution du 14 janvier 2011. Au mois de février 2011 par exemple, près de 5000 clandestins ont tenté de rejoindre l'autre rive de la Méditerranée. Profitant de l'instabilité sociopolitique du moment et alors que les forces sécuritaires avaient baissé leur garde et focalisaient plus sur la sécurité interne du pays, les passeurs avaient saisi l'occasion pour accélérer la cadence de leurs activités illégales. Durant cette période et chaque jour durant, des centaines de migrants clandestins, hommes, femmes et enfants, partaient illégalement à bord d'embarcations de fortune en direction de la France ou de l'Italie. Beaucoup sont morts, d'autres, beaucoup plus nombreux ont survécu mais ont connu l'enfer des camps de réfugiés et l'humiliation du rapatriement. Heureusement, après une période de flottement, la marine tunisienne a rapidement repris les rênes et a de nouveau traqué sans répit les migrants clandestins. Lors de la visite des journalistes, un exercice pratique s'est d'ailleurs déroulé en leur présence, réalisé par trois différentes unités du 51ème régiment d'infanterie de commandos de la marine. Au programme de cette simulation réaliste, l'interception d'un bateau suspect avec à son bord des migrants clandestins. Aussitôt interceptée, l'embarcation a été prise d'assaut par une première unité qui a minutieusement fouillé les lieux et procédé à l'arrestation des migrants clandestins dont l'un d'eux a fait mine d'attaquer l'un des officiers. La fouille n'ayant abouti à rien, l'ordre a été donné à l'unité des démineurs de plonger sous l'eau pour vérifier si le bateau n'était pas chargé d'explosifs et s'il présentait encore un danger. A l'instar de celle des autres branches de l'armée nationale, la mission de la marine tunisienne nécessite courage et endurance. Immense, incertaine et dépendant entièrement des conditions climatiques, la mer est un champ de bataille rude et dangereux. Seuls les meilleurs s'y risquent ! C'est pourquoi la marine nationale ne lésine pas sur les moyens pour former et entraîner ses officiers en Tunisie et à l'étranger et s'est récemment dotée d'un centre de formation pratique, abritant notamment un simulateur tactique dernier cri, conçu en 2011 et mis en activité en mai 2013. Outre d'importantes économies, cet outil permet aux élèves officiers de s'entraîner « virtuellement » aux manœuvres et aux stratégies de guerre en mer, dans des conditions quasi-réelles.