Quoiqu'on puisse dire de la consommation des Tunisiens durant le mois de Ramadan, l'une de ses caractéristiques reste, sans doute, l'envie subite qu'ils retrouvent, à chaque Ramadan, pour la consommation des gâteaux locaux appelés Zélabia et Mkhareq, confectionnés et vendus, plus spécialement, par les marchands de beignets. Quelques pâtissiers en vendent aussi, à l'occasion, mais le gros de l'offre et de la demande passe par les marchands de beignets, notamment les ceux ayant acquis une réputation dans la spécialité. D'après une enquête que nous avons effectuée auprès de quelques marchands de beignets réputés dans la capitale Tunis, et sa proche banlieue nord, le volume de Zélabia et Mkhareq que les habitants de la capitale Tunis consomment à eux seuls, durant le mois de Ramadan, est énorme et s'élève à des dizaines de tonnes. Nos interlocuteurs nous ont signalé qu'en moyenne, un marchand de beignets vend de 500 à 1000 kilos et plus par jour, à des prix variant entre 5 et 7 dinars le kilo. Il faut dire plutôt que ce grand volume de Zélabia et Mkharq est écoulé en une après midi, au cours des quelques heures précédant la rupture du jeûne, car, la vente, du moins dans la capitale Tunis, commence, généralement, vers midi, et va, en s'animant, au fil des heures, avec la sortie des bureaux. De longues files d'acheteurs constitués, pour la plupart, de pères de familles, se forment devant les marchands de beignets, en particulier ceux concentrés dans les rues de Bab Jédid, Bab Mnara, et dans le centre ville de Tunis. L'affluence se poursuit à ce rythme jusqu'à l'heure de la rupture du jeûne. Presqu'à la chaîne, les vendeurs, vêtus de blouses blanches, servent les clients, leur pesant les quantités demandées qui varient selon les personnes, et manipulées à la main. Cependant, il a été constaté que de très rares vendeurs prennent le soin de mettre des gants à leurs mains, à titre d'hygiène alimentaire comme il est recommandé en de pareils cas. Au même moment, et comme si toutes ces quantités énormes de Zélabia et Makhareq, confectionnées et vendues par les marchands de beignets de la capitale Tunis, ne suffisaient pas, plusieurs marchands ambulants dans des camionnettes ont pris l'habitude d'en amener d'importantes quantités pour les vendre dans les grands places de Tunis et sa proche banlieue nord, notamment dans la Goulette et Le Kram, sachant qu'ils prétendent, tous que cela provient de la ville de Béja, réputée pour cette spécialité. Il faut admettre qu'en tant que préparation sucrée, les Zélabia et Makhareq sont bons, et leur avantage est que la personne s'en contente du peu, mais la table de rupture de jeûne chez nous est par nature très garnie et comprend, en même temps, de nombreux mets différents. Toutefois, le plus bizarre est que les marchands de beignets parlent d'un recul de la consommation des Zélabia et Makhareq, disant que la fièvre de consommation se limite aux dix premiers jours de Ramadan. Ils affirment que les jeunes ne les aiment pas et n'en prennent pas, de sorte que les acheteurs parmi les pères de famille se contentent de s'en approvisionner juste pour orner la table du repas d'Iftar.