Lors de la réunion des parties signataires de l'accord de Carthage, le président de la République, Béji Caïd Essebsi a proposé le nom de Youssef Chahed, actuel ministre des Affaires locales, à la présidence du gouvernement. Toutefois, et au vu de quelques réactions très peu enthousiastes, le chef de l'Etat a appelé tout le monde à se mettre d'accord et à lui présenter une autre personnalité avant mercredi sinon, il se verrait contraint de désigner officiellement Youssef Chahed pour qu'il succède à Habib Essid. Réagissant, à chaud, à cette décision, le président du bloc parlementaire de l'Union patriotique libre, Tarek Fttiti, a exprimé son étonnement tout en expliquant qu'en dépit du fait que l'initiative ait été lancée par la présidence de la République, les concertations qui ont donné naissance à l'accord de Carthage ont été menées par neuf partis politiques et trois grandes organisations nationales. Toutefois, Tarek Fttiti n'a pas prononcé de position officielle et claire parce que, selon lui, rien n'est encore officiel. Profitant d'une vieille rumeur qui a été propagée lorsque Youssef Chahed a été nommé à la tête de la Commission des treize – Commission créée, en fin de 2015, par Béji Caïd Essebsi qui avait tenté de remettre les choses dans l'ordre au sein de Nidaa Tounes – et qui faisait référence au lien de parenté entre les deux hommes, le président du Courant de l'Amour, le très populiste Hechmi Hamdi, a publié une vidéo sur les réseaux sociaux où il a appelé tous les ‘Tunisiens fiers à descendre par milliers dans toutes les rues de la Tunisie afin de contester la nomination de Youssef Chahed, qui serait le gendre de BCE selon Hamdi, et afin de demander à ce que l'on retire la confiance du chef de l'Etat'. Rappelons qu'à la sortie de la rumeur disant que Chahed était le gendre de Caïd Essebsi, l'intéressé a rectifié le tir en expliquant qu'un lien de parenté très lointain le lie avec le président de la République. Revenant sur ce genre d'accusations, le député du bloc d'Afek Tounes, Riadh Mouakher, a appelé à cesser de propager des rumeurs à l'égard de Youssef Chahed. Pour Mouakher, on peut très bien critiquer l'homme sur tous les plans mais pas sur des sujets d'ordre personnel. Selon le député Abdelatif Mekki, les institutions du mouvement d'Ennahdha ne se sont pas encore réunies et n'ont donc pas encore de position officielle à émettre quant à la proposition présidentielle. Il serait utile ici de revenir sur la manœuvre de Béji Caïd Essebsi. Sachant pertinemment que les neufs partis politiques et les trois organisations nationales ne pourront jamais se mettre d'accord sur une seule personnalité pour pour rejeter sa proposition, le chef de l'Etat ne se lance pas sur un sentier battu. Au contraire, Nidaa Tounes et Ennahdha ne s'y opposeront certainement pas et, pour le reste des négociateurs, ils finiront par comprendre qu'ils ont été mis devant un fait accompli et qu'un refus risquerait de plonger le pays dans un chaos sans fin.