Il y a des paroles qui tuent. Plus sûrement qu'une arme doublement affûtée, trempée de surcroît, dans du poison et du fiel. Il y a des paroles qui vous clouent au pilori. Plus sûrement que la plus élaborée des potences, parce que dénuée d'âme, qui exécute sans se tromper, avec au bout toujours, une mort assurée. Il y a des paroles qui incitent à la haine, et qui devraient être condamnées sans concession, parce que la haine se nourrit de la haine, qui fait le lit de toutes les déraisons. Mais il n'y a aucune folie douce là-dessous. Juste une hydre crapuleuse qui peut prendre plusieurs visages, pour accomplir son but funeste, sans jamais peser dans la balance, la part de la bêtise et la part de la méchanceté des hommes. Cela importe peu il est vrai puisqu'ils versent dans le même fleuve immonde et nauséeux. Celui que viennent creuser chaque jour davantage, des pseudo-religieux, qui ne cultivent justement avec la religion qu'un immense malentendu. On aura tout vu, tout entendu ces derniers temps sous nos cieux, concernant les homosexuels, qui sont, tour à tour, condamnés à être bannis de leur ville, soumis à des tests dégradants, jetés en prison, en pâture aux loups, interdits d'entrée dans certains restaurants, interdits d'accès dans certains taxis, et aujourd'hui, pointés du doigt comme étant une engeance de Satan qu'il faut exécuter pour répondre aux préceptes de la Chariâa. Quelle Chariâa, et quels Imams avons-nous, à la tête de nos mosquées, pour qu'ils osent, en toute impunité, appeler au meurtre des homosexuels sans autre forme de procès, en guise de prêche du vendredi, censé enseigner les valeurs de l'Islam, qui sont aux antipodes de la haine et du rejet des humains, quels que soient leurs différences? Et comment en est-on arrivés-là? Il y a maldonne; et cela n'augure rien de bon, pour ce qui concerne le respect des valeurs universelles sous nos douces latitudes, qui se targuent d'avoir fait le choix de l'ouverture, et de la tolérance, envers cet Autre, qui peut ne pas vous ressembler, sans que jamais sa différence ne soit source de conflit ou de dédain. Parce que ce sont nos différences qui nous enrichissent, et qu'elles sont les garantes de cette liberté, gagnée au prix de tant de combats, qu'il s'avère déshonorant aujourd'hui d'en pervertir le sens et le message profond, au nom d'une idéologie rétrograde et meurtrière, dont nous ne pouvons que refuser, jusqu'à la fin des temps, les tenants, comme les aboutissants, parce que nous refusons d'être complices, d'une «hécatombe» organisée, sous la bannière de «Cambistes», décatis et hypocrites, qui interdisent partout ce qu'ils pratiquent chez eux, derrière les murs épais et torves, de leurs doubles discours...