Le spectacle « May B » de danse contemporaine et de danse-théâtre, présenté avant-hier par la Compagnie française de Maguy Marin au 52 è festival international d'Hammamet, a épaté et conquis un public nombreux. Ce dernier a applaudi longuement ce travail à son issue. Ce spectacle se joue d'ailleurs et jusqu'à aujourd'hui depuis 1981, date de sa création au Théâtre municipal d'Angers Une performance d'une heure et demie qui raconte et étale la vie sous tous ses angles et ses absurdités sur des tons à la fois tragiques et comiques. Cette chorégraphie se base sur le travail des corps des dix comédiens qui viennent exprimer, par mouvements interposés, ce qu'ils ne disent pas sur scène. La parole se résume parfois par des mots, par une réplique extraite d'une pièce de Samuel Beckett « C'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir », ou par des onomatopées qui surgissent pour dire au mieux et en fait l'état des choses et les situations vécues. La metteure en scène Maguy Marin s'est inspirée de textes de Samuel Beckett qu'elle a rencontré peu avant sa mort et qui avait accepté une telle adaptation. Sur une scène nue et noire, dans un silence de mort et sous une lumière tamisée, pour ne pas dire dans la pénombre, les comédiens avancent lentement les visages grimés d'argile en ayant tous un aspect sale horrible. A la fois pitoyables et loufoques, ils viennent exprimer la vie heureuse et malheureuse, un quotidien morose, mais surtout une autre manière de penser l'existence. La musique de Franz Schubert, de Gilles de Binche et de Gavin Bryars accompagne chacun des tableaux. Et parfois même, la musique cacophonique à souhait et s'il le faut, prend le dessus, si bien que l'on se sent emporté par les sons qui semblent, eux aussi, bouger dans l'air. L'éternel recommencement L'aspect répétitif, qui a caractérisé cette chorégraphie symbolisait-il l'éternel recommencement de la vie de tous les jours. Une sorte d'exercice de style pour dire que la vie reprend chaque jour son cours avec ses bonheurs et ses malheurs, ses ennuis et ses impasses. « May B », semble nous répondre le titre du spectacle qui explique et s'étend sur des sujets divers et sur des vécus parfois insupportables, mais que l'Homme y tient et vit tout de même. Un spectacle d'un autre genre qui questionne notre quotidien et notre intellect.