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L'exubérance, le « m'as-tu vu ? », et au bot..., le drame...
Jeunes écervelés de 18 ans au volant
Publié dans Le Temps le 12 - 11 - 2007

Ils sont âgés de 18 ans, en phase de construction de leur avenir, de leur identité. Ils sont encore immatures, irresponsables, toutefois, la vie leur sourit, elle est belle pour eux, il faut donc savoir en profiter. Les soirées dans les boîtes de nuit se prolongent jusqu'au petit matin. Mais le chemin de retour n'est pas toujours garanti,
car les risques d'accidents sont multiples. En effet, nos adolescents dans la tranche moins de 20 ans, plus particulièrement les garçons sont fortement touchés par les accidents de la route. Ils prennent de plus en plus de risques sans en considérer les conséquences. Tous les moyens sont leurs offerts. Des permis de conduire accordés à partir de 18 ans, des voitures populaires et des voitures puissantes pour les gens aisés de la société, sont entre leurs mains. Négligeant les mesures de sécurité ces jeunes adoptent des pratiques irresponsables sur les routes, conduite en état d'ébriété, excès de vitesse et non-respect des signalisations du feu...En 2006, les statistiques de la Direction Générale de la Garde Nationale ont « comptabilisé » le décès de 38 jeunes âgés de moins de 20 ans (dont 37 des garçons) au volant de leurs voitures et de 21 victimes (15-19) tous passagers de moyens de transport. La même source démontre que 267 chauffeurs âgés de moins de 20 ans ont été blessés l'année dernière dont 226 garçons. La majorité des accidents ont eu lieu hors des zones urbaines.
Les spécialistes considèrent que « dans la conduite automobile, la présence d'un passager est un facteur aggravant. Les jeunes conduisant seuls sont sensiblement moins confrontés aux risques d'accidents mortels. La présence d'un pair suffit à mettre le conducteur en danger ». Ce dernier ne lésine pas sur les moyens pour s'exhiber. Il se vante à conduire tout en tenant ostensiblement sa cigarette ou en communiquant au portable. Il n'a pas peur de tenir le volant en état d'ébriété. Il veut être admiré par ses pairs. En adoptant ces pratiques à risque, ils tentent à exhiber une certaine autonomie vis-à-vis des adultes qui ont une grande part de responsabilité. A l'âge de 18 ans, les jeunes manquent d'expérience et d'automatismes. Le risque de maladresse se pose plus chez eux qu'ailleurs.

Insouciance des parents...Et surtout certains parents friqués
Par ailleurs, certains parents sont insoucieux des dangers que coure leur progéniture gâtée en leur offrant des moyens non adaptés à leur âge. Incontestablement, la société tunisienne a changé de profil, les parents sont de plus en plus accaparés par le rythme de la vie moderne, du travail et ils se désengagent par conséquent de leur principale responsabilité, l'éducation et la formation. Ils mettent à la disposition de leurs enfants des moyens qui ne peuvent être que dangereux et aux conséquences lourdes. Elles coûtent la vie aussi bien aux enfants qu'aux innocents qui se trouvent sur leur chemin.
Finalement, c'est aussi une nouvelle culture de virtuel qui tétanise ces jeunes de 18 ans. Ils font des courses de voitures transposant ainsi les jeux vidéo, regardent des films et des émissions qui prônent la vitesse et les grosses cylindrées, mais n'ont très souvent aucune idée des conséquences réelles d'un accident.
S.F

Maher Trimech, sociologue: «Les familles offrent à leurs enfants des moyens qui ne sont pas adaptés à leurs âges et notamment la voiture et les grosses cylindrées »
La société tunisienne a changé de profil, la relation parent-enfant n'est plus comme auparavant. La famille qui a toujours été une référence pour les jeunes perd ses repères. Elle n'est pour le moment qu'un cadre dans lequel se refuge le jeune en quête continue de son identité, de son autonomie. Pour ce faire, il a de plus en plus recours aux conduites à risques. Il se fait même tuer sur la route ou alors il tue. Son seul souci est de s'exhiber. M. Maher Trimech, sociologue nous explique les causes de ces pratiques très présentes sur nos autoroutes. Entretien.

Le Temps : Les jeunes âgés de 18 ans sont au début de leur vie d'adulte, ils commencent à partir de cette phase à être autonomes et indépendants. Toutefois, ils sont nombreux à se tuer sur la route à cause du non-respect du code régissant cette activité.

Maher Trimech: Depuis quelques années, nos jeunes de 18 ans peuvent avoir leur permis de conduire. Juridiquement, cet âge est celui de la maturité de l'être humain et par conséquent, il est plus responsable qu'auparavant. Mais la logique sociale est totalement différente. Car, nous relevons beaucoup de conduites à risque auprès de cette frange de la population. Il s'agit même de l'irresponsabilité. Il est donc important d'analyser les choses par un phénomène plus général, les adultes ont eux aussi des conduites à risque.
En effet, le jeune est en phase de construction du moi, cela se fait par les acquis et non pas par les références. Il se réfère très souvent à ses exploits et ses réussites personnelles. L'une des manifestations de ces pratiques est la conduite à risque et le comportement irresponsable au volant. Il se comporte de cette manière parce qu'il essaye de s'approprier deux choses l'espace et le temps, en d'autres termes, l'espace et la vitesse. Ainsi, la conduite à risque sur la route lui permet d'avoir cette illusion, de dominer ces deux facteurs. Le jeune est dans cette situation en concurrence, c'est une lutte diffuse.
Par ailleurs, l'âge de la jeunesse est celle de l'auto construction du moi par une reconnaissance du soi, c'est-à-dire par tout qui a attrait au corps, au sentiment. La conduite à risque n'est dans ce cas qu'un plaisir. C'est une présence sociale qui permet au jeune de se reconnaître comme étant un acteur. Il ne maîtrise pas dans cette situation son monde. Il se fait voir et valoir par ces pratiques. C'est une exhibition sociale.

*Mais quelle est la responsabilité de la famille dans ce cas ?
-Les rapports au sein de la famille ne sont plus de totalité. C'est un processus à deux usages et fonctions à deux niveaux. Nous assistons en fait à une nouvelle vision de la famille, à une nouvelle redistribution des rôles et statuts au sein de cette structure sociale y compris les enfants comme étant des acteurs. La donne a changé, ils ne sont plus des simples « dominés ». Ils deviennent de plus en plus des acteurs, leur champ d'activité est plus large.
Les familles qui ont des moyens adhèrent à ce comportement car elles les considèrent comme étant de futurs adultes. Elles leur offrent des moyens qui ne sont pas proportionnels à leurs âges, notamment la voiture, et ce pour leur accorder une certaine autonomie et indépendance sociales. Or à cet âge, ils ne sont pas matures. Les parents reflètent leurs statuts sur leurs enfants, c'est une faute grave.

*Pouvons-nous parler alors d'un désengagement de la famille ?
-Evidemment, elle n'est plus une référence. La famille est devenue un cadre de soutien seulement. Elle n'est plus une norme. La substitution des rôles des parents par les institutions a eu des conséquences graves sur les enfants et la société. Leur profil a changé, il y a même une mutation des liens entre eux. De nouveaux rapports sont établis, ils sont basés sur la confiance. Nous assistons de moins en moins à la soumission des enfants. Par conséquent ; leur champ d'autonomie s'est élargi, d'où l'absence de restriction, de sensibilisation et le désengagement de la famille.

*Les jeunes sont donc victimes des différentes mutations sociales ?
-Ils ne sont pas des victimes. Ils sont des acteurs, mais il y a un travail non achevé. Les jeunes veulent maîtriser leur destin en l'absence d'institutions. Même les campagnes de sensibilisation qui sont en train de se réaliser ne touchent pas le fond des problèmes. Cette frange de la société souffre de l'absence totale de références. Rien n'est sûr pour eux, flou du marché de l'emploi, de l'éducation, de la famille...Ils se construisent eux-mêmes dans ce monde vague. C'est vrai qu'il s'agit d'une crise sociale, mais c'est un changement.
Certes, le gouvernement a agi, mais les problèmes des jeunes persistent.
Il faut,, donc se pencher sur le problème de manière plus rigoureuse. Le comprendre dans un premier pas et penser à des politiques efficaces. C'est très important de concevoir une stratégie bien développée impliquant toutes les structures concernées de manière ou d'une autre par la question. De plus, il faut se référer aux spécialistes ; les sociologues et les psychologues pour mieux comprendre le problème et lui apporter les solutions adéquates. Nous ne pouvons pas changer la société cependant, il faut savoir comment la « remédier ».
S.F

Riadh Dabbou, Association Tunisienne pour la Prévention Routière (ATPR): « Il faut cibler les jeunes à partir d'un âge très précoce, même le préscolaire »
« La loi tunisienne accorde aux jeunes la possibilité de conduire la voiture à partir de 18 ans. C'est un avantage qui a notamment pour objectif de résoudre le problème des accidents de la route sans permis de conduire », selon Riadh Dabbou, représentant de l'ATPR. Cette loi, s'inscrit d'après lui dans le cadre de la libre circulation des personnes, elle apporte aussi des solutions aux problèmes qui se posaient, dont l'indemnisation des victimes en cas d'accident causé par un automobiliste qui ne dispose pas de permis.
Pour réduire le nombre de victimes auprès cette tranche d'âge, le représentant de l'ATPR recommande d'établir des campagnes de sensibilisation durables et plus efficaces. « Il faut, en fait, cibler les jeunes à partir d'un âge très précoce, même le préscolaire », insiste-t-il. L'enracinement du respect du Code de la Route auprès des jeunes est un travail de longue haleine qui doit démarrer très tôt. « La sensibilisation est insuffisante en l'absence de stratégies », toujours d'après le représentant de l'ATPR. D'ailleurs, l'association œuvre sur cette base. Elle vient de proposer au Fonds National de la Prévention Routière un programme dans ce sens. « Nous visons à lancer un programme d'éducation routière au profit des enfants à partir du préscolaire jusqu'au secondaire. Mais il faut que les autres intervenants (ministère de l'Education et de la Formation, ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes Agées) s'engagent dans ce processus », appelle M. Dabbou.
Il propose également d'autres solutions pour sensibiliser les jeunes quant aux dangers du non-respect du Code de la Route. « Il faut leur accorder des avantages et des encouragements pour les inciter à appliquer les normes régissant cette activité », conclut-il.
S.F

Chiffres inquiétants
En 2006, les statistiques de la Direction Générale de la Garde Nationale ont « comptabilisé » le décès de 38 jeunes âgés de moins de 20 ans (dont 37 des garçons) au volant de leurs voitures et de 21 victimes (15-19) tous passagers de moyens de transport. La même source démontre que 267 chauffeurs âgés de moins de 20 ans ont été blessés l'année dernière dont 226 garçons. La majorité des accidents ont eu lieu hors des zones urbaines.


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