Hishik Bishik du théâtre Metro al Madina a ébloui l'assistance au festival d'Hammamet. Son directeur artistique, Hisham Jaber, a eu l'idée lumineuse de mettre en scène la magie des spectacles de cabaret et des mariages égyptiens du début du XXe siècle. Le résultat est un mélange de musique, de danse et de cinéma. Un cabaret, un bar, une «Maellma», un «bartender», une danseuse, de l'alcool et de la cocaïne... Un intérieur confiné dans l'euphorie du moment où blagues et piques fusent dans l'air embué, accrochant les froufrous et scintillements des costumes. De l'autre côté, l'extérieur, et une impression d'amour impossible. Les tableaux s'enclenchent en chansons, en mouvements, acteurs, chanteurs et musiciens tout à la fois, tous ensemble. Le spectacle est inspiré du cabaret égyptien des années 20 et 30. Un cabaret innovant, irrévérencieux, subtil et d'une rare élégance. C'est une pièce musicale qui brise les codes du cabaret tout en soulignant sa force contemporaine. « Ici, on danse, là-bas, on chante, on exulte dans une liberté de parole oubliée. On s'interroge avec des mots et des musiques d'antan. Et loin des naufrages, dans une joyeuseté communicative, nous refaisons le monde ! » avoue le producteur Hichem Jaber. A l'ouverture du rideau, le décor est planté. Farouk, son bar, ses habitués, ses femmes, tous interviennent au micro sur des airs tantôt poétiques, tantôt déchaînés, pour parler d'amour, de boisson, de drogues, de flirt, d'argent, de femmes, mais aussi du monde qui devient fou. Le spectacle met en opposition les stéréotypes hommes-femmes et invite aux plaisirs de la chair. Le tout s'enchaîne à un rythme soutenu, pendant deux heures, portant les spectateurs à danser, chanter, certains debout sur les gradins, enthousiasmés par la performance. « C'est une vivante leçon d'histoire et de poésie. Un très bon spectacle donnant à voir mais surtout à redécouvrir une période d'une richesse intellectuelle incroyable et d'un non conformisme tout à fait étonnant .Bravo aux acteurs et aux musiciens et chanteurs pour ce moment de poésie et de musique » a fait remarquer Héla de Nabeul.... « C'est une merveille que ce petit spectacle: des textes très bien choisis, drôles, peu connus pour certains et interprétés avec talent, aussi bien pour les chansons que les poèmes. Le violoniste est lui aussi de grande qualité tout en subtilité, très à l'aise » précise Manel de Tunis. Rached a trouvé que la troupe Métro d'Al Madina fait un travail exceptionnel en recherches historiques et littéraires autour de la chose chantée. Je salue donc ici encore sa virtuosité à faire faire au spectateur un voyage documenté et brillamment illustré. Au démarrage du spectacle j'étais emballée par la rénovation des chansons parfaitement bien interprétées leur donnant ainsi un caractère de nouveauté tout en soulignant le caractère ironique ou poétique. Les danses, la chorégraphie, l'énergie tombante, la qualité même de la prononciation, les chansons ... tout cela a permis aux acteurs de mettre au point ce petit bijou musical et visuel. Le succès de la soirée repose évidemment sur l'audace et le talent des artistes en scène, mais aussi sur toute l'équipe en support à l'événement. Les neuf artistes ont réussi à faire revivre l'âge d'or du Caire et ont mis l'accent sur les valeurs artistique et nostalgique de cette riche époque. Une très bonne soirée pour se remémorer la vie des artistes d'Egypte du début 20ème siècle.