Le 1er août 2015 était inauguré le service d'urologie de l'hôpital universitaire Tahar Sfar de Mahdia. Un an après, l'heure est au bilan. Depuis son entrée en service, l'unité a accueilli 689 patients et le nombre d'opérations chirurgicales en urologie a connu une nette croissance. De même, 224 patients ont été admis à l'hôpital de jour. Sur place, les lieux sont immaculés et les équipements médicaux intacts, comme neufs. Autre lieu, autre décor et cette fois-ci, amère désillusion. Le service d'oncologie pédiatrique de l'Institut Salah Azaiez de Tunis au mois de juillet dernier. Des photos choc sont publiées sur la page « Maram Agel » montrant un état de dégradation avancé des lieux. Le constat est terrible comme rapporté par les responsables de l'Association: résine cassée, murs sales et ébréchés, climatisation en panne, système de sécurité en panne, machine à laver en panne aussi avec des boutons arrachés, tiroirs cassés, rideaux déchirés, poignets cassées, salle d'eau transformée en débarras, plats jetés sur les canapés neufs, draps brodés à la main introuvables et tant d'autres détails qui témoignent de la négligence et de la nonchalance des personnes en charge de cette unité, soient-elles responsables administratives ou médicales. « Maram Solidarité » est une association portant le nom d'une fillette ayant souffert d'un cancer pédiatrique et décédée en octobre 2014. Loin de se confiner dans leur chagrin, ses parents ont décidé de continuer le combat et d'offrir aux petits patients une unité d'oncologie pédiatrique digne de ce nom avec des équipements de dernière technologie et toutes les commodités afin d'alléger leurs peines et leurs souffrances durant leur séjour à l'hôpital. Afin d'atteindre leur objectif, les responsables de l'Association « Maram Solidarité » se sont démenés durant des mois afin de collecter les sommes nécessaires aux travaux de rénovation et convaincre des donateurs de participer à leur action. En septembre 2015, le rêve s'est concrétisé et le service d'oncologie pédiatrique a été inauguré en présence du ministre de la Santé et de nombreuses personnalités. Outre la réfection des lieux, du mobilier neuf a été installé ainsi que des équipements modernes. Les murs ont été repeints de couleurs gaies par le peintre Kamel Tmar aidé par les médecins de Salah Azaïez et d'autres bénévoles. Autant de détails sensés apporter de la joie et de l'espoir dans le cœur des petits patients et leurs proches. Mais moins d'un an après et lors d'une visite inopinée, les responsables de l'Association ont eu la désagréable surprise de découvrir que leurs efforts ont été vains... ou presque. Un état de fait révoltant qui a suscité l'émotion de tous, y compris celle du ministre de la Santé qui s'est rapidement rendu sur place, accompagné des responsables de l'hôpital. Ils ont promis de prendre les choses en main et de redonner au service sa splendeur d'il y a un an. Oui, mais... L'un des maux qui ronge la Tunisie n'est autre que l'indifférence. L'indifférence des responsables, qui une fois nommés, ne se soucient plus que d'une chose ou deux: rester le plus longtemps à leur poste et profiter pleinement de leur statut. Une nonchalance et une négligence qui handicapent l'évolution de la Tunisie et l'empêchent d'avancer dans le chemin de la prospérité sociale et économique. A quand ce laisser-aller? Peut-on rêver, aujourd'hui qu'un nouveau gouvernement dont la composition est en train de mijoter à feu doux, que les choses changent et surtout que les mentalités évoluent. Rêvons, tant que le rêve est encore gratuit !