Les concertations entre les différentes parties prenantes pour la formation d'un gouvernement d'union nationale vont bon train et semblent avancer, au rythme voulu, selon une source digne de foi proche du Palais de Carthage. Nous apprenons, ainsi, que le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Houcine Abassi, devrait être reçu, aujourd'hui par le président de la République afin de lui présenter le document de la Centrale syndicale contenant ses propositions à propos de la structuration du futur cabinet gouvernemental, de la méthodologie de son action pour redresser la barre sur les différents plans, politique, économique, social et sécuritaire. C'est dire le poids et le rôle qui échoient, désormais, à l'UGTT, en cette phase cruciale de l'histoire du pays ! Un poids de taille et un rôle déterminant dans la conduite des affaires et dans la gestion des tractations en cette étape décisive pour la suite des événements. En effet, nous croyons savoir que le secrétaire général de la Centrale syndicale a tenu à ce qu'il soit reçu, séparément au Palais de Carthage, pour présenter la « feuille » de l'UGTT avant la tenue de la prochaine réunion générale avec les autres composantes du dialogue. Autrement dit, Houcine Abassi tient à ce que les propositions et les visions de la Centrale soient étudiées directement par Béji Caïd Essebsi, distinctement de la synthèse qui devra être préparée par les autres parties intervenantes, en l'occurrence l'UTICA, l'UTAP, le parti Ennahdha, Nidaa Tounes, Afek Tounes, l'UPL, Al Mchrou3, Al Massar, Al Moubadara, Al Joumhouri et Echaâb. Il était plus logique, effectivement, qu'une synthèse des différentes propositions et autres conceptions de l'action du prochain gouvernement, soit présentée afin d'éviter la multiplication des propositions qui pourraient, alors, être répétitives ou même contradictoires, sans oublier le gain de temps énorme qui aurait été gaspillé en débats, dans un cas contraire. Les choses étant ce qu'elles sont, il est attendu que la prochaine réunion des représentants des partis et des organisations se tienne bien avant la fin de la semaine en cours, et pourquoi pas dès demain mercredi, si tout va bien et si le document-synthèse en question est déjà prêt, d'ici là. Outre le poids pris par l'UGTT, pour mener à bien cette opération de mise sur pied du gouvernement d'union nationale, c'est le rôle qu'est en train de jouer Ennahdha, plus précisément, son président Rached Ghannouchi, qui paraît de la plus haute importance dans le sens qu'en plus de l'avantage dont il dispose en traitant directement avec BCE, il bénéficie d'un rayonnement particulier auprès des pays étrangers « décideurs ». La visite effectuée pat Rached Ghannouchi et ses proches « lieutenants » en France où il a eu des rencontres avec de hauts dirigeants à Paris en témogne. Et après un démenti sur l'aspect officiel de cette visite par Rafik Abdessalem, gendre du Cheikh, affirmant qu'il s'agit d'une visite à caractère purement privé, le président d'Ennahdha a dû rectifier le tir et annoncer qu'il s'agit d'une action de « diplomatie populaire ». Or, aux dernières nouvelles, il s'avère que la délégation du parti islamiste était bel et bien invitée de façon officielle par le Quai d'Orsay, sachant que Paris, et tout l'Occident avec, ont toujours cru, voulu et tenu à ce que la mouvance islamiste soit associée au pouvoir. Pour eux, c'est la condition sine qua non pour garantir l'équilibre et la stabilité en Tunisie. Ennahdha, qui a repris du poil de la bête suite à son fameux 10ème congrès et l'effritement du parti de Nidaa, tient, désormais, à jouer le rôle qui sied à son nouveau poids, et tous les indicateurs à Montplaisir et les déclarations répétées de ses dirigeants, plus particulièrement, Abdelkrim Harouni, nouveau président du tout puissant Conseil de la choura vont dans cette direction. Tout va dans le sens, effectivement, que le parti, au référentiel islamiste, ne compte plus se laisser faire, mais, plutôt, tient à imposer ses volontés dans un paysage politique et partisan marqué par la débandade et l'effritement dans le sens où l'UPL, mal géré et sans assise de base, n'a pratiquement plus de poids, et où Afek Tounes semble éclaboussé par l'affaire de l'achat de Go Malta par Tunisie Telecom. Quant à Nidaa, il semble dépassé par les événements et ses principaux dirigeants passent leur temps à se contredire. Ainsi, après le démenti apporté par Sofiène Toubel concernant les « propos acerbes échangés entre Houcine Abassi et Hafedh Caïd Essebsi », lors de la dernière au Palais de Carthage, le fils du chef de l'Etat, s'est rendu, dans une première du genre, au siège de l'UGTT pour s'y entretenir avec son secrétaire général. Encore une fois, HCE fait une mauvaise gestion, notamment au niveau de la communication, d'un dossier délicat. S'étant comporté avec agressivité, voire avec « arrogance », selon certains, dans un moment de colère, Caïd Essebsi junior a dû se raviser et adopter un profil bas pour éviter le « courroux » de la Centrale syndicale. Et qu'on ne vienne pas dire que les deux hommes ont discuté du temps et du climat chaud dans le pays ! Il faut dire que les observateurs sont unanimes à constater que chaque fois qu'il se mêle d'un dossier, le fils du président de la République ne fait que mettre le pied dans le plat pour créer l'incident. Il ne faut pas oublier qu'il se trouve, en très grande partie, à l'origine de la crise qui a fait imploser le parti vainqueur des législatives de 2014. Et tout récemment, il était à l'origine du vote chez Nidaa contre le maintien de Habib Essid à la tête du gouvernement. Or, le vent semble tourner à ce propos. Houcine Abassi a été clair en déclarant que l'actuel chef du gouvernement n'a pas démérité et qu'il n'a aucune objection à ce qu'il garde son poste. Il en est de même pour Rached Ghannouchi qui verrait d'un bon œil le maintien d'Essid à la tête du gouvernement d'union nationale. L'argument présenté est que mise à part une communication défaillante, Habib Essid s'est convenablement acquitté de sa tâche. Alors, restera, restera pas ? Il semble encore une fois qu'à part la position catégorique et hâtive prise par Hafedh Caïd Essebsi, tous les autres partenaires de cette opération privilégient plutôt la méthodologie de travail et la structuration qu'à une polémique portant sur le nom du prochain locataire du Palais de la Kasbah. Et c'est, donc, la démarche qui semble remporter l'adhésion de la majorité y compris celle du président de la République...