Près d'une vingtaine d'artistes tunisiens de qualité seront sur les planches pour le programme parallèle du festival international de Carthage. Une initiative qui réconcilie le festival avec la culture mais ressemble aussi à un espace de relégation pour des artistes qui ne seraient pas à la hauteur de la grande scène du festival. Une exception qui confirme une règle douloureuse: Carthage c'est pour les variétés, l'art véritable, c'est hors programme... Jolie innovation du côté du festival international de Carthage (FIC) qui prendra la forme d'un cycle de neuf soirées, pour l'essentiel musicales. Ces soirées se dérouleront du 24 juillet au 15 août à la Basilique Saint-Gyprien qui, de manière surprenante et discutable, est transformée en espace de concerts. L'écho des soirées d'Al Abdellia En effet, cette basilique qui est un monument historique qui fait partie du patrimoine paléochrétien de Carthage est un monument historique et constitue à ce titre un espace protégé. Nous verrons de toutes les manières ce dimanche 24 les modalités d'utilisation du site et en rendrons compte à nos lecteurs. Sur un autre plan, cette Open Session est un bon point à mettre à l'actif du FIC pour plusieurs raisons. En premier lieu, les prix sont abordables et sont affichés à 15 dinars pour chaque spectacle. Ensuite, cette programmation hors les murs propose un véritable panorama de la création contemporaine en Tunisie et propose une sorte de condensé des Journées musicales de Carthage, du moins au niveau de l'esprit. Enfin, l'Open Session rétablit une tradition interrompue qui consistait pour le FIC d'organiser un cycle musical à la Abdellia de la Marsa. Il y a quelques années, Nebil Basti dirigeait ce festival dans le festival avec beaucoup de brio. Le programme de l'Open Session aurait d'ailleurs pu se passer à El Abdellia. Tout simplement... Cela aurait laissé tranquille cette basilique Saint-Cyprien qui a subi bien des dégradations ces dernières années. On aurait pu également opter pour le musée de Carthage ou l'Acropolium ou encore Mad'Art. Pourquoi la basilique? Une explication claire devra être donnée mais toutefois, il est patent que l'institut national du Patrimoine devrait avoir donné son accord pour cette exploitation d'un monument historique. Neuf soirées et des artistes en hausse Pour en revenir au programme, il propose en neuf soirées des éclairages sur la scène artistique contemporaine en Tunisie. Le coup d'envoi de ce festival hors les murs sera donné le 24 juillet avec un double récital qui offrira de découvrir les dernières créations de Syrine Ben Moussa et Khaled Ben Yahia. En effet, toutes les soirées de ce cycle seront organisées en deux volets, avec deux artistes différents et complémentaires. Ainsi, dès le 26 juillet, Chadi Garfi sera sur les planches avec l'orchestre philarmonique de Tunis. En contrepoint, ce sera Raoudha Ben Abdallah qui donnera au public un gros plan sur sa vaste connaissance du patrimoine tunisien. L'Open Session se poursuivra avec Haythem Hadhiri et l'orchestre symphonique tunisien le 28 juillet. L'orchestre et les solistes proposeront une sélection de chansons de la Méditerranée pour la paix. Ce sera ensuite le tour de Amal Cherif et Yasmine Azaiez qui partageront le plateau du 31 juillet. Cinq soirées auront lieu en août et permettront à des artistes très diversifiés d'être en scène à commencer par Khaled Slama et Mohamed Ali Kamoun, le 1er août. Ce sera ensuite le tour de Mouna Amari qui partagera l'affiche avec Maroua Kriaa et Oussama Mahboub le 7 août. Un contrepoint chorégraphique sera à l'ordre du jour le 8 août avec Nazel Skandrani, Syrine Douss et Wael Marghni. Pour la soirée du 14 août, ce sont Faker Hakima et Imed Alibi qui participeront l'affiche. L'exception qui confirme la règle Enfin, la clôture de cette open session sera confiée à Naoufel Ben Aissa et Slah Mosbah qui donneront un aperçu sur deux savoir-faire totalement différents, à l'image de ce programme innovant qui, souhaitons-le drainera le public. Une remarque pour conclure: l'Open Session ressemble malheureusement à un espace de relégation de la culture dans ce qu'elle a de plus vivant. A notre modeste avis, il aurait été préférable d'organiser deux ou trois soirées à l'amphithéâtre pour rendre clairement hommage à la scène qui bouge. Le festival de Hammamet a osé le faire et a rencontré le succès alors que le FIC donne encore une fois une preuve de sa frilosité en ouvrant un espace spécifique "hors" festival aux artistes véritables tout en déroulant le tapis rouge aux chanteurs de variétés. Attendons voir l'impact de ce programme, sa fréquentation et son rayonnement... En tout état de cause, le FIC souligne a contrario sa perte d'image culturelle et sa nouvelle vocation d'estrade aux variétés. Paradoxalement, l'Open Session est l'exception qui confirme cette règle...